Corse Net Infos - Pure player corse

Blocage du lycée agricole de Borgo : les élèves restent mobilisés


MV le Mercredi 12 Mars 2025 à 14:22

Le mouvement s’intensifie au lycée agricole de Borgo, bloqué depuis mardi par les élèves. Ce mercredi, une soixantaine d’entre eux, soutenus par des enseignants et des syndicats, ont manifesté devant la préfecture de Haute-Corse, où une délégation a été reçue par un représentant du préfet. Tous dénoncent une réforme du ministère de l’Agriculture et de la DRAAF qui prévoit la suppression de la spécialité agroalimentaire du bac STAV et le regroupement de trois classes de terminale. Une restructuration qui, selon eux, met en péril la qualité de l’enseignement et les conditions d’apprentissage.



Devant les grilles, les revendications s’affichent en toutes lettres : "Per u nostru avvene". Pour les élèves du lycée agricole de Borgo, la réforme engagée par le ministère de l’Agriculture et la DRAAF menace l’essence même de leur formation et de leur "avvene"." Un enseignement standardisé, coupé des réalités agricoles corses," c’est ce qu’ils refusent. Et pour se faire entendre depuis mardi matin, le blocus de l’établissement est total. Ce mercredi 12 mars, ils ont franchi un cap en manifestant devant la préfecture de Haute-Corse, où une délégation a été reçue par un représentant du préfet. Dans leur ligne de mire, une réorganisation qui bouscule les équilibres : la suppression de la spécialité agroalimentaire du bac STAV et le regroupement de trois classes de terminale. Une restructuration qui, selon eux, va sacrifier la qualité de l’enseignement et alourdir les conditions d’apprentissage.

"On détruit ce qui fonctionne"
Face à cette réforme, la crainte est unanime. "Ce qui marche ici, c’est qu’on a des petits effectifs. On est bien encadrés, on apprend dans de bonnes conditions. Avec cette réforme, on va se retrouver à 35 en classe, c’est intenable." explique Jean-Félix Acquaviva, élève mobilisé, en pointant une absurdité. "On nous parle de regroupements et d’optimisation, mais c’est un recul. Moins d’heures de cours, des options supprimées, des classes bondées… On nous impose une logique comptable au détriment de la pédagogie", déplore-t-il. 

Les enseignants partagent cette analyse. Ils dénoncent une baisse de la Dotation Globale Horaire, qui se traduira par moins d’heures de cours, des options supprimées et des classes surchargées. Une logique de rentabilité qui, selon eux, ne peut pas s’appliquer à un lycée agricole. "On veut nous imposer un modèle qui ne correspond en rien à nos réalités. Réduire les heures d’enseignement, regrouper les classes, c’est sacrifier des formations entières et précariser l’avenir des élèves."

Présents aux côtés des manifestants, les syndicats STC, Sea-UNSA et Sgen-CFDT dénoncent, dans un tract, un passage en force du ministère, sans concertation avec les acteurs locaux. "L’enseignement agricole est un pilier de la politique agricole corse. Si on supprime des filières, si on casse cet équilibre, on impacte directement l’avenir du monde agricole sur l’île." Leur message est clair : pas question de laisser les élèves en difficulté sur le bord de la route ni de voir disparaître des postes sous prétexte d’optimisation. Ils réclament des garanties écrites du ministère sur le maintien des dotations horaires et des conditions d’enseignement adaptées aux spécificités de la Corse.

La mobilisation a conduit à une première rencontre en préfecture ce mercredi. Une délégation d’élèves et d’enseignants a été reçue par un représentant du préfet. Le prochain round se jouera vendredi à Ajaccio, où une réunion est prévue avec la DRAAF, la Collectivité de Corse et l’ODARC. Les représentants du mouvement comptent y défendre leurs revendications et tenter d’obtenir des garanties sur l’avenir des formations menacées.

En attendant, le blocus du lycée agricole est maintenu. "Tant qu’il n’y aura pas de compromis, on ne lâchera pas."La balle est désormais dans le camp des autorités.

 

 


Le soutien de l'Assemblea di a Ghjuventù

Loin de se limiter aux seuls lycéens et enseignants, la mobilisation dépasse désormais le cadre de l’établissement. L'Assemblea di a Ghjuventù, qui réunit l’ensemble des groupes politiques de la jeunesse insulaire, a apporté son soutien au mouvement. Dans un communiqué commun, Voce Naziunale, Voce di l’Avvene, Scelta Patriotta, Ghjuventù di u STC, Chjama à l’Unità et Fronte Populare dénoncent une réforme qui met en péril l’avenir de l’enseignement agricole en Corse.
Ils pointent du doigt une baisse considérable de la Dotation Globale Horaire (DGH) dès la rentrée 2025, synonyme de regroupements de classes, suppressions de filières et de postes d’enseignants. Une politique d’austérité jugée inacceptable alors que la Corse aspire à renforcer son autonomie alimentaire pour mieux faire face aux crises climatiques et sociales. "Nous ne pouvons accepter que les moyens mis à disposition pour la formation de futurs professionnels du milieu agricole soient ainsi touchés. La Corse a besoin de formations de qualité pour permettre un développement durable de ce secteur. Ces formations offrent à la jeunesse insulaire l’opportunité de se former en Corse et de faire face aux enjeux agricoles spécifiques à notre territoire."

Les organisations de jeunesse assurent qu’elles resteront aux côtés des élèves et des enseignants mobilisés. Une prise de position qui souligne un peu plus l’ampleur du mouvement et la portée politique du combat engagé.