Corse Net Infos - Pure player corse

Anne Albertini : Coup de griffe dans le sermon de… Jérôme Ferrari !


Damien Bianchi le Mardi 18 Décembre 2012 à 18:06

"Il n'est pas d'empire qui ne soit mortel" nous dit Saint Augustin sous la plume de Jérôme Ferrari. Il en est de même pour les encensements unanimes. Anne Albertini, écrivaine, auteure de pièces de théâtre, n'ajoutera pas sa voix au concert de louanges entourant le dernier prix Goncourt. L'auteure du "bar à tisane", ouvrage qui a rencontré un franc succès de librairie, nous propose ici sa critique du "sermon de la chute de Rome". Un autre son de cloche qui détone un peu de l'unanimisme ambiant.



Anne Albertini : Coup de griffe dans le sermon de… Jérôme Ferrari !
L’hystérie collective provoquée par le prix  Goncourt, n’a pas été le prix lui-même, mais parce qu’il a été décerné à un Corse. Ah, tout de même ! Un indigène Corse a été remarqué.  Ils sont moins cons que ce qu’on pensait. A moins que le prix n’ait  été arraché par Actes Sud.
La vedette de l’histoire est un bistrot de village. Ce dernier est assez pourri, fréquenté par des gens pourris, égoïstes, indifférents, incultes. De quoi faire mourir de joie Christophe Barbier ( de l’Express) qui a toute sa place dans cette animalerie. «  C’est comme ça avec ces cons-là. Si tu es gentil, ils t’enculent, ils sont trop cons, la gentillesse, la faiblesse, ils ne font pas la différence, c’est trop compliqué pour eux, il faut leur parler le langage qu’ils comprennent et ça, crois-moi, ils le comprennent bien ».  C’est de nous qu’il s’agit bien sûr, pas des touristes qui sont encore plus cons que nature et qu’on baise en leur sortant le fric de la poche, parce qu’un touriste c’est fait pour ça, surtout dans la masse totalement abrutie que l’on promène du nord au sud.   « ils devaient proposer à manger à leurs clients, surtout en été, quelque chose de simple, de la charcuterie, des fromages, sans lésiner sur la qualité, les gens étaient prêts à payer le prix de la qualité, mais comme il fallait se résigner à vivre à l’heure du tourisme de masse et accueillir également des cohortes de gens fauchés, il était hors de question de se cantonner aux produits de luxe et ils ne devaient pas hésiter à vendre aussi de la merde à vil prix ».  Il y a du vrai là-dedans. Dans cette famille sulfureuse, on trouve aussi des agrégés. Certains pourraient prétendre à une vie honorable, mais ils restent l’artisan de leur propre destruction. Tous ces gens qui vont et viennent sont difficiles à suivre et le lecteur est un peu perdu. Arrive le Jeudi Saint et l’office des ténèbres , les chants, dans une église pleine de fidèles ensommeillés : « On entendit le bruit des crécelles et celui des pieds qui tapaient sur le bois des prie-Dieu pour porter témoignage de la fin du monde, qui sombrait dans les Ténèbres ». Prenons acte.
Augustin devenu  saint ne l’a pas toujours été,  la première partie de sa vie fut assez agitée et peu édifiante,  ce qui l’a forcé à penser que l’homme est perfectible, pour autant qu’il le veuille. C’est une chose que nous savons tous. Augustin n’amène rien de nouveau dans cette histoire . La nouveauté est le serpentin  démesuré des phrases  de Jérome Ferrari,  comme si la respiration était superflue.
Ce livre très inégal , ne méritait pas un prix aussi prestigieux.
Anne ALBERTINI