Pas de cérémonie figée, ni de discours solennel : à Cervioni, ce sont les élèves qui font vivre l’histoire. Dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Pascal Paoli, la classe de 5e bilingue G2 du collège Philippe-Pescetti s’est lancée dans un projet aussi original que rigoureux : mettre en scène un épisode méconnu mais fondateur de l’épopée paoliste — la rencontre entre le général corse et l’écrivain écossais James Boswell.
Guidés par leurs professeurs, Mme Poli et M. Ciccoli, les collégiens ont puisé dans le texte d’une conférence donnée en 1982 à l’Adecec par l’historienne britannique Dorothy Carrington. Elle y retraçait avec force détails cette entrevue, survenue en 1769, entre un jeune admirateur venu d’Écosse et le chef d’un peuple en lutte pour sa liberté. « La croix de Paoli ouvrait les portes de l’Europe », rappelle l’un des enseignants. Cette phrase a inspiré les élèves, qui ont décidé d’en faire le cœur d’un travail de reconstitution théâtrale, mené en corse et en français. Conscients du rôle important joué par leur village dans l’histoire paoliste — notamment avec l’installation de la Stamperia Naziunale au couvent San Francescu — les élèves ont voulu redonner vie à cette scène historique. À partir du récit de Boswell lui-même, enrichi des réflexions de Dorothy Carrington, ils ont écrit et interprété une série de saynètes évoquant l’arrivée de l’écrivain en Corse, sa traversée de la Méditerranée, et sa rencontre avec Pascal Paoli. Chaque élève incarne un personnage, donnant chair à cette amitié inattendue, qui allait faire entrer Paoli dans l’imaginaire européen des Lumières.
Le projet, filmé dans les ruelles de Cervioni, fera l’objet d’une présentation en fin d’année. Mais déjà, il dépasse le simple exercice scolaire. En réinterprétant un moment où la Corse faisait entendre sa voix au-delà des mers, les collégiens ont accompli un véritable travail de transmission et iEt ravivé, par la scène, la mémoire d’un combat pour la liberté.