Napoléon Bonaparte et Charles-André Pozzo di Borgo sont deux enfants d’Ajaccio. Au regard de leurs carrières respectives, les rues de leur ville, la plaine de la Gravona, les montagnes corses et même les garnisons génoises de l’île devaient sembler bien étroites à ces deux jeunes ambitieux de la petit noblesse corse.
Si le premier peut s’enorgueillir d’avoir mis l’Europe sous sa coupe et d’avoir - manu militari – contraint les européens à vivre l’expérience politique des Lumières après la Révolution Française, le second -tel un Talleyrand Nustrale - compense son relatif anonymat historique par de bien beaux états de services. Né en 1764 il est propulsé député de l’Assemblée Constituante à 25 ans, nommé chef du Gouvernement Civil de la Corse à 28, président du Conseil d’Etat du Royaume Anglo-Corse à 30 et enfin diplomate pour le compte de l’Angleterre puis surtout de la Russie (pays dont il sera Ambassadeur en France jusqu’en 1835).
La trajectoire politique de ces deux enfants ajacciens, alliés sous la bannière paoliste dans leur jeunesse, témoigne d’une terrible opposition : quand Bonaparte est Jacobin, Pozzo di Borgo - à la tribune de l’Assemblée - porte une vision Girondine. Si Napoléon rêve de puissance et d’impérialisme, Pozzo di Borgo préfère les vertus de la diplomatie. L’opposition entre les deux hommes ne sera stoppée qu’avec la chute de Napoléon Premier et avec la fin du rêve impérial français. La fougue de Bonaparte désormais fauchée dans les plaines russes puis belges, Pozzo di Borgo peut désormais sereinement servir son idée de la France... en qualité d’Ambassadeur de Russie à Paris ! En 1818, il est fait Comte et pair de France. Une belle carrière pour l’homme dont Karl Marx notait qu’il resterait certainement comme “le plus grand diplomate russe de tous les temps”.
U Palazzu Fesch, cum’un ritornu in Paese.
Puisque les inimitiés ne peuvent pas - en principe - être éternelles, il fallait bien réconcilier le Comte et l’Empereur. C’est le pari que s’est fixée la Ville d’Aiacciu (et avec elle son musée municipal : Le Palais Fesch) à l’aube de cet été 2017 en proposant l’intégration d’un Fonds Pozzo di Borgo à la prestigieuse collection du Borgu Aiaccinu. Cette collection, déposée pour 5 années renouvelables par la famille Pozzo di Borgo, propose des pièces d’une qualité rare (le portrait de Charles-André et Jérôme Pozzo di Borgo respectivement peints par les portraitistes François Pascal Simon Gérard - dit “Baron Gérard” et par Franz Xaver Winterhalter) et de nombreux accessoires ou éléments du quotidien comme le très impressionnant Grand Portefeuille en velours vert brodé aux armes de l’Empire de Russie qui, bien que sous verre et indisponible à la consultation, abrite des trésors manuscrits en cyrillique.
Lors de la présentation officielle de ce Fond, Laurent Marcangeli, Maire (et député pour quelques jours encore) a confirmé la volonté visible, depuis quelques années déjà, de mettre en valeur les éléments artistiques et historiques ajacciens. Rien de plus naturel, dès lors, que de réunir ces deux frères ennemis en un même lieu. Des Milelli à Austerlitz ou d’Alata à l’Ambassade russe, monsieur le Maire assure que “réunir ces deux destins à l’ajaccienne a bien évidemment un sens”. En la matière, le premier magistrat de la ville se pose comme apte à “réhabiliter, organiser et communiquer autour de la réappropriation du patrimoine ajaccien” et de sa culture. La présentation du Fond Pozzo di Borgo est l’occasion pour Laurent Marcangeli de soulever la question du Château de la Punta, “véritable joyaux qu’il ne faut plus désormais oublier après de trop nombreuses années d’abandon”.
Une réflexion lancée, comme un appel à d’éventuels partenaires institutionnels et investisseur privés, afin de refaire de ce monument - construit à partir de pierres du Palais des Tuileries incendié lors de la commune de Paris en 1871 - un lieu d’exposition et de visite. Pour l’élu, se réapproprier les nombreux vestiges historiques de la ville et de la région est une nouvelle étape à passer vers la reconquête de “l’identité des hommes et femmes du pays ajaccien”.
