Corse Net Infos - Pure player corse

Bastia : la parole aux jeunes apprentis de Haute-Corse


Rémi Di Caro le Mercredi 18 Septembre 2019 à 12:35

Après avoir démarré en Corse-du-Sud à Ajaccio, Sartene et Propriano, le 4ème volet du "Mercato de l'Apprentissage" se déroulait ce mercredi matin au Nord de l'ïle. C'est dans les locaux de la Mission Locale de Bastia que se mêlaient, ce jeudi 18 septembre, chefs d'entreprises, apprentis et de nombreux autres acteurs de l'apprentissage en Corse (CFA de Haute-Corse, Cap Emploi, Réseaux consulaires, Ecole de la 2e chance, DIRRECCTE de Corse, MEDEF) afin d'échanger sur la question de l'apprentissage dans la région. En compagnie de Pierre Savelli, maire de Bastia et Président de l'ARML (Agence Régionale des Missions Locales), et du préfet de Haute-Corse, François Ravier, les jeunes apprentis ont pu faire connaître leur formation et la particularité de chacune d'entres elles afin de revaloriser une branche trop souvent ternie par de nombreuses idées reçues.



Si en Corse, la conjoncture du marché de travail et le fort taux de chômage restent des sujets pour le moins sensibles, l'apprentissage et la formation apparaissent comme des thématiques devant, sans cesse, être remises en question. Alors que les effectifs d'apprentis sont en augmentation (1 839 en Corse pour la campagne 2018-2019), avec un nombre d'entrées augmentant de 5% par an, de nombreuses actions restent à mettre en place afin de continuer à promouvoir la voie de l'apprentissage. C'est le cas de ce "Mercato de l'Apprentissage" qui "s'inscrit dans un cadre de valorisation de l'apprentissage et des perspectives d'emploi importantes qu'il offre aux jeunes qui suivent cette branche de formation".

Selon Emmanuelle Bar-Arrighi, directrice de la Mission Locale de Bastia, "le principal problème est l'image que renvoie l'apprentissage, trop souvent associé à un choix d'échec". Même point de vue partagé à l'unanimité par les nombreux acteurs présents dans la salle, dont le maire de Bastia, Pierre Savelli, pour qui, "il y a un véritable travail à faire sur la mise en valeur de l'apprentissage".
Pourtant, les témoignages recueillis auprès des jeunes apprentis ont permis de faire découvrir une autre réalité. C'est le cas de Yassin, 25 ans, qui après avoir débuté un contrat d'apprentissage à 16 ans, au sein du CFA de Haute-Corse, et après avoir bénéficié d'une formation à l'AFPA de Corte, est désormais à la tête de sa propre entreprise dans le domaine de l'électricité, et emploie lui-même un apprenti, "grâce au travail effectué par la Mission Locale". Anthony, lui, a décidé de s'orienter vers un apprentissage en boucherie, "afin de découvrir un métier dénigré, presque oublié" et est, aujourd'hui, titulaire d'un Contrat à Durée Indéterminée au sein d'une entreprise locale.


Pour Jean-Pierre Navari, représentant de SOLECO, un établissement qui emploie 70 personnes toutes issues de l'apprentissage ou de l'alternance, "il est important de créer des bonnes bases et de transmettre un savoir, c'est ce qui permettra à l'entreprise de se déployer et de grandir". D'autres représentants de firmes reconnues, tel que Orange, Corse GSM, EDF, Ghisoni, etc.. ont également échangés sur la plus-value que signifiait la prise en charge d'apprentis au sein de leur structure respective. "Si au début, on pourrait craindre le comportement de ces jeunes, ils font, pour la majorité d'entre eux, preuve d'exemplarité, de maturité et de savoir-être" selon ce responsable d'Orange. "Ils apportent également quelque chose de rafraîchissant et de nouvelles compétences".

Les choses semblent évoluer dans le bon sens, en témoigne la loi du 5 septembre 2018 "Pour la liberté de choisir son avenir professionnel" qui permet notamment d'entrer en apprentissage jusqu'à 30 ans, contre 25 ans auparavant, une évolution de la durée de contrat, ou encore une aide financière octroyée aux apprentis majeurs désirant passer leur permis de conduire de catégorie B.
Xavier Luciani, directeur du CFA de Haute-Corse, a indiqué que " si cette nouvelle loi permettait de générer des espoirs, tout reste à faire au niveau des organismes de formation". "Il y a un travail de persuasion à mettre en place: les entreprises doivent s'orienter vers un vrai recrutement".
Enfin, François Ravier,  s'est félicité du contenu de cette réunion "qui a tenu toutes ses promesses". "Nous nous devons de moderniser l'image de l'apprentissage, et de dépoussiérer celle de certains métiers. Pour cela, il faut aussi convaincre les chefs d'entreprise que l'apprentissage est le meilleur moyen de transmission" a-t-il précisé.