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Victimes d'un incendie en août, les Secondi, boulangers de Lecci, témoignent


le Vendredi 10 Novembre 2023 à 19:02

Ce lundi 6 novembre, après trois mois de fermeture contrainte, la boulangerie le Moulin de Lecci, tenue par la famille Secondi, a retrouvé avec bonheur les ouvertures aux aurores et sa clientèle d'habitués. Les boulangers reviennent sur cet incendie qui s'est déclaré dans leur laboratoire, la nuit du 2 au 3 août.



Ornella, Christophe, Christelle et Anthony Secondi sont de retour aux fourneaux, dans le leur boulangerie de Lecci.
Ornella, Christophe, Christelle et Anthony Secondi sont de retour aux fourneaux, dans le leur boulangerie de Lecci.
Dans la famille Secondi, il y a la mère Christelle, le père Christophe, le fils Anthony et la fille Ornella. "Mes parents ont trois enfants", rectifie Anthony : "Ma soeur, moi et la boulangerie." Ce troisième enfant, les Secondi ont cru le perdre, après avoir été réveillés en pleine nuit par un coup de téléphone de la gendarmerie.

La veille, ils en terminent avec une journée de travail bien remplie. La saison touristique bat son plein et comme tous les soirs avant de rentrer chez eux, les Secondi programment le préchauffage du four en prévision de la prise de poste du boulanger, à 3 h 30. Anthony raconte : "Vers minuit ou une heure du matin, deux jeunes sont passés à pied. Ils ont senti une odeur de plastique fondu et vu de la fumée se dégager par les fenêtres de derrière." Prévenus par les deux jeunes, les pompiers de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio interviennent au plus vite et éteignent l'incendie.

Un coup de téléphone en pleine nuit

Il est deux heures du matin. La gendarmerie réveille Christelle et Christophe Secondi : "On est descendus en catastrophe, se souvient Christelle. On était hébétés, il y avait une espèce d'angoisse. On se demandait ce qui avait pu se passer et quelle était l'étendue des dégâts." Arrivé sur place, l'abattement est total pour le couple : "On se dit qu'on a tout perdu." Fort heureusement, le feu a été circonscrit au laboratoire. Le salon de thé et le comptoir à pain n'ont pas été touchés. "On a eu énormément de chance ce soir-là", se dit Anthony aujourd'hui.
 

Le nouveau four à pain. Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus de trace de l'incendie dans le laboratoire.
Le nouveau four à pain. Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus de trace de l'incendie dans le laboratoire.
Tout de même, les dégâts sont conséquents. Le four à pain électrique a été détruit, de même qu'un pétrin. Les chambres de pousse, dans lesquelles le boulanger fait gonfler le pain avec la levure, sont inutilisables. "Tout ce qui était dans le laboratoire avait fondu, mais par endroits, on a retrouvé des sacs de farine, intacts", s'étonne le fils Secondi. Pour la famille, aucun doute : le feu est d'origine accidentelle et trouve son origine dans un dysfonctionnement électrique sur le four à pain, suite à la programmation du préchauffage (*).

"J'ai tout évacué"

Ces trois mois qui ont suivi le sinistre, Christophe Secondi ne veut plus en entendre parler aujourd'hui : "Je les ai très mal vécus. J'ai tout évacué de ma tête." Ont-il subi des vacances forcées en plein mois d'août ? Une période d'inactivité ? Rien de tout cela, affirment les Secondi : "On est rapidement pris dans une tornade de paperasse", souligne Christelle. "On n'est pas allé une seule fois à la plage. Au contraire, on passait à la boulangerie tous les jours", affirme Anthony. 

En tant qu'employeurs, les Secondi ont essayé d'éviter autant que possible le chômage partiel pour leurs employés : "Ceux qui avaient suffisamment de jours de vacances, on les a mis en congés payés tout le mois d'août pour ne pas qu'ils aient de perte de salaire." Les réparations ? "Elles sont normalement prises en charge par les assurances, mais pour le moment on a dû avancer l'argent", précise, prudent, Anthony Secondi.

Le 6 novembre à 6 h 30 du matin, "c'est la boule au ventre" que les Secondi ont rouvert les portes de leur boulangerie.  Une nouvelle équipe de douze, bientôt quatorze personnes, a été reconstituée. "La veille, on a remis un coup de propre et on a tout vérifié, pour la 83e fois", souffle Anthony. Son père Christophe s'est revu en 2006, l'année où il a ouvert la boulangerie devenue depuis une institution dans la région porto-vecchiaise : "C'était comme quand j'avais démarré et que je me demandais si ça allait marcher, si les clients seraient là. Le même stress", confie le gérant.

Et au bout de cinq jours de réouverture, ils se rendent compte que rien n'a vraiment changé : "Notre clientèle est au rendez-vous", apprécie Christelle. Entre deux baguettes de pain, les habitués disent leur plaisir de pouvoir enfin revenir. La boulangère a adoré une seule chose durant ces mois de fermeture douloureux : "Des clients nous mettaient des petits mots de sympathie sur les pylônes de l'entrée, à l'extérieur." Eux aussi avaient un peu, sans doute, le sentiment de faire partie de la famille.

(*) L'enquête qui a été ouverte est toujours en cours, précise la gendarmerie.