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Antonia Luciani : « La Collectivité de Corse n’a jamais autant investi pour les jeunes et les étudiants »


Nicole Mari le Mardi 3 Septembre 2024 à 14:24

C’est en Haute-Corse que la Conseillère exécutive en charge de la culture, de l’éducation et de la formation, Antonia Luciani, effectue la rentrée des classes, mardi 3 septembre. D’abord à l’école primaire Kallisté de Ville de Pietrabugnu avant de rejoindre le président de l’Exécutif, la présidente de l’Assemblée de Corse, le sénateur Parigi et le Recteur de l’académie de Corse à l’école primaire de Merusaglia, puis dans les collèges et lycées de Balagne. L’occasion pour Antonia Luciani de faire un point sur l’action de la Collectivité de Corse (CDC) en matière d’enseignement et de construction de nouveaux bâtiments dont le pôle des sciences de Calvi et le Centre de sécurité maritime de Bastia. Elle évoque aussi le nouveau schéma de la vie étudiante pour lutter contre la précarité, et affirme que, malgré les difficultés budgétaires, l’éducation reste une priorité majeure pour l’Exécutif corse.



Antonia Luciani, conseillère exécutive de la Collectivité de Corse en charge de la culture, de l'éducation et de la formation.
Antonia Luciani, conseillère exécutive de la Collectivité de Corse en charge de la culture, de l'éducation et de la formation.
- Comment se présente cette rentrée scolaire 2024 ?
- Cette rentrée se présente bien, même si nous avons conscience que le contexte économique est délicat pour un certain nombre de familles qui connaissent des difficultés. C’est la raison pour laquelle la Collectivité de Corse (CDC) n’a jamais autant investi pour les jeunes et les étudiants. Nous avons, cette année, sanctuarisé 139 millions d’euros aussi bien en investissement qu’en fonctionnement pour les collèges et les lycées. La CDC gère 49 établissements d’enseignement secondaire, mais également tous les programmes éducatifs, les Attee, c’est-à-dire le personnel qui travaille dans les collèges et les lycées, en plus des enseignants, et qui permet le bon déroulement de la vie au sein des établissements. Cela inclut également les transports scolaires. Eu égard au contexte économique et social délicat, nous avons, comme l’année dernière, reconduit la hausse de la dotation globale de fonctionnement pour tous les établissements, ce qui inclut le blocage des prix de la cantine et de l’hébergement. La CDC s’engage à ce que l’augmentation des prix de la cantine et de l’hébergement, liée à l’augmentation du prix des matières premières, du gaz et de l’électricité, n’ait pas d’impact sur les familles. Donc, pour la deuxième année consécutive, le tarif est bloqué et le coût excédentaire est pris en charge par la CDC. Un nouveau schéma d’aide à la vie étudiante sera également présenté à la prochaine session de l’assemblée de Corse. Le mot d’ordre est une réelle prise en compte des difficultés économiques et sociales des Corses. Les 139 millions d’euros, que nous consacrons à cette rentrée scolaire, représente quand même 10 % du budget global de la CDC, ce qui montre un investissement majeur en faveur de la jeunesse, des étudiants et des apprentis de Corse. Cela reste une priorité politique pour nous.
 
- La CDC a entrepris un vaste plan de rénovation des bâtiments scolaires. Quelles sont les investissements en cours ?
- La Programmation pluriannuelle d’investissements (PPI) 2018-2023 s’est élevée à 80 millions € sur 5 ans. Nous avons engagé quasiment 100 % des investissements, cela veut dire que les travaux sont, soit en cours, soit prévus, soit ont démarré. Mardi matin, pour la rentrée des classes, nous serons avec le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, à Merusaglia pour insister sur la dimension rurale, sur l’importance de la permanence des services publics et des écoles dans le rural, même quand il s’agit de petites classes. Nous allons aussi insister sur la dimension historique et patrimoniale en lien avec la préparation du tricentenaire de Pasquale Paoli. Merusaglia sera l’épicentre de tous les évènements qui jalonnent la commémoration, l’année prochaine. Un partenariat sera mis en place avec l’Education nationale sur lequel nous avons commencé à travailler pour que toutes les écoles soient particulièrement actives dans leur connaissance de Pasquale Paoli. L'après-midi, nous serons en Balagne, au lycée d’Ile Rousse et au collège de Calvi où l’investissement principal est le pôle des sciences dont l’inauguration est prévue après les vacances de la Toussaint.
 
