Il n'y a toujours pas de remède capable d'éliminer la bactérie de la plante xylella fastidiosa qui menace non seulement les pays méditerranéens mais également la majeure partie du territoire de l’Union Européenne . Telles sont les conclusions de deux avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) publiés ce mercredi. Les études confirment que certains traitements expérimentés au cours des dernières années peuvent atténuer les symptômes sans toutefois éliminer la bactérie. En conclusion il est nécessaire de lutter contre les foyers existants de cet agent pathogène et d’empêcher sa propagation ultérieure dans l’UE.
Comme l’indique sur son site, « le groupe scientifique de l'EFSA sur la santé des plantes (groupe PLH) a utilisé la modélisation informatique pour simuler la manière dont X. fastidiosa se propage sur de courtes ou de longues distances dans différentes conditions. L’exercice de modélisation a démontré l’importance de mettre en œuvre des mesures de lutte, telles que celles préconisées par la Commission européenne , pour empêcher sa propagation ou même éradiquer les foyers épidémiques. La modélisation a illustré l'efficacité relative de mettre en place des zones tampons de différentes tailles pour contrôler une zone infectée.
Les simulations ont également démontré l’importance de contrôler les insectes connus pour transmettre le pathogène en Europe – tel que le cercope Philaenus spumarius – et de raccourcir le délai entre la détection et la mise en œuvre de mesures de lutte telles que l'élimination des plantes infectées et l'établissement de zones délimitées.
Existe-t-il un traitement ?
L'évaluation confirme qu'il n'existe actuellement toujours aucun moyen connu d'éliminer la bactérie d'une plante malade sur le terrain. L'efficacité de certaines mesures de lutte chimiques et biologiques a été évaluée lors d'expériences récentes. Les résultats montrent qu’elles permettent de réduire temporairement la gravité de la maladie dans certaines situations, mais rien n’indique qu’elles puissent effectivement éliminer X. fastidiosa dans des conditions naturelles de terrain sur une longue période.
Quels sont les pays à risque ?
Même si la majeure partie du territoire de l'UE présente des types de climat sous lesquels l'agent pathogène s’est déjà déclaré ailleurs dans le monde, des simulations virtuelles ont néanmoins montré que les zones les plus à risque se situent dans le sud de l'Europe (voir carte). La modélisation indique cependant un certain degré de variation à cette règle générale, en fonction des sous-espèces concernées. Elle suggère par exemple que X. fastidiosa subsp. multiplex pourrait potentiellement s'établir plus facilement dans le nord de l'Europe que les autres sous-espèces.
Les informations disponibles sur ces risques d'établissement seront utiles dans la mise en place de programmes de surveillance et de détection dans les différents États membres de l’Union. L’EFSA élabore actuellement avec les organisations phytosanitaires de l’UE des lignes directrices pour encadrer les enquêtes sur X. fastidiosa.
Un agent pathogène qui avance masqué
L’évaluation contient une section importante sur les variations de la période asymptomatique – la période qui s'écoule entre le moment de l’infection et l’expression des symptômes – dans les plantes susceptibles de servir d’hôtes à X. fastidiosa.
Une revue de la littérature en la matière et une analyse des données disponibles ont révélé des différences significatives dans la période asymptomatique en fonction des différentes combinaisons d’hôtes et de sous-espèces. Ces informations faciliteront la conception de programmes de surveillance adaptés et aideront les gestionnaires du risque à décider quand il est sûr de mettre fin à la démarcation d’une zone de foyer épidémique.
Travaux de recherche ultérieurs
Stephen Parnell, président du groupe de travail sur X. fastidiosa, a déclaré : « Il s'agit d'un défi scientifique complexe comportant de nombreuses zones d’incertitude, mais nous avons tiré quelques conclusions importantes qui pourront aider les gestionnaires du risque, les évaluateurs du risque ainsi que les chercheurs. Les simulations informatiques sont au cœur de cet avis scientifique. Les modèles que nous avons développés sont fiables et surtout flexibles. Ils peuvent donc être adaptés pour explorer un large éventail de scénarios différents et prendre en charge la planification des mesures d'urgence. »