Le capitaine Then sur la terrasse de l'hôtel de ville du marché : Bastia et toute la Corse sont libérés
Le 25 juillet 1943, à 22 heures 45, la démission du « Duce » Benito Mussolini est annoncée à la radio italienne. Le régime fasciste italien s’effondre, mis à mal par le débarquement des Alliés en Sicile le 10 juillet. L’espoir renaît dans le bassin Méditerranéen. « Après la chute de Mussolini, la signature de l’armistice n’est plus qu’une question de jours. Et ça, tout le monde le sait » raconte Sylvain Gregori. Dans la résistance on s’organise. Le jour J approche, celui qui verra la Corse se soulever pour la liberté retrouvée. À Bastia, où se trouvent les têtes pensantes de la résistance, Léo Micheli et Raoul Benigni dirigent les opérations de toute la région sous la houlette du Parti Communiste Français et du Front National. L’heure approche, la tension monte au fil des jours. « C’est pour bientôt » chuchote-t-on entre résistants. « Tous les jours, pendant le mois d’août, les communistes préparent l’insurrection » témoigne Sylvain Gregori en s’appuyant sur les notes codées de Léo Micheli. Il ne manque plus qu’une opportunité pour la déclencher au bon moment. Cette opportunité, les Allemands vont l’offrir sur un plateau.
Premiers combats entre Italiens et Allemands à Bastia
8 septembre 1943, 19 heures. La radio diffuse enfin l’information tant attendue : l’Italie vient de signer l’armistice et passe du côté des Alliés. Signature pourtant effectuée le 4 septembre mais rendue publique 4 jours plus tard. Dans les rues de Bastia, la foule se masse. Les jeunes communistes mènent le cortège, acclamant la fin proche de la guerre. Le 8 septembre est également sacré en Corse, on y célèbre avec ferveur la Nativité de la Vierge Marie. Coïncidence du calendrier ? Les bastiais y voient plutôt un signe divin et « beaucoup de témoignages de l’époque s’accordent sur ce fait. Les bastiais attribuent la signature de l’armistice à la Vierge Marie » explique Sylvain Gregori. Les troupes Allemandes sur place laissent faire. À vrai dire, elles ont autre chose en tête. Un plan tenu secret de leurs anciens alliées italiens et qui marquera le début des premiers combats entre les deux puissances.
Après la chute de Mussolini, l’Allemagne nazie n’a pas dit son dernier mot. Les têtes pensantes de la stratégie militaire allemande établissent un plan visant à désarmer les Italiens et à réquisitionner leur matériel en cas de retournement de la situation. Plan qui sera mis en application dans la soirée du 8 septembre 1943 à Bastia. Les troupes allemandes tentent de s’emparer des navires Italiens dans le port de Bastia. Trop tard, l’alliance est rompue et les Italiens défendent férocement leurs biens. Des combats éclatent. Les balles fusent, les détonations et les explosions illuminent la nuit bastiaise. La nuit s’annonce des plus longues, recouverte par le voile de la mort. Ce n’est qu’au petit matin que la bataille voit se dessiner un vainqueur. Les Italiens prennent le dessus et capturent des centaines de soldats allemands. Bilan du côté des vaincus : des dizaines de morts.
La résistance sort de l’ombre, l’insurrection débute
Après la chute de Mussolini, l’Allemagne nazie n’a pas dit son dernier mot. Les têtes pensantes de la stratégie militaire allemande établissent un plan visant à désarmer les Italiens et à réquisitionner leur matériel en cas de retournement de la situation. Plan qui sera mis en application dans la soirée du 8 septembre 1943 à Bastia. Les troupes allemandes tentent de s’emparer des navires Italiens dans le port de Bastia. Trop tard, l’alliance est rompue et les Italiens défendent férocement leurs biens. Des combats éclatent. Les balles fusent, les détonations et les explosions illuminent la nuit bastiaise. La nuit s’annonce des plus longues, recouverte par le voile de la mort. Ce n’est qu’au petit matin que la bataille voit se dessiner un vainqueur. Les Italiens prennent le dessus et capturent des centaines de soldats allemands. Bilan du côté des vaincus : des dizaines de morts.
La résistance sort de l’ombre, l’insurrection débute
L’occasion est trop belle. C’est le moment de sortir de l’ombre pour la résistance. Aux premières lueurs du matin, Raoul Benigni, Léo Micheli et leurs camarades appliquent le plan ficelé tout au long du mois d’août. L’insurrection commence. Les résistants prennent le contrôle de tous les points névralgiques de Bastia. Les Italiens, eux, ne bougent pas d’un pouce et laissent faire leurs nouveaux alliés qu’ils ont côtoyé des mois durant, voire des années. Une relation solide s’est créée entre corses et italiens au fil des longs mois d’occupation. L’Italien est presque devenu bienvenu dans les chaumières. « Certains sont invités à écouter Radio-Alger clandestinement car eux aussi veulent savoir ce qu’il se passe dans le monde » raconte Sylvain Gregori. Une proximité qui n’empêchera pas une forte répression sur l’île ordonnée par l’Etat Major italien fin juillet 1943. « Plus de 150 corses sont arrêtés dans toute l’île. Les troupes Italiennes, pour justifier leur action, donnent un motif peu convaincant : « pour enquête ». Autrement dit, pour rien » explique Sylvain Gregori. Mais en septembre, juste avant l’armistice, le moral est au plus bas. Les jeunes italiens, loin de leurs contrées d’origine ne veulent pas s’enliser dans un conflit avec les Alliés et n’ont qu’une seule envie : rentrer chez eux. Situation qui pourrait expliquer la rapidité avec laquelle les Italiens se sont rangés du côté des corses et des Alliés sans même avoir reçu d’ordres clairs de la part de leurs supérieurs.