- Pourquoi la création d’un nouveau pôle des sciences ?
- La création de ce pôle est un investissement important qui répond à des besoins croissants de structures liées à l’enseignement scientifique. La dynamique est forte en Balagne, le collège de Calvi voit sa population augmenter progressivement. Ce bâtiment d’environ 300 m², qui se compose de deux salles et d’un laboratoire, permettra des conditions de travail plus modernes et mieux adaptées aux pratiques pédagogiques d’aujourd’hui. Des préaux seront également construits pour faire face aux épisodes de chaleur qui se multiplient. Un autre pôle des sciences a démarré à Baleone et s’ajoute au pôle des Sciences de Montesoro à Bastia. Les pôles des sciences font partie de nos priorités. Un autre chantier important est le Centre de sécurité maritime qui est en construction à Bastia en lien avec le lycée maritime. Là aussi, cela permettra de faire, de cet établissement, un établissement de pointe pour tout ce qui concerne les métiers de la mer. Un de nos objectifs est d’avoir un lieu de formation de grande qualité qui devrait être opérationnel en 2025. Nous avons donc fait des investissements assez importants et nous continuons à investir dans les collèges et les lycées.
 
- L’éducation reste donc toujours une priorité pour l’Exécutif corse malgré les difficultés budgétaires ?
- Oui ! Complètement ! Nous avons fait face aux difficultés de construction dues à l’augmentation des coûts des matériaux. Malgré tout, nous maintenons nos chantiers. Ceux de la rénovation énergétique et thermique font aussi partie de nos priorités, notamment en lien avec la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie). Est prévue également, dans les années qui viennent, la création d’un nouvel établissement pour le grand Aiacciu. C’est un projet d’un peu plus long terme qui nécessitera forcément une programmation pluriannuelle plus pointue et inscrite dans le temps. Malgré un certain nombre de restrictions budgétaires, il est, pour nous, primordial que l’éducation reste un facteur essentiel d’émancipation et donc d’investissements.
 
- Vous avez évoqué les transports scolaires. Est-ce aussi un poste budgétaire important ?
- Oui ! Le transport scolaire est une compétence importante qui représente 27 millions d’euros pour 384 lignes de transport. C’est un budget conséquent, mais on ne déroge pas au principe que les jeunes ont besoin d’être transportés. On pense évidemment en priorité au rural. La CDC fait le maximum, y compris quand le nombre d’élèves est extrêmement restreint. On fait toujours en sorte que les élèves ne restent pas en rade et que le territoire soit maillé. Le transport scolaire fait vraiment partie intégrante de nos priorités, et surtout de la manière dont nous voyons le développement du territoire. Nous ne voulons pas que les familles quittent le rural ou des régions qui sont moins bien desservies en raison d’une faiblesse ou d’un manque de transport. Notre objectif est d’être présent partout où il y a un besoin. C’est la raison pour laquelle le transport scolaire est un des postes principaux de dépenses.
 
