Entre apporter son aide à une jeunesse avide de Culture et de Liberté pour s'épanouir et mener une vie paisible, Jimmy Gralton va devoir faire un choix crucial. L'un de ceux qui engagent l'avenir de toute une vie... (Photo : DR)
ON A VU POUR VOUS… Jimmy’s Hall (Drame historique – Britannique, Irlandais, Français), réalisé par Ken Loach, 2014, durée : 1h49)
Aspirant désormais à une vie paisible dans laquelle il compte bien se partager entre l’entretien de la petite exploitation familiale et les plaisirs simples de la vie « au village », Jimmy Gralton (Barry Ward), un militant communiste Irlandais, de retour au pays après avoir été exilé durant 10 années aux Etats-Unis, entend bien retrouver ce qu’il avait entrepris avant sa fuite forcée.
Et ce, d’autant qu’à l’issue de la douloureuse guerre civile des années 1920 qui a conduit l’Irlande a l’indépendance, un nouveau gouvernement s’est installé, semblant rendre un peu d’espoir après tant d’années troubles…
Une mission : faire revivre le dancing qu’il avait créé 10 ans plus tôt
Immédiatement accueilli comme un héros de retour au pays par la jeunesse du comté de Leitrim, Jimmy Gralton incarne pour eux le mythe progressiste de la liberté et de l’ouverture sur le monde, dans une Irlande traditionnaliste, désormais verrouillée par la toute puissante Eglise Catholique, sous l’ombre pesante de l’IRA qui soutient implicitement sa politique « de fer ».
Retour à un passé difficile
Pressé par une jeunesse avide de Culture et de Liberté sous toutes ses formes dont elle manque si cruellement, Jimmy Gralton va peu à peu céder à l’une de ses revendications majeures : faire revivre le dancing qu’il avait créé plus jeune avec ses amis dans une Eglise désaffectée.
Une initiative qui l’avait conduit à un exil forcé aux Etats-Unis 10 ans auparavant, après que son projet eût déclenché les foudres de l’Eglise et du pouvoir politique de l’époque.
Aspirant désormais à une vie paisible dans laquelle il compte bien se partager entre l’entretien de la petite exploitation familiale et les plaisirs simples de la vie « au village », Jimmy Gralton (Barry Ward), un militant communiste Irlandais, de retour au pays après avoir été exilé durant 10 années aux Etats-Unis, entend bien retrouver ce qu’il avait entrepris avant sa fuite forcée.
Et ce, d’autant qu’à l’issue de la douloureuse guerre civile des années 1920 qui a conduit l’Irlande a l’indépendance, un nouveau gouvernement s’est installé, semblant rendre un peu d’espoir après tant d’années troubles…
Une mission : faire revivre le dancing qu’il avait créé 10 ans plus tôt
Immédiatement accueilli comme un héros de retour au pays par la jeunesse du comté de Leitrim, Jimmy Gralton incarne pour eux le mythe progressiste de la liberté et de l’ouverture sur le monde, dans une Irlande traditionnaliste, désormais verrouillée par la toute puissante Eglise Catholique, sous l’ombre pesante de l’IRA qui soutient implicitement sa politique « de fer ».
Retour à un passé difficile
Pressé par une jeunesse avide de Culture et de Liberté sous toutes ses formes dont elle manque si cruellement, Jimmy Gralton va peu à peu céder à l’une de ses revendications majeures : faire revivre le dancing qu’il avait créé plus jeune avec ses amis dans une Eglise désaffectée.
Une initiative qui l’avait conduit à un exil forcé aux Etats-Unis 10 ans auparavant, après que son projet eût déclenché les foudres de l’Eglise et du pouvoir politique de l’époque.
