Alain Rousseau, nouveau préfet de Haute-Corse
- Connaissiez-vous la Corse avant d’y être nommé préfet ?
- Du tout ! J’ai mis les pieds en Corse pour la première fois, il y a deux jours. Ma carrière s’est déroulée souvent au bord de la mer sans que j’ai un quelconque tropisme maritime. C’est le hasard qui a fait ces diverses nominations.
- La Corse n’est pas une destination très prisée par les hauts fonctionnaires. Dans quel état d’esprit arrivez-vous ?
- Je ne reprends pas cette assertion à mon compte. Je suis véritablement très heureux de venir en Corse. Comme tout le monde, j’ai des représentations, mais les préjugés sont des ennemis mortels. La Corse est particulière et, en même temps, est un département comme les autres. Elle est dans la République et le préfet y est, comme ailleurs, sur le territoire de la République.
- Quelle méthode comptez-vous adopter ?
- Je serai, d’abord, dans une attitude d’écoute. Pour cela, j’irai à la rencontre des personnes qui agissent sur le terrain, les élus au premier chef, mais aussi les responsables économiques et associatifs pour les entendre et apprendre à connaître ce pays. Ensuite, je m’inscrirai dans les grands axes d’action de l’Etat sur le département : la question de l’insécurité évidemment, mais aussi le développement économique, l’emploi, le logement… Tous ces axes de travail constitueront, sans doute, pour l’essentiel, le contenu de ma mission en Haute-Corse.
- Parmi tous ces dossiers, quelle sera votre priorité ?
- Tous ! Il faut tous les prendre en compte. La question du développement économique et de l’emploi est fondamentale. Il va falloir s’y atteler. Le gouvernement a mis en place, dans un contexte de crise difficile qui affecte aussi la Corse, un certain nombre d’outils. Ces outils concernent, à la fois, l’insertion des jeunes dans l’emploi à travers les emplois d’avenir, mais aussi la compétitivité des entreprises à travers le pacte de compétitivité et le crédit d’impôt. Je vais m’attacher avec les services de l’Etat à développer ces outils au service des entreprises et de l’emploi. C’est un objectif de fond qu’il faut poursuivre avec ardeur, tout le temps.
- Comment abordez-vous les problèmes spécifiques que connaît l’île, comme la violence et la spéculation immobilière ?
- D’abord, dans la continuité de ce qui a été engagé par mon prédécesseur à travers le plan d’action qui a été annoncé par Manuel Valls et Christiane Taubira lorsqu’ils sont venus il y a quelques mois en Corse. Ensuite, avec la volonté ferme de travailler sur l’organisation et les méthodes pour améliorer l’efficacité des services dans ce domaine en lien avec les services de police et l’autorité judiciaire. Enfin, en travaillant à la source sur ce qui fait, aujourd’hui, la grande criminalité et le banditisme. Soyez assurés de notre détermination.
- La violence est souvent liée à la spéculation foncière. Comment traiterez-vous cette question littorale que, par ailleurs, vous semblez bien connaître ?
- Oui, je connais bien cette question. Il y a, ici, comme ailleurs, même si c’est plus aigu en Corse, un enjeu d’occupation de l’espace et, notamment, d’occupation des espaces merveilleux situés sur la côte. Les questions, à la fois, de la loi littorale et de l’occupation du domaine maritime sont importantes. Je les traiterai avec les moyens de l’Etat.
- Les associations de défense de l’environnement accusent souvent l’Etat, et donc ses représentants, de ne pas faire leur travail. Qu’en sera-t-il avec vous ?
- C’est la mission de l’Etat et de son représentant de faire respecter la loi. Ce sera ma mission principale. Mais, il faut reconnaître, et c’est normal dans une démocratie, le rôle éminent que peuvent jouer les associations en matière, notamment, de protection de l’environnement. Je pense que ces associations peuvent apporter des choses importantes au service de l’Etat. Ma porte est ouverte pour en discuter. Il y aura un dialogue entre nous.
- Que vous inspirent les propos de Manuel Valls sur la violence endogène à la Corse ?
- J’ai retenu qu’il soulignait combien les Corses étaient victimes de cette grande criminalité, que cette criminalité était ancrée depuis plusieurs décennies et qu’il fallait, ensemble, la combattre. Il a dit que les services de l’Etat étaient, évidemment, mobilisés pour lutter contre criminalité qui pèse sur l’image de la Corse à l’extérieur.
- Que pensez-vous des accusations de violence à l’encontre du Sporting, le club de football bastiais ?
