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À Bastia, la communauté éducative exprime son ras-le-bol face à des violences qui se multiplient


MP le Lundi 7 Avril 2025 à 12:33

Après l'agression d'une enseignante par une mère d'élève, vendredi dernier dans les locaux de l'école Defendini, un débrayage été organisé devant l'établissement ce lundi matin. Présent sur place, le recteur de l'Académie de Corse a notamment assuré la communauté éducative de son soutien.



Ce lundi matin,  un débrayage était organisé devant l'école Defendini, où une enseignante a été agressée par un parent d'élève vendredi dernier (Photo : Capture d'écran Google Maps)
Ce lundi matin, un débrayage était organisé devant l'école Defendini, où une enseignante a été agressée par un parent d'élève vendredi dernier (Photo : Capture d'écran Google Maps)
« Une colère froide ». Après l’agression d’une enseignante vendredi dernier par une mère d’un élève au sein de l’école Defendini, un débrayage était organisé ce lundi matin devant l’établissement à l’appel du STC. « Ce qui aurait dû être un échange normal et courtois dans le cadre du dialogue entre un parent et un enseignant s’est transformé en un règlement de compte physique très musclé sur l’enseignante », avait déploré le syndicat dans un communiqué publié ce week-end.
 
Fustigeant un « acte intolérable » et des violences qui se multiplient, de nombreux membres de la communauté éducative bastiaise, à l’instar de la direction de plusieurs établissements, mais aussi des organisations STC et SNUIPP-FSU, le maire de Bastia et son adjointe aux affaires scolaires, ainsi que le recteur de l’Académie de Corse et son directeur de cabinet se sont rassemblés devant l’école bastiaise durant près d’une heure. « Nous avons fait un débrayage parce qu’il fallait faire quelque chose, mais c’est vraiment le minimum du minimum », glisse Fabien Mineo, le secrétaire départemental du SNUIPP-FSU de Haute-Corse, « Maintenant nous attendons des actions fortes sur deux axes : celui de notre institution, de notre administration qui doit prendre des mesures avec nous et travailler à construire des choses plus dissuasives ; et celui de la justice qui doit frapper un grand coup contre ces dérives que l’on connait déjà sur le continent et qui sont bien présentes en Corse. Il faut arrêter de dire que nous sommes protégés ici ».
 
Depuis l’année dernière, les agressions physiques et verbales contre des personnels de la communauté éducative se sont en effet multipliées sur l’île, et notamment dans la région bastiaise. Des faits intolérables pour le rectorat, qui avait mis en place plusieurs groupes de travail pour essayer de co-construire des réponses adaptées avec la communauté éducative et les syndicats. « Cela a abouti à une plaquette, à un vadémécum des violences que nous avons co-construit, mais nous n’avons pas suffisamment anticipé certaines choses et aujourd’hui ce document ne répond pas à tous les problèmes, preuve en est cette situation à l’école Defendini. On a atteint des degrés de violence qui sont inimaginables : on ne peut pas envisager qu’une mère d’élève mette des coups de poing à une enseignante », fustige le représentant syndical en pointant le choc post-traumatique de l’enseignante et « l’émotion légitime » pour tous ses collègues. 
 
En réponse à l'inquiétude grandissante du corps professoral, le recteur de l’Académie de Corse et son directeur de cabinet ont reçu les représentants des syndicats ce lundi matin dans les locaux de l’école Defendini. Une rencontre de laquelle ces derniers sont ressortis plutôt satisfaits. « Le recteur nous a honoré de sa présence et a été vraiment à l’écoute. Il y a des choses qu’il envisage de faire », se félicite Fabien Mineo. « J’ai évoqué le fait que sans mesure de l’administration, lorsque l’enseignant reprend son poste, il se retrouve aujourd’hui face à l’enfant et face à son agresseur. Il faut donc absolument prendre des mesures coercitives lorsque ce genre de faits se produisent dans les établissements pour que l’enfant aille ailleurs. Le recteur en a convenu et a pris comme exemple le problème du harcèlement où un enfant agresseur doit changer d’établissement », développe-t-il en affirmant que le recteur « a eu des propos rassurants ». 
 
Un comité social d’administration académique extraordinaire uniquement consacré à cette question doit en outre être organisé ce mercredi à Corte, avec les représentants syndicaux et les associations de parents d’élève afin de faire un point sur les dispositifs de lutte contre les violences milieu scolaire. « On voit vraiment que le recteur veut prendre le problème à bras le corps », salue encore le secrétaire départemental du SNUIPP-FSU en concluant : « Mais il y encore beaucoup à construire ».