Hôpital de la Miséricorde à Ajaccio. Photo Michel Luccioni.
« Non au tourisme médical ! Cette politique de tourisme médical, conséquence de la colonisation française de peuplement, nous ne la voulons pas ! ». Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, le groupe Core in Fronte a dénoncé, par la voix de Marie-Claude Branca, la possibilité pour des praticiens du continent de consulter et d’exercer en Corse dans des structures de santé privées ou publiques et ses effets, un phénomène qui touche les deux grandes agglomérations et particulièrement l’Extrême-Sud. « La Corse, comme tout autre pays du monde, connaît les évolutions constantes de l’exercice de la médecine. La Santé en Corse suppose une action réfléchie conjointe entre ses acteurs et l’institution corse, particulièrement la Collectivité de Corse. Cette action coordonnée doit permettre de renforcer, à la fois, une politique endogène sanitaire, une politique d’amélioration de l’état de santé des Corses, une politique de lutte contre les inégalités sociales et territoriales ». Marie-Claude Branca fustige cette politique qui, selon elle, se situe « aux antipodes de ceux qui, aujourd'hui, médecins et docteurs, venant d’ailleurs, de Paris, Nice ou Nîmes par exemple, détournent, ici-même, l'essence de leur profession. En effet, ils s’arrogent le droit d’exercer dans certains de nos hôpitaux et cliniques, tout en cherchant toutefois à déplacer le suivi de leurs patients vers d'autres établissements en France, avec le coût et le manque de prise en charge que cela suppose ».
Des pratiques discriminatoires
Pour l’élue indépendantiste, ces pratiques « portent atteinte à la qualité de l’exercice de la santé en Corse. Elle constitue un obstacle pour l’installation de jeunes médecins corses ». Elle pointe du doigt « la passivité de l’Agence régionale de Santé dont le pilotage et la mise en œuvre de la politique de santé publique va à l’encontre des aspirations humaines et des besoins collectifs corses », mais aussi « des responsables d’établissements hospitaliers, dont l’éthique semble se perdre dans les méandres du relationnel complice et calculateur ». Avant de préciser : « Nous ne confondons pas mutualisation et aide médicale, venant de l’extérieur, avec ces pratiques insidieusement discriminatoires ». Et d’interpeller l’Exécutif corse : « Comment comptez-vous agir avec nous pour éviter un tel dévoiement de l’exercice de la Santé en Corse ? Comment comptez-vous faire entendre à l’ARS ce refus du détournement de la médecine, marqué du sceau de l’ostracisme et de la décorsisation programmée du monde médical corse, ainsi désavoué par ces pratiques ? ».
La liberté d’installation
Bianca Fazi, la conseillère exécutive en charge du social, de la santé et de la lutte antivectorielle, avoue son impuissance face à des usages qui relèvent du secteur de la médecine libérale. « Ces pratiques qui se sont développées ces dernières années, ne sont pas à évoquer avec l’ARS, elles relèvent du Conseil de l’Ordre des médecins. Et ce dernier, dans ce type de cas, est seulement informé. Car aujourd’hui, il existe pour les médecins, un principe de « liberté d’installation » et la possibilité, depuis 2019, sur simple déclaration, d’exercer également dans un cabinet secondaire. Ce principe est à rapprocher du droit du patient de choisir librement son médecin, et de se tourner ou non vers ceux qui exercent dans les cliniques privées ». Elle estime, pour sa part, que ces pratiques ne sont, à priori, pas un obstacle à l’installation des jeunes médecins corses. « Ces consultations sont ponctuelles et répondent parfois à un besoin dans certaines spécialités ». Elle rappelle ensuite que la politique de la Collectivité de Corse (CdC) qui travaille depuis plusieurs années « à construire un système de santé, en lien avec l’Université, qui s’appuie sur la formation en Corse des médecins. Nous avons milité pour l’ouverture du 1er cycle complet de médecine à Corti, ce qui devrait favoriser encore plus, une étude récente le montre, l’installation des médecins, y compris des jeunes spécialistes. Plus largement, nous travaillons aussi à développer un écosystème, autour des métiers de la santé. Nous impulsons, en lien avec les établissements de santé, les organismes de formation et les professionnels, y compris les syndicats différentes formations ».
Former des praticiens
Pour Bianca Fazi, cette politique de la CdC devrait permettre de répondre aux besoins en ressources humaines qualifiées au sein des établissements de santé insulaires afin de mieux prendre en charge la population. Elle détaille les dernières actions : « Nous avons besoin d’infirmiers et d’infirmières spécialisées : une nouvelle formation d’Infirmier de Bloc Opératoire (IBODE), va commencer à Bastia. Nous avons besoin de cadres de santé : nous ouvrirons prochainement cette formation à Aiacciu. Nous avons besoin de manipulateurs radio. Un rapport est présenté au cours de cette session pour permettre la mise en place au lycée Fesch, en septembre, d’un diplôme de technicien supérieur ». Elle saisit ensuite l’occasion de réaffirmer l’importance d’encourager collectivement les jeunes générations à se diriger vers les métiers du soin. « C’est l’axe stratégique que nous avons choisi à la Collectivité de Corse. Accompagner nos étudiants en médecine à travers de nombreux dispositifs. Par exemple, pour faciliter leurs stages dans le rural et, quand ils souhaitent s’installer, nous proposons différentes aides financières ». Dans la continuité de cette démarche, elle présentera prochainement un rapport « qui vise à soutenir spécifiquement l’installation des spécialistes dont nous manquons ! C’est ainsi que nous permettrons des installations pérennes de nouveaux praticiens corses et inverserons la tendance actuelle. Des actions concrètes, que porte le Conseil exécutif pour un système de santé, innovant, de qualité, qui soigne en proximité, qui mobilise les acteurs médicaux, mais aussi ceux de l’éducation et de la recherche, et surtout qui mise sur sa jeunesse... ! ». La conseillère exécutive indique qu’elle attend également le retour du gouvernement sur la question des internes en spécialités. « Nous attendons des réponses depuis plusieurs mois », espérant que le nouveau ministre de la Santé sera à l’écoute. Avant de conclure : « Nous ne restons pas inactifs et nous espérons que les jeunes Corses choisissent médecine ».
