Une rentrée bastiaise placée sous le signe de la culture. Du 13 au 15 septembre prochains, les rencontres littéraires du festival Libri Mondi font leur grand retour. Pour cette huitième édition, sept auteurs et autrices triés sur le volet sont conviés au Museu di Bastia pour échanger avec le public. « « Avec les six autres membres de l’équipe, on réfléchit au fil de l’année à la programmation. Selon les œuvres que l’on a aimées, on établit un choix final. - explique Sébastien Bonifay, président de Libri Mondi, - La littérature est plurielle, on veut défendre la plus populaire comme la plus exigeante. On trouve intéressant de mêler les styles et les nationalités. Mettre les écrivains dans une case équivaut à les réduire à moins de choses qu’ils ne sont. Le public vient sans avoir une idée précise de ce qu’il va trouver. Au moment des échanges, on essaie d’élargir et de parler de l’ensemble de leur œuvre, pas uniquement de leur dernier livre. »
Le vendredi 13 septembre, la journée s’ouvrira par une rencontre avec Jérôme Ferrari, Prix Goncourt 2012 pour Le Sermon sur la chute de Rome, qui publie son neuvième roman, Nord Sentinelle. « Il a déjà participé plusieurs fois au festival. C’est un auteur considérable, une évidence. On l’aime énormément et on le suit depuis ses débuts. Tout le monde attend son nouveau livre, que l’on a trouvé formidable. » se réjouit Sébastien Bonifay.
Le lendemain, le public sera convié à des échanges avec trois autres auteurs. L’écrivain américain Arthur Nersesian, dont le livre Fuck up, écrit il y a quarante ans, est traduit pour la première fois en France. Il livre un portrait sauvage et cru de New York et de la faune qui la peuple. Son East Village est celui d’avant la gentrification, les hipsters et les bars à la mode.
Monica Sabolo se prêtera elle aussi au jeu avec La Vie clandestine, son dernier roman publié en 2022. Alors qu’elle enquête sur un groupe armé révolutionnaire d’extrême gauche, elle va se confronter à un épisode traumatisant de son enfance.
Jean-Baptiste Andrea, Prix Goncourt 2023 pour Veiller sur elle, clôt cette deuxième journée de festival. Dans son dernier livre, il fait de la petite ville de Pietra d’Alba le théâtre de l’histoire de Mimo et Viola, inscrivant ces deux personnages dans les réflexions sociales et politiques des grandes transformations de l’Italie du XXe siècle. Sébastien Bonifay analyse : « Il a déjà vendu 700 000 exemplaires de Veiller sur elle. Ce Goncourt plaît à des lecteurs et à des lectrices dont le profil est très différent. Cela sera aussi l’occasion pour le public de découvrir ses autres livres, comme Cent millions d’années et un jour, ou encore Des diables et des saints. »
Le festival prendra fin le dimanche 15 septembre aux côtés de Richard Krawiec, Giosuè Calaciura et Ivy Pochoda. Richard Krawiec, romancier américain né en 1952, peint des individus fracassés, broyés par une misère aussi bien sociale qu’affective et intellectuelle. Il publie Croire en quoi ?, qui raconte l’histoire d’un père de famille luttant pour subvenir aux besoins de sa femme et de sa fille handicapée. « Il écrit des romans très noirs, d’une grande beauté et d’une grande humanité. Chez Libri Mondi, on est très fans » précise l'organisateur..
Giosuè Calaciura, écrivain italien, aborde quant à lui des sujets tels que la pauvreté, les migrations et le crime organisé en Sicile. Dans son dernier ouvrage, Pantelleria, il décrit en cent anecdotes une minuscule île oubliée au large de la Sicile, perle noire entre Europe et Afrique. « Cet auteur est habituellement difficile à joindre, mais il est l’un des écrivains préférés de Jérôme Ferrari, qui est ravi de pouvoir passer du temps avec lui. » sourit Sébastien Bonifay.
Ivy Pochoda, autrice américaine, publie Ces femmes-là. Elle narre le parcours d’un tueur qui erre dans un quartier déshérité du sud de Los Angeles, où cinq femmes noires se partagent un bout de trottoir et tentent de continuer à vivre après le passage du criminel. Diplômée de Harvard en littérature grecque classique, 38e joueuse mondiale de squash, Grand prix de littérature américaine en 2018 avec Route 62, Ivy Pochoda ne cesse de surprendre, livre après livre. « La littérature a fait ses preuves depuis L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, il y a presque 3000 ans. Elle a toujours accompagné les êtres humains. Elle permet de voir et d’appréhender le monde de multiples façons. Elle est d’autant plus importante à une époque où elle a tendance à être sous-estimée. » fait remarquer, pour finir, Sébastien Bonifay.
Environ 1500 personnes sont attendues durant le week-end du festival.