- Il n’y a pas de spécificité bastiaise en la matière. Tous les clubs, ou presque, ont été soumis, au cours de leur histoire, à la violence hooligan dans les stades et ont réglé cette question en s’organisant. Le club bastiais s’est engagé à le faire. Sa première responsabilité est d’organiser les choses pour empêcher la violence. Il aura, pour ce faire, le plein soutien de l’Etat.
- La sécurité routière est un grave problème en Corse avec un taux de mortalité très élevé sur les routes. Que comptez-vous faire pour y remédier ?
- J’ai vu les chiffres. Ils sont, objectivement, très mauvais. Venant d’arriver, je ne suis pas en mesure de poser un diagnostic complet. On peut sans doute considérer que la configuration et la topographie peuvent être des éléments d’explication. Je sais aussi, pour avoir traité cette question partout où je suis passé, que les comportements, les imprudences dues à la vitesse ou à l’alcool sont toujours les causes principales de l’insécurité routière. Il faut travailler sur ces causes d’autant que le plus lourd tribut est payé par les jeunes. Ce sera un sujet important. Là encore, je m’inscrirai dans la continuité de ce qui est fait. C’est un travail de long terme. Mais, il faut absolument faire baisser les chiffres de la mortalité sur les routes.
- L’intercommunalité a été le grand challenge de votre prédécesseur qui s’est échiné sur ce dossier difficile. Comment l’appréhendez-vous ?
- Le dossier de l’intercommunalité n’est pas plus difficile en Corse qu’ailleurs où je l’ai vécu. Je félicite mon prédécesseur de la lourde action qu’il a conduite. Le 1er objectif est atteint : les intercommunalités, même réduites, existent. Pour ma part, je crois beaucoup en la pédagogie de l’intercommunalité. Les communes sont peut-être réticentes à y entrer, mais elles se rendent vite compte des bienfaits de la mutualisation des moyens. Il faut, ensuite, laisser agir cette pédagogie et jouer sur deux tableaux en élargissant, à la fois, au niveau des périmètres et des compétences.
- Vous serez prochainement confronté aux élus locaux dans le cadre de la réforme des cantons. Quel sera votre rôle dans ce domaine ?
- D’abord, d’écouter les élus. Je vais les rencontrer dans mes visites dites protocolaires qui commencent aujourd’hui. Je les consulterai pour examiner avec eux la forme que pourrait prendre la nouvelle carte cantonale. Ces rencontres se feront dans les semaines qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Du tout ! J’ai mis les pieds en Corse pour la première fois, il y a deux jours. Ma carrière s’est déroulée souvent au bord de la mer sans que j’ai un quelconque tropisme maritime. C’est le hasard qui a fait ces diverses nominations.
- La Corse n’est pas une destination très prisée par les hauts fonctionnaires. Dans quel état d’esprit arrivez-vous ?
- Je ne reprends pas cette assertion à mon compte. Je suis véritablement très heureux de venir en Corse. Comme tout le monde, j’ai des représentations, mais les préjugés sont des ennemis mortels. La Corse est particulière et, en même temps, est un département comme les autres. Elle est dans la République et le préfet y est, comme ailleurs, sur le territoire de la République.
- Quelle méthode comptez-vous adopter ?
- Je serai, d’abord, dans une attitude d’écoute. Pour cela, j’irai à la rencontre des personnes qui agissent sur le terrain, les élus au premier chef, mais aussi les responsables économiques et associatifs pour les entendre et apprendre à connaître ce pays. Ensuite, je m’inscrirai dans les grands axes d’action de l’Etat sur le département : la question de l’insécurité évidemment, mais aussi le développement économique, l’emploi, le logement… Tous ces axes de travail constitueront, sans doute, pour l’essentiel, le contenu de ma mission en Haute-Corse.
- Parmi tous ces dossiers, quelle sera votre priorité ?
- Tous ! Il faut tous les prendre en compte. La question du développement économique et de l’emploi est fondamentale. Il va falloir s’y atteler. Le gouvernement a mis en place, dans un contexte de crise difficile qui affecte aussi la Corse, un certain nombre d’outils. Ces outils concernent, à la fois, l’insertion des jeunes dans l’emploi à travers les emplois d’avenir, mais aussi la compétitivité des entreprises à travers le pacte de compétitivité et le crédit d’impôt. Je vais m’attacher avec les services de l’Etat à développer ces outils au service des entreprises et de l’emploi. C’est un objectif de fond qu’il faut poursuivre avec ardeur, tout le temps.
- Comment abordez-vous les problèmes spécifiques que connaît l’île, comme la violence et la spéculation immobilière ?