Pressé par une jeunesse avide de Culture et de Liberté sous toutes ses formes dont elle manque tant, Jimmy Gralton va peu à peu céder à ses revendications et s'engager à ses côtés dans une lutte effrenée. (Photo : DR)
Un cas de conscience idéologique
Un cas de conscience qui pourrait se résumer ainsi pour le « héros » : renoncer pour conserver la paix, ou placer la liberté et l’espoir au dessus de tout et ainsi risquer de nouveau de tout perdre pour ses idées…
Y compris sa mère à peine retrouvée et la séduisante Oonagh (incarnée par la convaincante Simone Kirby), son amour perdu avec lequel il va renouer progressivement un destin commun, teinté de combat idéologique.
Il ne va falloir que bien peu de temps pour que Jimmy Gralton fasse son choix et bientôt, les sonorités de jazz sortent de nouveau du gramophone, la musique Irlandaise s’ouvre, emportant dans son rythme effréné les pas endiablés des couples sur la piste de danse.
Et une culture protéiforme renaît : littérature, poésie, peinture, mais également boxe investissent le Jimmy’s Hall désormais « ressuscité ».
Un « péril rouge » brandi par l’Eglise
Une résurrection qui ne va pas tarder à déclencher les foudres du Père Sheridan (interprété très justement par Jim Norton), le prêtre du comté, qui voit en le Jimmy’s Hall l’antichambre de l’enfer.
Très influente socialement et politiquement dans cette période trouble de l’Irlande, l’Eglise va très rapidement traquer et persécuter tous ceux qui, de près ou de loin, gravitent autour de ce projet culturel.
Invoquant le « péril rouge » à toutes les sauces dans des litanies de haine à peine voilées dans l’enceinte même de l’Eglise, toute la hargne du prélat et de ses soutiens politiques va très rapidement converger vers Jimmy Gralton, accusé de tous les maux et sommé de façon récurrente de cesser de « corrompre » la jeunesse du village.
Les conflits ne font alors que commencer…
Ken Loach et l’intérêt pour les combats et révolutions politico-sociales de l’Irlande
Si l’on ne présente plus le « vétéran » des réalisateurs, Ken Loach signe avec ce Jimmy’s Hall une œuvre (peut-être sa dernière?) résolument ancrée dans l’intérêt qu’il semble porter pour les combats et révolutions politiques et sociales de l’Irlande des années 1920/1930 (comme pour son précédent film Le Vent se Lève - 2006).
Si l’ancrage historique du film et la restitution du climat libertaire tendu est globalement fidèle à la réalité des faits, l’histoire vraie de Jimmy Gralton souffre parfois d’un excès de caricature du personnage.
Les relations humaines, notamment celles de Jimmy Gralton avec sa mère ou encore son amour perdu et retrouvé pour un temps et le sentiment permanent d’un héros en sursis sont particulièrement convaincants et justes dans leur interprétation.
Un cas de conscience qui pourrait se résumer ainsi pour le « héros » : renoncer pour conserver la paix, ou placer la liberté et l’espoir au dessus de tout et ainsi risquer de nouveau de tout perdre pour ses idées…
Y compris sa mère à peine retrouvée et la séduisante Oonagh (incarnée par la convaincante Simone Kirby), son amour perdu avec lequel il va renouer progressivement un destin commun, teinté de combat idéologique.
Il ne va falloir que bien peu de temps pour que Jimmy Gralton fasse son choix et bientôt, les sonorités de jazz sortent de nouveau du gramophone, la musique Irlandaise s’ouvre, emportant dans son rythme effréné les pas endiablés des couples sur la piste de danse.
Et une culture protéiforme renaît : littérature, poésie, peinture, mais également boxe investissent le Jimmy’s Hall désormais « ressuscité ».
Un « péril rouge » brandi par l’Eglise
Une résurrection qui ne va pas tarder à déclencher les foudres du Père Sheridan (interprété très justement par Jim Norton), le prêtre du comté, qui voit en le Jimmy’s Hall l’antichambre de l’enfer.
Très influente socialement et politiquement dans cette période trouble de l’Irlande, l’Eglise va très rapidement traquer et persécuter tous ceux qui, de près ou de loin, gravitent autour de ce projet culturel.
Invoquant le « péril rouge » à toutes les sauces dans des litanies de haine à peine voilées dans l’enceinte même de l’Eglise, toute la hargne du prélat et de ses soutiens politiques va très rapidement converger vers Jimmy Gralton, accusé de tous les maux et sommé de façon récurrente de cesser de « corrompre » la jeunesse du village.
Les conflits ne font alors que commencer…
Ken Loach et l’intérêt pour les combats et révolutions politico-sociales de l’Irlande
Si l’on ne présente plus le « vétéran » des réalisateurs, Ken Loach signe avec ce Jimmy’s Hall une œuvre (peut-être sa dernière?) résolument ancrée dans l’intérêt qu’il semble porter pour les combats et révolutions politiques et sociales de l’Irlande des années 1920/1930 (comme pour son précédent film Le Vent se Lève - 2006).
Si l’ancrage historique du film et la restitution du climat libertaire tendu est globalement fidèle à la réalité des faits, l’histoire vraie de Jimmy Gralton souffre parfois d’un excès de caricature du personnage.
Les relations humaines, notamment celles de Jimmy Gralton avec sa mère ou encore son amour perdu et retrouvé pour un temps et le sentiment permanent d’un héros en sursis sont particulièrement convaincants et justes dans leur interprétation.
Les relations humaines, celles de Jimmy Gralton avec sa mère ou encore son amour perdu et retrouvé, sont particulièrement convaincantes et justes dans leur interprétation, dans ce film tiré d'une "histoire vraie". (DR)
Position partisane et dimension manichéenne assumées
Toutefois Ken Loach ne dissimule pas suffisamment ses convictions d’homme au détriment d’une objectivité pourtant indispensable dans ce type d’œuvre.
Plongeant ainsi souvent le spectateur dans une position inévitablement partisane et insufflant, de fait, une dimension manichéenne à son film, toutefois pleinement assumée.
On appréciera au demeurant l’intensité et l’authenticité de la gaieté du folklore irlandais, au travers notamment de remarquables scènes de musique et de danse qui emportent le spectateur avec elles.
Un film engagé, intéressant et à voir en conservant nécessairement un esprit critique
Un film engagé, globalement fidèle au contexte historique de cette époque, qui n’oublie pas d’être poignant sans jamais plonger (et c’est à souligner !) dans le misérabilisme du monde paysan et porté par une touche d’humour rafraichissante qui plane sur l’ensemble.
En conclusion, un film intéressant et à voir, sans oublier de conserver un nécessaire esprit critique.
Margaux CANET et Yannis-Christophe GARCIA
Toutefois Ken Loach ne dissimule pas suffisamment ses convictions d’homme au détriment d’une objectivité pourtant indispensable dans ce type d’œuvre.
Plongeant ainsi souvent le spectateur dans une position inévitablement partisane et insufflant, de fait, une dimension manichéenne à son film, toutefois pleinement assumée.
On appréciera au demeurant l’intensité et l’authenticité de la gaieté du folklore irlandais, au travers notamment de remarquables scènes de musique et de danse qui emportent le spectateur avec elles.
Un film engagé, intéressant et à voir en conservant nécessairement un esprit critique
Un film engagé, globalement fidèle au contexte historique de cette époque, qui n’oublie pas d’être poignant sans jamais plonger (et c’est à souligner !) dans le misérabilisme du monde paysan et porté par une touche d’humour rafraichissante qui plane sur l’ensemble.
En conclusion, un film intéressant et à voir, sans oublier de conserver un nécessaire esprit critique.
Margaux CANET et Yannis-Christophe GARCIA
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Retrouvez toutes nos chroniques sur le festival Under My Screen et ses diverses éditions, dans notre rubrique dédiée en cliquant ICI
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