Vers une nouvelle Réserve Naturelle Corse dans le golfe de Porto ?

Le projet n’est pas nouveau, mais il vient de franchir une étape importante. Alors qu’en juillet 2020, l’Assemblée de Corse avait voté le principe de la création d’une Réserve Naturelle de Corse sur la façade maritime nord occidentale, ce vendredi, l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC) a réuni à Porto le premier comité de pilotage (COPIL) pour préfigurer la création de ladite réserve. Une réunion à laquelle l’ensemble des élus locaux avaient été conviés aux côtés des représentants du Parc Naturel Régional de Corse, afin que leur soient présentées les grandes lignes du projet. « Les maires sont les premiers concernés, c'est pourquoi pour ce premier COPIL nous avons voulu tous les réunir pour faire une présentation générale du projet. Nous avions à cœur véritablement de valider ensemble le périmètre qui permettrait d'aller un pas plus loin », souligne Guy Armanet, le président de l’OEC. Au résultat, des échanges fructueux qui ont permis de poser la première pierre de ce projet environnemental majeur dans un territoire qui abrite des écosystèmes aussi foisonnants que rares, et dont la richesse est reconnue au niveau européen au travers du réseau Natura 2000 pour la protection de ses habitats et de ses espèces. Afin de mieux protéger ce joyau, c’est en effet une réserve d’envergure qui s’étendrait sur environ 70 000 hectares, soit près de 46 fois plus que l’actuelle réserve de Scandola - qui compte seulement 1520 hectares-, que la Collectivité de Corse, via l’OEC, aspire à créer. La Réserve Naturelle Corse du golfe de Porto engloberait ainsi l’actuelle réserve « dans une vision plus large et cohérente », allant de Galeria à Capo Rosso et s’étirant jusqu’à 12 milles nautiques au large. 
 
« Avec cette Réserve Naturelle de Corse, l’objectif est de répondre à différentes attentes », explique Guy Armanet en déroulant : « La première, c'est celle de l'UNESCO qui demande à ce que nous ayons un plan de gestion où il y ait une Réserve Naturelle de Corse qui vienne englober Scandola. De même, afin de récupérer le diplôme européen des espaces protégés (perdu en 2020, ndlr), on nous demande aussi une extension de la réserve afin de pouvoir la sécuriser et la canaliser. Nous sommes aujourd'hui dans une réflexion qui va effectivement nous amener à sécuriser le site, puisque cette Réserve Naturelle de Corse viendra en superposition pour tout ce qui concerne les quotas, les licences, et la gestion fine du site ».

Pas question pour autant d’imposer cette nouvelle définition de la zone de protection de façon verticale. L’OEC souhaite en effet mettre en place une véritable concertation entre les communes, les acteurs du territoire et les gestionnaires de la future réserve pour co-construire ce projet environnemental majeur. Après les maires des six communes sur le territoire desquelles s’étendra la réserve qui « étaient tous présents et ont validé le projet et le périmètre » ce vendredi matin, la participation sera prochainement élargie aux autres acteurs clés du secteur tels que les socio-professionnels, les acteurs récréatifs, les scientifiques et associations environnementales. « Il s’agira d’écouter leurs recommandations, de leur expliquer comment fonctionnera la Réserve Naturelle de Corse, quelles seront les obligations, les restrictions que l'on aura à mettre en place », indique le président de l’OEC, « Nous allons avancer maintenant en sous-commission pour travailler avec ces autres acteurs afin de définir les périmètres des zones de protection renforcée et des zones en protection intégrale, et la réglementation à l'intérieur ». Dans ce droit fil, ces groupes de travail s’intéresseront aussi notamment aux activités de pêche, mais aussi à l’encadrement de la navigation, du mouillage, de la plongée ou encore de la fréquentation touristique pour limiter les impacts sur le site. « Nous avons maintenant véritablement à construire le canevas de ce que va être l'intérieur de ces 70 000 hectares et de la manière dont on va gérer tout cela », insiste encore Guy Armanet en affirmant que le but est de « créer une réserve naturelle exemplaire capable de préserver un patrimoine exceptionnel tout en assurant sa vitalité économique et sociale pour les générations futures ». 
 
Le calendrier prévisionnel vise pour sa part un classement officiel de la réserve par l’Assemblée de Corse au second semestre 2025. « L'objectif, c'est qu'en fin d'année, on commence à avoir une esquisse du projet de délibération qui pourra être visé ou entériné par l'Assemblée de Corse, même si cela sera aussi assujetti à une enquête publique », pose encore le président de l’OEC.