Des pratiques discriminatoires
Pour l’élue indépendantiste, ces pratiques « portent atteinte à la qualité de l’exercice de la santé en Corse. Elle constitue un obstacle pour l’installation de jeunes médecins corses ». Elle pointe du doigt « la passivité de l’Agence régionale de Santé dont le pilotage et la mise en œuvre de la politique de santé publique va à l’encontre des aspirations humaines et des besoins collectifs corses », mais aussi « des responsables d’établissements hospitaliers, dont l’éthique semble se perdre dans les méandres du relationnel complice et calculateur ». Avant de préciser : « Nous ne confondons pas mutualisation et aide médicale, venant de l’extérieur, avec ces pratiques insidieusement discriminatoires ». Et d’interpeller l’Exécutif corse : « Comment comptez-vous agir avec nous pour éviter un tel dévoiement de l’exercice de la Santé en Corse ? Comment comptez-vous faire entendre à l’ARS ce refus du détournement de la médecine, marqué du sceau de l’ostracisme et de la décorsisation programmée du monde médical corse, ainsi désavoué par ces pratiques ? ».
La liberté d’installation
Bianca Fazi, la conseillère exécutive en charge du social, de la santé et de la lutte antivectorielle, avoue son impuissance face à des usages qui relèvent du secteur de la médecine libérale. « Ces pratiques qui se sont développées ces dernières années, ne sont pas à évoquer avec l’ARS, elles relèvent du Conseil de l’Ordre des médecins. Et ce dernier, dans ce type de cas, est seulement informé. Car aujourd’hui, il existe pour les médecins, un principe de « liberté d’installation » et la possibilité, depuis 2019, sur simple déclaration, d’exercer également dans un cabinet secondaire. Ce principe est à rapprocher du droit du patient de choisir librement son médecin, et de se tourner ou non vers ceux qui exercent dans les cliniques privées ». Elle estime, pour sa part, que ces pratiques ne sont, à priori, pas un obstacle à l’installation des jeunes médecins corses. « Ces consultations sont ponctuelles et répondent parfois à un besoin dans certaines spécialités ». Elle rappelle ensuite que la politique de la Collectivité de Corse (CdC) qui travaille depuis plusieurs années « à construire un système de santé, en lien avec l’Université, qui s’appuie sur la formation en Corse des médecins. Nous avons milité pour l’ouverture du 1er cycle complet de médecine à Corti, ce qui devrait favoriser encore plus, une étude récente le montre, l’installation des médecins, y compris des jeunes spécialistes. Plus largement, nous travaillons aussi à développer un écosystème, autour des métiers de la santé. Nous impulsons, en lien avec les établissements de santé, les organismes de formation et les professionnels, y compris les syndicats différentes formations ».
Former des praticiens
Pour Bianca Fazi, cette politique de la CdC devrait permettre de répondre aux besoins en ressources humaines qualifiées au sein des établissements de santé insulaires afin de mieux prendre en charge la population. Elle détaille les dernières actions : « Nous avons besoin d’infirmiers et d’infirmières spécialisées : une nouvelle formation d’Infirmier de Bloc Opératoire (IBODE), va commencer à Bastia. Nous avons besoin de cadres de santé : nous ouvrirons prochainement cette formation à Aiacciu. Nous avons besoin de manipulateurs radio. Un rapport est présenté au cours de cette session pour permettre la mise en place au lycée Fesch, en septembre, d’un diplôme de technicien supérieur ». Elle saisit ensuite l’occasion de réaffirmer l’importance d’encourager collectivement les jeunes générations à se diriger vers les métiers du soin. « C’est l’axe stratégique que nous avons choisi à la Collectivité de Corse. Accompagner nos étudiants en médecine à travers de nombreux dispositifs. Par exemple, pour faciliter leurs stages dans le rural et, quand ils souhaitent s’installer, nous proposons différentes aides financières ». Dans la continuité de cette démarche, elle présentera prochainement un rapport « qui vise à soutenir spécifiquement l’installation des spécialistes dont nous manquons ! C’est ainsi que nous permettrons des installations pérennes de nouveaux praticiens corses et inverserons la tendance actuelle. Des actions concrètes, que porte le Conseil exécutif pour un système de santé, innovant, de qualité, qui soigne en proximité, qui mobilise les acteurs médicaux, mais aussi ceux de l’éducation et de la recherche, et surtout qui mise sur sa jeunesse... ! ». La conseillère exécutive indique qu’elle attend également le retour du gouvernement sur la question des internes en spécialités. « Nous attendons des réponses depuis plusieurs mois », espérant que le nouveau ministre de la Santé sera à l’écoute. Avant de conclure : « Nous ne restons pas inactifs et nous espérons que les jeunes Corses choisissent médecine ».