- D’abord, dans la continuité de ce qui a été engagé par mon prédécesseur à travers le plan d’action qui a été annoncé par Manuel Valls et Christiane Taubira lorsqu’ils sont venus il y a quelques mois en Corse. Ensuite, avec la volonté ferme de travailler sur l’organisation et les méthodes pour améliorer l’efficacité des services dans ce domaine en lien avec les services de police et l’autorité judiciaire. Enfin, en travaillant à la source sur ce qui fait, aujourd’hui, la grande criminalité et le banditisme. Soyez assurés de notre détermination.
- La violence est souvent liée à la spéculation foncière. Comment traiterez-vous cette question littorale que, par ailleurs, vous semblez bien connaître ?
- Oui, je connais bien cette question. Il y a, ici, comme ailleurs, même si c’est plus aigu en Corse, un enjeu d’occupation de l’espace et, notamment, d’occupation des espaces merveilleux situés sur la côte. Les questions, à la fois, de la loi littorale et de l’occupation du domaine maritime sont importantes. Je les traiterai avec les moyens de l’Etat.
- Les associations de défense de l’environnement accusent souvent l’Etat, et donc ses représentants, de ne pas faire leur travail. Qu’en sera-t-il avec vous ?
- C’est la mission de l’Etat et de son représentant de faire respecter la loi. Ce sera ma mission principale. Mais, il faut reconnaître, et c’est normal dans une démocratie, le rôle éminent que peuvent jouer les associations en matière, notamment, de protection de l’environnement. Je pense que ces associations peuvent apporter des choses importantes au service de l’Etat. Ma porte est ouverte pour en discuter. Il y aura un dialogue entre nous.
- Que vous inspirent les propos de Manuel Valls sur la violence endogène à la Corse ?
- J’ai retenu qu’il soulignait combien les Corses étaient victimes de cette grande criminalité, que cette criminalité était ancrée depuis plusieurs décennies et qu’il fallait, ensemble, la combattre. Il a dit que les services de l’Etat étaient, évidemment, mobilisés pour lutter contre criminalité qui pèse sur l’image de la Corse à l’extérieur.
- Que pensez-vous des accusations de violence à l’encontre du Sporting, le club de football bastiais ?
- Il n’y a pas de spécificité bastiaise en la matière. Tous les clubs, ou presque, ont été soumis, au cours de leur histoire, à la violence hooligan dans les stades et ont réglé cette question en s’organisant. Le club bastiais s’est engagé à le faire. Sa première responsabilité est d’organiser les choses pour empêcher la violence. Il aura, pour ce faire, le plein soutien de l’Etat.
- La sécurité routière est un grave problème en Corse avec un taux de mortalité très élevé sur les routes. Que comptez-vous faire pour y remédier ?
- J’ai vu les chiffres. Ils sont, objectivement, très mauvais. Venant d’arriver, je ne suis pas en mesure de poser un diagnostic complet. On peut sans doute considérer que la configuration et la topographie peuvent être des éléments d’explication. Je sais aussi, pour avoir traité cette question partout où je suis passé, que les comportements, les imprudences dues à la vitesse ou à l’alcool sont toujours les causes principales de l’insécurité routière. Il faut travailler sur ces causes d’autant que le plus lourd tribut est payé par les jeunes. Ce sera un sujet important. Là encore, je m’inscrirai dans la continuité de ce qui est fait. C’est un travail de long terme. Mais, il faut absolument faire baisser les chiffres de la mortalité sur les routes.
- L’intercommunalité a été le grand challenge de votre prédécesseur qui s’est échiné sur ce dossier difficile. Comment l’appréhendez-vous ?
- Le dossier de l’intercommunalité n’est pas plus difficile en Corse qu’ailleurs où je l’ai vécu. Je félicite mon prédécesseur de la lourde action qu’il a conduite. Le 1er objectif est atteint : les intercommunalités, même réduites, existent. Pour ma part, je crois beaucoup en la pédagogie de l’intercommunalité. Les communes sont peut-être réticentes à y entrer, mais elles se rendent vite compte des bienfaits de la mutualisation des moyens. Il faut, ensuite, laisser agir cette pédagogie et jouer sur deux tableaux en élargissant, à la fois, au niveau des périmètres et des compétences.
- Vous serez prochainement confronté aux élus locaux dans le cadre de la réforme des cantons. Quel sera votre rôle dans ce domaine ?
- D’abord, d’écouter les élus. Je vais les rencontrer dans mes visites dites protocolaires qui commencent aujourd’hui. Je les consulterai pour examiner avec eux la forme que pourrait prendre la nouvelle carte cantonale. Ces rencontres se feront dans les semaines qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI