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Les brèves

Autonomie de la Corse : la contribution aux négociations di A Manca  19/07/2023

Le communiqué 


 

Le document produit par la présidence de l’Exécutif de la CdC, ayant pour sujet la question d’une évolution institutionnelle se donnant comme objectif de doter notre pays d’un statut d’autonomie, a fait l’objet de notre part d’une lecture attentive suivie d’une analyse de fond.
l en ressort que le contenu de ce document brosse de façon globale la vision de la majorité régionale.A ce titre, nous constatons qu’un grand soin a été pris, afin de rendre acceptable le projet aux yeux du gouvernement actuel.Reste à savoir, si la modération dont il est fait preuve à cette occasion, sera suffisante auprès d’interlocuteurs dont on peut craindre les exigences.Car, indépendamment d’une volonté très conciliante de la part de la majorité régionale, aucun signal rassurant n’émane pour l’heure des autorités étatiques.

Là où des responsables français n'ont comme perspective qu’une décentralisation accrue, des responsables corses parlent d’autonomie. La première vision, disons-le sans ambage, est inacceptable. Elle ferme la porte à toute reconnaissance du peuple corse en tant que sujet majeur de sa propre destinée. Nous formulons donc le vœu que les négociateurs corses restent fermes sur l’objectif d’une autonomie assortie de moyens afférents pour la rendre effective.

Si nous pouvons comprendre que le document de l’Exécutif n’avait pas pour vocation immédiate de rentrer plus avant dans les détails, reste cependant qu’il est à ce titre assez précis sur certains sujets et très vagues sur d’autres.
L’exemple du statut fiscal démontre que ce sujet est bien exposé, alors que le volet social pêche lui, par de grandes lacunes.
En ce qui concerne la question d’une citoyenneté corse, si le concept de « communauté de destin » est heureusement évoqué, rien n'est en revanche proposé sur une citoyenneté effective. Certes la notion de peuple corse figure dans le texte, il n’en demeure pas moins que sa concrétisation en tant que sujet majeur est totalement absente du document. 

Qualifier de mode de « croissance appauvrissante » le sujet du tourisme est une avancée salutaire, mais là encore, ce point n’est pas traité en détail. Pas plus que ne l'est d'ailleurs la question des « dérives maffieuses », portées par les « vingt ou vingt-cinq bandes », dérives heureusement reconnues et refusées par le rapport. Or, le lien entre la spéculation immobilière et l’industrie du tourisme apparaît en filigrane dans le chapitre concerné. Mais là également, les auteurs en sont restés à de très vagues approches sans dire très précisément qu’elles pourraient être les mesures à prendre afin de faire cesser la prédation engendrée par un mode de développement uniquement profitable à une minorité.
La formation des prix en lien avec les produits de première nécessité ne fait pas l’objet non plus de propositions concrètes. Ce chapitre lui aussi essentiel mérite sans conteste des précisions incontournables, tant la précarité qui affecte notre société gagne du terrain.
En matière de politique de santé, force est de constater que le point central du document concerne la revendication de la création d’un CHU.
Les arguments développés à ce sujet, sont de peu de consistance, et ils occultent gravement l’idée de rapprocher l’offre de soins au cœur de nos pieve. L’attelage réaffirmé entre le service public de santé et le secteur privé n’est pas fondé sur les évaluations des « partenariats » déjà opérationnels, lesquels pour l’heure donnent cependant à voir qu’un déséquilibre au seul profit du privé s’est produit. Sur ce point, nous exprimons notre opposition à une organisation du secteur de santé, imposé par l’Agence Régionale de Santé, dont l’existence n’est pas, par ailleurs, remise en question.

 Enfin, l’idée d’une consultation référendaire afin de soumettre un projet plus détaillé à l’appréciation du corps électoral, pose la question du poids des résidents propriétaires de villas et logements, qui se sont massivement installés depuis ces dernières années. D’autant que les travailleuses et travailleurs issu-e-s de l’immigration, n’ont toujours pas droit au chapitre, alors qu’elles et ils contribuent de façon décisive à la création de richesses, qu’ils cotisent auprès des divers régimes et s’acquittent d’impôts directs et indirects. Cet élément, outre le fait qu'il discrimine des Corses (les travailleurs et travailleuses issu.e.s de l'immigration) au profit de propriétaires de résidences secondaires n'habitant que ponctuellement notre territoire, risque de donner bien du poids à des classes sociales idéologiquement peu enclines à souhaiter une quelconque forme d'autonomie pour la Corse.

En conclusion, nous serons très attentives et attentifs quant aux discussions qui doivent se dérouler jusqu’au mois de décembre prochain. Il est impératif que dans ce processus la parole des organisations syndicales soit prise réellement en compte.
Il ne s’agit donc pas de notre part de signer un chèque en blanc, mais d’obtenir de fermes garanties, particulièrement sur les questions sociales, étant entendu qu’une évolution ne peut signifier une régression sur ce sujet primordial.
Le chapitre de la citoyenneté corse doit être urgemment ouvert, à l’heure où l’extrême droite multiforme pollue nos débats et passe largement à l’offensive.
Notre propos est donc de dire, que nous soutiendrons la mise en œuvre d’une autonomie et que les réserves que nous émettons sur le document présenté par l’Exécutif, doivent être comprises comme des contributions destinées à lever les obstacles dans l’objectif de réelles avancées.

A Manca