C’est une victoire historique ! Le front anti-Zuccarelli vient de mettre fin à 108 ans de Zuccarellisme. Le Nationaliste Gilles Simeoni est, désormais, le prochain maire de Bastia. Ce n’est pas une alternance, c’est une révolution ! Ce n’est pas seulement un changement de personnes, mais un profond bouleversement autant dans le paysage politique que dans la méthode, la manière d’envisager la politique. La victoire est d’autant plus belle qu’elle est partagée. Les électeurs bastiais de droite, de gauche et nationalistes ont compris le message et ont sacré l’union de leurs leaders. L’abstention, que tout le monde craignait, n’a pas été au rendez-vous. Avec un taux de participation équivalant à celui du 1er tour et flirtant avec les 80%, la mobilisation a, même, été massive. La liste Bastia est plébiscitée par 9431 voix contre 7592 voix pour la liste Zuccarelli. Elle engrange 1839 voix d’avance, soit 11 points de plus ! Les électeurs de Gilles Simeoni l’ont suivi. Ceux de droite ont voté à près de 95% en faveur de l’union. Le duo Tatti-De Gentili a très bien limité les pertes avec un maintien estimé entre 60-70% des votes du 1er tour. Si une partie des Indépendantistes s’est abstenue ou a voté nul, la plupart ont surmonté leur dépit et adoubé le leader modéré.
Des scores sans appel
L’union a raflé la majorité des bureaux de vote et affiché des écarts souvent très forts, parfois du simple au double, avec la liste concurrente. Un exemple symbolique : elle emporte largement le bureau 1 de l’Ancienne mairie, le bureau centralisateur où, sur 404 votants, elle recueille 253 suffrages contre 130 pour Jean Zuccarelli, soit 66% des voix. L’union a, quasiment, absorbé la totalité des voix qui, au 1er tour, se sont portées sur Gilles Simeoni (120), Jean-Louis Milani (84) et François Tatti (59). Elle affiche, pratiquement partout des scores sans appel : 57,62% au bureau 2 Jean Nicoli, 62,30% au bureau 3 de l’Ecole du centre, 61,90% au bureau 3 Maison des combattants, 62,15% au bureau 6 du théâtre, 61,36% au bureau 11 Notre Dame de Lourdes, 63,3% au bureau 15 de l’école du Chiostru… Nombre de bureaux, qui avaient placé Jean Zuccarelli en tête au 1er tour, ont basculé comme le bureau 21 Maisons des quartiers, le bureau 9 Ecole de l’Annonciade ou le bureau 10 Ecole de Toga… Les quartiers Sud, aussi, ont fait leur mue.
Mairie et CAB assurées
L’équipe sortante, menée par Jean Zuccarelli et Francis Riolacci, paye durement une très mauvaise campagne axée sur la stratégie de la peur et de la calomnie qui s’est retournée contre ses initiateurs. Les Bastiais ont clairement dit : « Non » à l’héritier et choisi l’alternance. Au final, l’union récolte 34 conseillers contre 9 pour l’équipe Zuccarelli. Avec l’élection de 16 conseillers communautaires sur 20, elle s’assure, également, la présidence de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia), en agrégeant les conseillers de droite de Ville-de- Pietrabugno et de Furiani. Jean Zuccarelli, qui espérait au moins sauver les meubles en s’adjoignant la CAB, perd sur tous les tableaux. François Tatti, qui occupera le siège, sait, comme ses partenaires, qu’il a fait le bon choix.
Le rejet de la gauche
Le rejet de la dynastie Zuccarelli est clair et il va peser très lourd sur les prochaines échéances cantonales et territoriales de 2015, peut-être repoussées à 2016. La gauche insulaire, en très mauvaise posture, après la perte des deux principales villes, ne pourra pas faire l'impasse d'une autocritique tant au niveau de ses pratiques que de son discours.
La droite, grand vainqueur de ce scrutin, est reboostée. Triomphante à Porto-Vecchio, arrachant Ajaccio et retrouvant vie à Bastia, elle peut, de nouveau, regarder l’avenir avec un certain optimisme. Son emprise confortée dans le Sud, elle utilisera, de toute évidence, au Nord, son assise municipale pour récupérer des cantons et, peut-être même, portée par la dynamique du changement, lorgner la présidence du département.
Un pragmatisme payant
Si le bilan global des Nationalistes est mitigé dans l’île, malgré leur entrée dans nombre de conseils municipaux et la prise de quelques communes, la victoire historique de Gilles Simeoni à Bastia change considérablement la donne et rebat les cartes en sa faveur en Haute-Corse. Il apparaît, plus que jamais, comme le leader incontestable du nationalisme. Sa ligne politique, entre pragmatisme et ouverture, s’avère, encore une fois, payante. Si, depuis le redécoupage, les modérés ont peu de chance d’emporter un canton dans le Nord, la prise de Bastia va peser sur les Sénatoriales et leur ouvre grand le chemin des Territoriales. Et, on ne voit pas ce qui pourrait arrêter la dynamique de changement qui souffle sur l’île.
N.M.