Le Cardinal Dominique Mamberti, l'évèque de Corse et les confrères de San Ghjisè à Bastia.
La précédente visite d’un cardinal à Bastia date de 1955, quand le cardinal Roncaglia est venu sur la Place Saint-Nicolas fêter Notre Dame du Grand Retour. Peu de temps après, il devient le pape Jean XXIII. C’est dire si la venue d’un cardinal, et qui plus est d’un cardinal corse, d’un enfant de l’île, originaire de Vico, est déjà en soi un événement ! Que ce cardinal choisisse la fête la plus populaire de Bastia, A San Ghjisè, comme le jour d’avant il avait choisi A Madunuccia à Ajaccio, et l’événement s’empreint d’une dimension et d’un symbolisme particuliers. Les Bastiais se sont, donc, pressés, en nombre pour célébrer leur saint patron, et, campagne électorale oblige, à trois jours du 1er tour des élections départementales, les élus politiques et les candidats aussi !
Une messe solennelle
La célébration a débuté, comme à son ordinaire, par une messe in lingua nustrale, chantée par les confrères venus de toute la microrégion. Après la traditionnelle intronisation de nouveaux membres dans l’archiconfrérie de Saint Joseph, la messe solennelle a été célébrée par le Cardinal Mamberti, assisté de Mgr De Germay, évêque de Corse, et de nombreux prêtres des paroisses bastiaises et environnantes. « Nous tenons à exprimer toute la joie de l’Eglise de Corse de vous recevoir pour la célébration de Saint-Joseph », assure, d’emblée, le chanoine Francis Grisoni au prélat corse. « C’est une grande joie et une grande émotion, pour moi, de venir en Corse retrouver les racines, qui sont les miennes et auxquelles je suis très attaché, même si le service de l’Eglise m’entraîne vers d’autres destinations », répond le Cardinal Mamberti, visiblement ravi et ému.
Une fête universelle
Précisant que « Saint Joseph est une grande fête, non seulement pour la ville de Bastia, mais aussi pour l’Eglise universelle », il rend hommage au Saint patron, époux de la Vierge Marie, dont les attributs sont « le silence et l’action, la vocation cachée dans le mystère de Dieu » et sa mission : « être koustos, gardien de Jésus et de Marie ». Il explique que le pape François voue « une dévotion particulière à Saint Joseph. Il garde sur la commode de sa chambre une statue du saint endormi sous laquelle il glisse ses intentions de prière… cela prouve toute la confiance du Saint père dans l’intercession de Saint Joseph... Sa première homélie de son ministère pastoral eut lieu le jour de la Saint Joseph ». Le Cardinal Mamberti voit, dans le Saint patron de la ville de Bastia, « le modèle de l’éducateur et du père, celui qui a gardé le mystère de la paternité ». Il donne, ensuite, lui-même la communion aux fidèles qui affluent vers lui. La messe terminée, le Cardinal rejoint, derrière l’église, la maison de l’archiconfrérie, où Fanfan Dal Coletto, qui en fut pendant 30 ans le prieur, lui remet, après un long préambule, la médaille des confrères.
Tamant’onore è piacè
Puis, c’est au tour du maire de Bastia, Gilles Simeoni, de lui remettre la médaille de la Ville, après une allocution de bienvenue très appréciée. D’abord, in lingua nustrale : « Tamant’onore è tamantu piacè, prima, per a vostra isula di Corsica, d’accoglie unu di i so figlioli frà i più eminenti è i più prestigiosi. A sapete bè, O Eminenza Mamberti, chi da u vostru beculu Viculese à e sarre di Niolu, da e marine à e muntagne, da Ersa à Bonifaziu, da Aiacciu eri per a Madunuccia (Aiacciu indu vo fustite urdinatu prete in u 1981) à Bastia oghje, per a San Ghjisè, site, in ogni locu, in ogni paese, è in ogni casa qui, in tarra vostra. In casa vostra. Tamant ‘onore è tamantu piacè, secondu, per a nostra cità di Bastia, di receve vi in issu ghjornu di festa è di spartera. Bastia, capitale di a Corsica durante u perìudu mudernu, portu apertu à i venti, cità arradicata ind’è u so circondiu incù Cardu, Casevechje, è e Ville. Tamant’onore è tamantu piacè, infine, per issu carrughju di San Ghjisè. Dopu à e stragge di i ghorni passati, chi anu adduluritu famiglie stimate è cunnisciute da a nostra cità è i nostri cuntorni, hè vultatu un sole veranile nant’à a nostra cità. Arricurdemu ci chi, tempi passatoni, i zitelli invucavanu à San Ghjisè per fà stancià di piove, in cù u dettu seguente : un piuvì, un piuvì, San Ghjiseppu s’hè messu à durmì, cu anant’à e bracce u nostru Signore, stancì acqua è luce sole ».
Le rôle des confréries
Gilles Simeoni revient, ensuite, sur la riche carrière de Dominique Mamberti et précise qu’il est le premier Corse à être élevé à la pourpre cardinalice depuis 150 ans. Il rend hommage aux confréries et souligne leur implication majeure dans la vie collective de Bastia, « dont le rôle et l’activité sont essentiels pour la cohésion cultuelle, culturelle, et sociale de la Cité : Sainte Croix, l’Immaculée Conception, Saint Charles, Saint Roch, et bien sûr, celle qui nous accueille aujourd’hui, l’Archiconfrérie de Saint Joseph, fête patronale de Bastia, protecteur des menuisiers ».
Un hommage repris par le cardinal Mamberti dans ses remerciements (cf vidéo).
Ce sont les confréries qui, comme d’habitude, emmèneront la traditionnelle procession de l’après-midi de Saint Joseph jusqu’à la Citadelle. C’est avec beaucoup de simplicité et de bonne humeur que le prélat déambulera dans les rues et les dédales du quartier et suivra jusqu’au bout les cérémonies.
N.M.