Aiutu Patriotticu a tenu une conférence de presse devant les grilles de l'Assemblée de Corse pour dénoncer les saisies abusives sur les comptes des anciens prisonniers politiques.
Une mobilisation a eu lieu ce jeudi matin, devant l’Assemblée de Corse, à l’appel d’Aiutu Patriotticu. L'association y a dénoncé le sort réservé aux anciens prisonniers politiques, notamment en lien avec les amendes dues au Trésor Public. Le cas de Jean-Marc Dominici a été particulièrement mis en avant. « En février 2020, nous étions à Aléria pour protester contre une saisie réalisée par le Trésor Public sur le salaire de Jean-Marc Dominici. Le Collectif des anciens prisonniers Patriotti avait alors occupé la Trésorerie et obtenu un échelonnement acceptable. Quatre ans plus tard, à Bastia, le collectif Patriotti in Lotta occupe les locaux d’un commissaire de justice, qui, à la demande du Fonds de Garantie des Victimes, a saisi plus de 4 000 € sur le compte bancaire de Jean-Marc le 27 août. Pourtant, Jean-Marc, comme d’autres, paye depuis 10 ans le montant négocié à l’amiable avec le FGTI. Il a simplement commis l’erreur de conserver plus de 1 500 € sur son compte pour des soins médicaux prévus en septembre », a expliqué l’association.
Plusieurs milliers d’euros saisis malgré un accord avec le Trésor Public
Selon Aiutu Patriotticu, la dette est solidaire entre plusieurs co-condamnés, rendant difficile de suivre l’évolution des remboursements. « Avant même que les parties civiles ne soient indemnisées par le tribunal, le FGTI décide d’une indemnisation en commission, sans entendre les accusés. Cela peut entraîner des indemnisations supérieures aux montants des dommages et intérêts fixés par le tribunal. Le FGTI verse immédiatement ces sommes aux parties civiles, puis se substitue à elles pour recouvrer les fonds auprès des condamnés. C’est ce qui s’est passé pour Jean-Marc et ses co-condamnés, sauf qu’ils n’en ont jamais été informés », ont dénoncé les responsables du collectif.
Inertie de la majorité territoriale pointée du doigt
Cette situation est qualifiée d’« intolérable » par les membres de l'association, notamment par Emmanuelle Dominici : « On lui a laissé 600 € sur son compte parce que le FGTI considère que tout ce qui dépasse 1 500 € est de l’épargne. En somme, il vaudrait mieux être insolvable ou vivre du RSA », a-t-elle ironisé, avant de formuler des revendications précises : « Nous demandons la création d’un fonds de secours pour aider les anciens prisonniers en attendant une solution politique. Le Conseil exécutif doit organiser une délégation pour rencontrer le Fonds de garantie, afin de mettre fin à ces saisies, au FIJAIT, et aux amendes, et pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques. »
Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, est descendue sur place pour écouter les doléances des manifestants. Elle a notamment entendu de vives critiques sur l’inaction de la majorité territoriale. « Cette question n’a pas été traitée. Depuis 2022, il n’y a plus de dialogue. On nous dit que les discussions avec l’État n’avancent pas, mais alors, qu’est-ce qu’on fait ? Nous, on sait ce qu’on fait : on collecte des dons, le peuple se mobilise, on vend des t-shirts à 20 €, mais là, il s'agit d’amendes de plusieurs millions d’euros. Personne n’est venu nous parler de nos difficultés. Si on ne dénonce pas tout ça ici, rien ne se passe. On abandonne les anciens prisonniers. Ils ne pourront rien laisser à leurs enfants, si ce n’est l’héritage d’une lutte », ont insisté les représentants d’Aiutu Patriotticu.
Une délégation de l’association a ensuite été reçue par les élus pour tenter de trouver des solutions concrètes.