Le samedi 7 décembre, le mouvement indépendantiste Nazione a mené une action à Erbalonga pour alerter sur les dérives de la spéculation immobilière. En cause : l’achat de biens par des investisseurs étrangers et la flambée des prix, qui rendent l’accès à la propriété de plus en plus inaccessible pour les Corses. "Les prix des ventes se négocient ici, en moyenne, entre 6 et 10 000 € le mètre carré", a déclaré Petru Antone Tomasi, porte-parole de Nazione. "Dans une zone qui n’était pas, jusqu’alors, la plus exposée à la spéculation, certaines transactions dépassent désormais le million d’euros." Une situation jugée alarmante pour nombre d'insulaires, qui voient "leurs villages transformés en enclaves réservées à une clientèle fortunée."
L’une des transactions récentes dans la marine d’Erbalonga illustre parfaitement cette dynamique, selon le mouvement indépendantiste. Un bien acquis cet été par une société civile immobilière (SCI) parisienne, d’une valeur déjà proche du demi-million d’euros, avant même toute rénovation. "Ce bien a été acquis par une SCI basée à Paris, appartenant à un grand groupe français, dans un montage juridique destiné à faciliter des opérations spéculatives", analyse Petru Antone Tomasi, soulignant l’implication des grandes entreprises dans cette tendance.
Le modele d'Alzi
Face à cette montée en puissance de la spéculation, Nazione appelle à l’application immédiate du statut de résident en Corse, une mesure qui interdirait l’acquisition de biens par des personnes étrangères à l’île. "Cette législation, déjà votée en 2014, doit être appliquée sans attendre une réforme du statut de la Corse", a insisté Petru Antone Tomasi, en citant l’exemple de la commune d’Alzi, où un maire indépendantiste, Simon Venturini, a récemment appliqué cette loi pour empêcher une vente à un acquéreur extérieur. "Le modèle d’Alzi, qui a résisté aux tentatives d’annulation par les autorités françaises, offre une solution aux maires corses désireux de lutter contre la spéculation. Le maire d’Alzi a signifié à un office notarial qu’une vente ne pouvait avoir lieu sans respecter les critères du statut de résident", a rappelé Nazione. Quelques jours après, l’acheteur potentiel a renoncé à la transaction.
Un appel aux maires
Nazione appelle désormais tous les maires de Corse à prendre exemple sur cette initiative. "Les maires doivent délibérer pour appliquer le statut de résident dans leurs communes et faire savoir à tous les acteurs du marché immobilier que cette législation s’applique", a affirmé Petru Antone Tomasi. Un message fort adressé à ceux qui, selon Nazione, continuent de laisser faire la spéculation, au détriment des Corses et de leur patrimoine.
Le mouvement insiste sur le besoin de "résistance légale" face aux lois françaises qui favorisent cette situation. "Il est temps d’imposer une légalité corse, qui protège notre territoire et notre culture", a conclu Petru Antone Tomasi.