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Assemblée de Corse : Lancement des commémorations du 40ème anniversaire de l’institution et du statut particulier


le Mercredi 2 Mars 2022 à 19:13

La présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, a officiellement et symboliquement lancé, mercredi matin à Aiacciu, les festivités du 40ème anniversaire du statut particulier et de l’instauration de l’Assemblée de Corse. Un lancement symbolique en présence des anciens présidents de l’Assemblée, 40 ans jour pour jour, à la date exacte de la promulgation de la Loi portant statut particulier. En vidéo : les souvenirs de l’ex-président, Dominique Bucchini.



Le 2 mars 1982, il y a tout juste 40 ans, était promulguée la loi donnant un statut particulier à la Corse. Quelques mois plus tard, en juillet, une deuxième loi précisait les compétences de la nouvelle Assemblée de Corse. Le 8 août, les premières élections à la proportionnelle avaient lieu avec 17 listes engagées dans la bataille électorale. Le taux de participation atteint 70 %. Le 20 août, la nouvelle Assemblée, issue des urnes, est installée, et élit Prosper Alfonsi à la présidence. Mercredi matin, à Aiacciu, c’est dans la salle des délibérations du Palais Lantivy, siège par défaut de l’Assemblée naissante, que son actuelle présidente, Marie-Antoinette Maupertuis, a lancé le cycle des commémorations qui marqueront le double 40ème anniversaire de l’Assemblée de Corse et du statut particulier. Elle a, pour l’occasion, demandé aux présidents des différentes institutions, le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, la présidente du CESEC, Marie-Jeanne Nicoli, le président de l’Assemblea di a ghjuventu, mais aussi à tous les protagonistes encore vivants d’être présents en ce jour particulier pour livrer leur témoignage. Et ils étaient là : José Rossi, Camille de Rocca Serra, Paul Giacobbi, Dominique Bucchini, Tony Casalonga, Raymond Ceccaldi, et les deux opposants de l’époque : Léo Battesti et Pierre Poggioli. Mais aussi des anciens élus, comme le député Michel Castellani ou l’élu de droite, Jérôme Polverini, les représentants des groupes des trois Assemblées. 
 
Un jour symbolique
« Si le 20 août est l’acte fondateur d’une nouvelle période institutionnelle pour la Corse et certainement le jour le plus symbolique, nous avons retenu ce mercredi 2 mars 2022 pour lancer ce qui sera le cycle de commémorations des 40 ans du statut particulier et de l’Assemblée de Corse », explique Nanette Maupertuis. « En cette première date anniversaire, nous avons voulu avec le Président du Conseil exécutif de Corse, d’une part installer le comité d’honneur et le comité de pilotage qui présideront à ces commémorations, et d’autre part, présenter aussi les grandes lignes du projet commémoratif ». Le comité d’honneur, instauré par une délibération du 27 janvier dernier, est composé des anciens présidents de l’Assemblée de Corse, du Conseil exécutif et du CESEC, qui se sont succédés. Le comité de pilotage, quant à lui, est composé de la Présidente du CESEC, Marie-Jeanne Nicoli, des présidents des groupes de l’Assemblée de Corse et des vice-présidents de l’Assemblea di a Giuventù. « La loi du 2 mars est le fondement politique qui crée, pour la première fois, une Assemblée à vocation pluraliste ». L’idée était, au départ, de présenter les grandes orientations que prendrait cette année de commémoration » et puis, précise la présidente, « nous nous sommes penchés dans les archives, la presse de l’époque, les reportages, les images de l’INA. Nous avons revu ces visages connus, ceux des élus de 1982 mais aussi ceux des candidats et des détracteurs du statut. Ces visages suscitèrent chez nous, analyses politiques rétrospectives, souvenirs et anecdotes. Évidemment certains ne sont plus là et je souhaite leur rendre hommage. Dès lors, avec le Président Simeoni, il nous a semblé naturel et logique, de convier à ce lancement des célébrations, ceux qui étaient là en 1982 et sont encore parmi nous. Certains n’ont pu être là aujourd’hui, mais en cette longue année de commémoration, il y aura d’autres rendez-vous importants lors desquels ils pourront nous rejoindre dans la démarche commémorative ». 
  
Un devoir de transmission
Tout en prévenant que « Les célébrations et commémorations sont souvent soumises à interprétation, voire à controverse », la présidente Maupertuis revient, ensuite, sur le contexte de l’époque : « Cette histoire nous est commune, c’est celle des Corses, et nous avons un devoir de commémoration et de transmission. Ceux qui sont, ici, la connaissent mieux que moi, qui n’étais qu’adolescente à l’époque, et savent pourquoi et comment a germé l’idée d’un statut. Ceux qui sont ici, savent que la Corse était dans une impasse politique. La gauche au pouvoir a, alors, misé sur la décentralisation et a permis à la Corse d’avoir des institutions en capacité d’intégrer, dans les politiques publiques, les contraintes géographiques, l’histoire et les difficultés économiques et sociales de notre île. Le statut de 82 a été une réponse politique, de même que l’amnistie ou la suppression de la Cour de sureté de l’Etat, à la crise que nous connaissions alors. Nous n’oublions pas non plus que certains qui n’étaient, ni de gauche, ni nationalistes, étaient décentralisateurs, même envers et contre leur famille politique ». Elle annonce que ces événements seront commentés lors d’un cycle de conférences dirigé par le Doyen Jean-Yves Coppolani et le politiste André Fazi. « Nous nous souvenons bien sûr des limites intrinsèques de ce premier statut et des difficultés de gouvernance de cette première Assemblée ».

Un triple objectif
Aussi, a-t-elle décidé que les manifestations envisagées doivent obéir à un triple objectif : « il s’agit tout à la fois de commémorer et célébrer, de transmettre et de rapprocher les Corses de notre institution mais aussi de rénover et d’innover ». Nanette Maupertuis conclut en formulant un vœu. « Qu’en ces moments difficiles, nous nous souvenions et faisions savoir que la Corse a démontré sa capacité à faire vivre ses statuts successifs. Que nous fassions savoir que les difficultés rencontrées pendant ces 40 années, malgré nos rapports politiques parfois conflictuels, entre nous élus d’appartenances politiques diverses, entre nous et l’Etat, au sein de nos propres familles politiques, malgré nos malheurs, que nous enseignions à ces jeunes, qui sont ici représentés par l’Assemblea di a Giuventù, que malgré tout cela, la démocratie, le dialogue et la solidarité ont toujours prévalu. Et c’est cet acquis-là, au nom de l’Assemblée de Corse, que je souhaiterais voir transmis aux générations futures qui ont le droit au bonheur ».

(Photos et vidéo Michel Luccioni)