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Visite de François Rebsamen en Corse : le PCF critique l'oubli de la question sociale dans le projet d’autonomie


Philippe Jammes le Mardi 11 Février 2025 à 15:26

François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, est en visite en Corse pour évoquer le projet d’autonomie. La section corse du Parti Communiste a exprimé son mécontentement de ne pas avoir été consultée sur les enjeux sociaux, pourtant primordiaux selon eux, pour accompagner ce processus.



Les responsables du PC en Corse ont commenté les déclarations du ministre François Rebsamen
Les responsables du PC en Corse ont commenté les déclarations du ministre François Rebsamen

François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, effectue une visite de trois jours en Corse cette semaine dans le cadre de la révision constitutionnelle visant à doter l’île d’un statut d’autonomie. Après la visite de la Mission parlementaire, le ministre s’est exprimé sur les avancées du dossier, mais a fait l’objet de vives critiques de la part de la section corse du Parti communiste.
Lors d'une conférence de presse donné ce mardi à Bastia, Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste, a déploré l'absence de consultation des forces politiques non représentées à l'Assemblée de Corse, jugeant leur analyse indispensable dans le débat actuel.  « Ce déplacement, centré sur la révision constitutionnelle, aurait dû être l'occasion de consulter toutes les forces politiques, pas seulement celles représentées à l'Assemblée de Corse. Les forces non représentées sont, elles aussi, porteuses d’une analyse sur la situation économique et sociale de l’île, qu’il est crucial de prendre en compte. »

Pour le PC, la question sociale doit être au cœur du débat sur l’autonomie. « Le ministre François Rebsamen n’évoque en aucun moment la situation économique, alors que l'INSEE et la DREETS viennent de dresser un panorama alarmant de la Corse : c'est bien la région avec les salaires les plus bas et la pauvreté la plus répandue en France métropolitaine », a insisté Michel Stefani. Selon les derniers chiffres révélés, l’écart de prix entre la Corse et le continent atteint en moyenne 7%, et 14% sur les produits alimentaires. « Ce n’est pas la réforme institutionnelle qui résoudra ces problèmes ! », a-t-il ajouté.

Le Parti communiste fait un parallèle entre la situation sociale et les échecs des réformes institutionnelles passées. « Après quatre réformes en 40 ans, on sait que la réponse institutionnelle à la question sociale est inopérante. Elle a souvent fait pire que mieux en maintenant les choses dans leur état, voire en les aggravant », a déploré Michel Stefani. La question du pouvoir d’achat, des salaires, de la cherté de la vie, et de l'accès aux logements sociaux reste, pour le PC, une priorité.

Le logement est une des préoccupations majeures du PC. « Nous avons actuellement 7000 demandes de logements sociaux qui ne sont pas satisfaites. Sans une politique ambitieuse, ces familles continueront d'attendre pendant des années, pendant que la spéculation foncière s’aggrave », a dénoncé le secrétaire. Le PC demande ainsi à l'État et à la Collectivité de Corse, ainsi qu’à l’Office foncier, de mettre en place une programmation décennale pour résorber ce déficit.

Le Parti communiste a également soulevé des problèmes dans d'autres domaines comme l’énergie, la continuité territoriale, le fonctionnement des hôpitaux, l’éducation nationale, et la lutte contre le crime organisé. « Les propos tenus par François Rebsamen à Ajaccio la veille montrent qu'il semble ignorer la réalité des Corses. Si cette réforme s’orientait uniquement sur des questions institutionnelles, sans prendre en compte les préoccupations sociales, elle ne servirait à rien », a précisé Michel Stefani.

Sur la question des prix, le Parti communiste a appelé à une action immédiate du gouvernement : « Nous demandons la réintroduction du contrôle des prix sur les produits de première nécessité et les carburants. Face à l’urgence sociale, la priorité doit être donnée à l’amélioration de la vie quotidienne des Corses », a ajouté le représentant du PC.

Enfin, le Parti communiste insiste sur la nécessité d’une consultation des Corses avant toute réforme institutionnelle. « Nous demandons un référendum pour consulter directement la population corse avant la réunion du Parlement en Congrès. Il est essentiel que les Corses soient consultés sur leur avenir », a conclu Michel Stefani.