Ajaccio se libère sans violence
Matin du 9 septembre 1943, Bastia est libre. L’euphorie de la liberté retrouvée se propage dans la région. « À Ajaccio, les résistants du FN appliquent le plan d’insurrection mais aucun combat n’éclate. Les Allemands sont peu nombreux dans la cité impériale, leur priorité est le port de Bastia qui ouvre une fenêtre d’évacuation maritime vers l’Italie. À la place, se joue une sorte de mise en scène devant la préfecture d’Ajaccio où les résistants du FN proclament la libération de la ville » ajoute Sylvain Gregori. Ajaccio est libre et le restera, à la différence de Bastia où la machine de guerre allemande reviendra jeter ses ultimes forces dans la bataille.
Dès le 8 septembre 1943, l’évacuation débute pour une partie des 15 000 soldats allemands et des 4 000 soldats de la Schutzstaffel, la terrible Waffen-SS, stationnés en Corse. Direction le sud de l’île et les ports de Porto-Vecchio et de Bonifacio pour prendre la mer. Cependant, le matériel lourd ne peut être transporté qu’à partir du port de Bastia. Il faut à tout prix reprendre la ville pour les Allemands. Pas question de laisser autant de matériel sur place.
Dès le 8 septembre 1943, l’évacuation débute pour une partie des 15 000 soldats allemands et des 4 000 soldats de la Schutzstaffel, la terrible Waffen-SS, stationnés en Corse. Direction le sud de l’île et les ports de Porto-Vecchio et de Bonifacio pour prendre la mer. Cependant, le matériel lourd ne peut être transporté qu’à partir du port de Bastia. Il faut à tout prix reprendre la ville pour les Allemands. Pas question de laisser autant de matériel sur place.
À l’assaut de Bastia !
Le 12 septembre, ils tentent une percée au sud de Bastia. La bataille de Casamozza débute. Après d’âpres combats, 70 morts du côté italien et 25 du côté allemand, la colonne de blindés passe. Cette fois, les troupes germaniques sont plus fortes. « Les Allemands mettront une journée entière pour effectuer les 20 kilomètres qui séparent Casamozza de Bastia, perdant quelques blindés au passage du fait de la forte résistance italienne et corse » précise Sylvain Gregori. Les Allemands arrivent dans un Bastia déserté par les civils et les troupes Italiennes mais sont accueillis par les salves d’une batterie d’artillerie située sur les hauteurs, au fort Lacroix, avant de la neutraliser.
Occupation, répression et libération définitive
13 septembre 1943, Bastia retombe sous la coupe nazie. S’en suit une occupation paradoxale. « D’un côté la terreur et la répression pendant laquelle des civils seront exécutés. D’un autre côté, l’humanisme de certains soldats allemands qui distribuent des vivres et des chaussures aux bastiais » explique Sylvain Gregori. Une occupation qui durera jusqu’au 4 octobre 1943, date retenue comme celle de la libération totale de la Corse. Les Allemands ont été chassés, et parmi les 84 000 soldats Italiens présents pendant l’occupation, seuls 6 000 resteront pour aider à la reconstruction d’une île éventrée par la violence de la guerre, privée d’une partie de ses ponts et de ses routes. Bastia verra même son cimetière soufflé par l’explosion d’un dépôt de munitions italien, ouvrant au grand jour des tombes scellées parfois depuis des siècles.
Bastia se libérera le 9 septembre, avant les autres villes, avec l’aide des Italiens, non sans violence et sans larmes ni sang. Bastia sera reprise. Bastia sera libérée de nouveau, le 4 octobre après la prise de Teghime grâce au courage des goumiers marocains. « Bastia restera la capitale de la résistance insulaire et la première ville libérée de Corse, même si elle sera reprise ensuite » conclut Sylvain Gregori en regardant au loin vers le port de Bastia, sans doute en rejouant dans sa tête les combats de cette nuit du 8 au 9 septembre 1943, d’après les nombreux témoignages qu’il a pu recueillir et étudier.
Bastia se libérera le 9 septembre, avant les autres villes, avec l’aide des Italiens, non sans violence et sans larmes ni sang. Bastia sera reprise. Bastia sera libérée de nouveau, le 4 octobre après la prise de Teghime grâce au courage des goumiers marocains. « Bastia restera la capitale de la résistance insulaire et la première ville libérée de Corse, même si elle sera reprise ensuite » conclut Sylvain Gregori en regardant au loin vers le port de Bastia, sans doute en rejouant dans sa tête les combats de cette nuit du 8 au 9 septembre 1943, d’après les nombreux témoignages qu’il a pu recueillir et étudier.