- En quoi consiste le nouveau schéma de la vie étudiante ?
- Nous avons fait, il y a quelques mois, l’évaluation du schéma 2019 - 2023. Ce schéma avait pour originalité de mettre en œuvre une trentaine de mesures à disposition des étudiants. Nous avons souhaité engager sa révision et nous avons tenu des réunions de concertation avant l’été. Ce qui nous a permis de rédiger un nouveau schéma. L’idée était de prendre en compte les demandes des jeunes et surtout de s’adapter. Pendant la crise COVID, la précarité étudiante s’est intensifiée. Ce qui a conduit à une augmentation assez importante des demandes d’aides, soit environ 30 % d’augmentation en deux ans. Ces cinq dernières années, nous avons consacré à ce schéma 12 millions d’euros, soit une moyenne d’environ 2,5 millions € par an, juste sur l’aide à la vie étudiante. Le nouveau schéma 2024-2026 a pour but de permettre une meilleure prise en charge globalisée avec une trentaine de mesures. Ce nouveau schéma a été issu d’un certain nombre de débats et de propositions qui ont été discutées avec nos principaux partenaires, dont les syndicats et les associations étudiantes.
 
- Quelles sont les nouvelles mesures ?      
- D’abord, la création de la plate-forme Ghjuventù, qui sera le point d’entrée de ce Plan d’accompagnement de la vie et de la réussite étudiante. Il permettra un véritable suivi et une structuration des services plus efficiente. Ensuite, la préparation aux grandes écoles sera différenciée du parcours d’excellence. Jusqu’à présent, le parcours d’excellence mélangeait à peu près tous les types d’aides, dorénavant nous aurons d’un côté, le parcours excellence et de l’autre, un programme spécifique d’aide à la préparation aux Grandes écoles. Une autre mesure porte sur une prise en charge globale de la mobilité. Le précédent schéma faisait une distinction entre une mobilité pour un stage ou pour autre chose. Désormais, tout étudiant, qui doit faire un stage ou étudier hors de notre territoire, que soit en France ou à l’étranger, peut demander une aide matérielle pour son voyage ou son séjour, que ce soit du transport ou de l’hébergement. Il y a notamment un besoin spécifique sur les Grandes écoles où les demandes sont de plus en plus importantes. Cette prise en charge globale et non plus sectorielle de la demande de mobilité est une amélioration du dispositif. De même, le remboursement du matériel informatique sera réévalué parce qu’il répond à un besoin essentiel. Le matériel informatique fait partie des outils de base d’un étudiant. Les jeunes nous ont aussi demandé plus de flexibilité et la création d’une commission ad hoc pour instruire des demandes d’étudiants qui sont considérés comme hors dispositif. Un étudiant qui est dans une situation particulière et ne rentre dans aucun dispositif, plutôt que de recevoir un refus, peut bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Cette commission permet de prendre en compte, au cas par cas, des situations particulières. Un autre point important est de pouvoir plus facilement aider les associations étudiantes, notamment celles qui luttent contre la précarité des jeunes. Jusqu’à présent, on lançait des appels à projets, mais c’était parfois difficile pour elles de candidater. L’idée est vraiment d’offrir une aide spécifique. Enfin, on crée un support qui permettra à travers une plate-forme de mieux suivre le parcours universitaire d’un étudiant. Il pourra être suivi par un conseiller dédié.
 
- Qu’est-ce l’application Ghjuventù ?
- C’est une application où les jeunes peuvent retrouver toutes les aides et tous les contacts, y compris le Pass Cultura, les aides de rentrée... Cette application, qui a été mise en place par Lauda Guidicelli à travers sa délégation jeunesse, est également très largement utilisée pour tout ce qui est action éducative, aides financières, accompagnement sur des aides culturelles, etc. Aujourd’hui cette application est très largement téléchargée et est connue de beaucoup de jeunes. Pour nous, cela fait aussi partie de la réussite de l’année passée et, nous l’espérons, des années à venir. Nous faisons tout cela pour les jeunes, mais il faut aussi que les jeunes s’emparent des outils pour mieux connaître les aides. La Collectivité de Corse est proactive et dynamique dans le domaine de l’éducation et plus généralement de la jeunesse, mais il y a souvent une méconnaissance des aides et de tout ce que nous faisons.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.