Joseph Costamagna conservateur des musées de la Ville d’Ajaccio, profitant de l’occasion, a insisté sur cette reconquête en rappelant que la ville venait de faire l’acquisition du portrait de Pascal Paoli peint par Joseph Chabord. Aux côtés du maire, du Président de la CAPA et du Conservateur, le Duc Pozzo di Borgo précise la dimension finalement très actuelle de son prestigieux aïeul : “Il a refusé d’être ministre de Louis XVIII, c’était un européen convaincu. C’est un homme qui a travaillé, en qualité d’Ambassadeur de Russie, au bien être de la France bien plus et surtout plus longtemps que Napoléon 1er”..
C’est donc bien aussi un hommage à la constance du diplomate qui s’expose désormais dans les galeries du Palais Fesch.
Fonds Pozzo di Borgo, exposition permanente du Palais Fesch.
50-52 rue du Cardinal Fesch, 20000 Ajaccio.
04 95 26 26 26
OUVERTS D’OUVERTURE ETE 2017
Lundi, mercredi et samedi : 10h30-18h00
Jeudi et dimanche : 12h00-18h00
Vendredi 12h00-18h00 (12h00-20h30 en juillet et août)
Musée fermé le Lundi.
Si le premier peut s’enorgueillir d’avoir mis l’Europe sous sa coupe et d’avoir - manu militari – contraint les européens à vivre l’expérience politique des Lumières après la Révolution Française, le second -tel un Talleyrand Nustrale - compense son relatif anonymat historique par de bien beaux états de services. Né en 1764 il est propulsé député de l’Assemblée Constituante à 25 ans, nommé chef du Gouvernement Civil de la Corse à 28, président du Conseil d’Etat du Royaume Anglo-Corse à 30 et enfin diplomate pour le compte de l’Angleterre puis surtout de la Russie (pays dont il sera Ambassadeur en France jusqu’en 1835).
La trajectoire politique de ces deux enfants ajacciens, alliés sous la bannière paoliste dans leur jeunesse, témoigne d’une terrible opposition : quand Bonaparte est Jacobin, Pozzo di Borgo - à la tribune de l’Assemblée - porte une vision Girondine. Si Napoléon rêve de puissance et d’impérialisme, Pozzo di Borgo préfère les vertus de la diplomatie. L’opposition entre les deux hommes ne sera stoppée qu’avec la chute de Napoléon Premier et avec la fin du rêve impérial français. La fougue de Bonaparte désormais fauchée dans les plaines russes puis belges, Pozzo di Borgo peut désormais sereinement servir son idée de la France... en qualité d’Ambassadeur de Russie à Paris ! En 1818, il est fait Comte et pair de France. Une belle carrière pour l’homme dont Karl Marx notait qu’il resterait certainement comme “le plus grand diplomate russe de tous les temps”.
U Palazzu Fesch, cum’un ritornu in Paese.
Puisque les inimitiés ne peuvent pas - en principe - être éternelles, il fallait bien réconcilier le Comte et l’Empereur. C’est le pari que s’est fixée la Ville d’Aiacciu (et avec elle son musée municipal : Le Palais Fesch) à l’aube de cet été 2017 en proposant l’intégration d’un Fonds Pozzo di Borgo à la prestigieuse collection du Borgu Aiaccinu. Cette collection, déposée pour 5 années renouvelables par la famille Pozzo di Borgo, propose des pièces d’une qualité rare (le portrait de Charles-André et Jérôme Pozzo di Borgo respectivement peints par les portraitistes François Pascal Simon Gérard - dit “Baron Gérard” et par Franz Xaver Winterhalter) et de nombreux accessoires ou éléments du quotidien comme le très impressionnant Grand Portefeuille en velours vert brodé aux armes de l’Empire de Russie qui, bien que sous verre et indisponible à la consultation, abrite des trésors manuscrits en cyrillique.
Lors de la présentation officielle de ce Fond, Laurent Marcangeli, Maire (et député pour quelques jours encore) a confirmé la volonté visible, depuis quelques années déjà, de mettre en valeur les éléments artistiques et historiques ajacciens. Rien de plus naturel, dès lors, que de réunir ces deux frères ennemis en un même lieu. Des Milelli à Austerlitz ou d’Alata à l’Ambassade russe, monsieur le Maire assure que “réunir ces deux destins à l’ajaccienne a bien évidemment un sens”. En la matière, le premier magistrat de la ville se pose comme apte à “réhabiliter, organiser et communiquer autour de la réappropriation du patrimoine ajaccien” et de sa culture. La présentation du Fond Pozzo di Borgo est l’occasion pour Laurent Marcangeli de soulever la question du Château de la Punta, “véritable joyaux qu’il ne faut plus désormais oublier après de trop nombreuses années d’abandon”.
Une réflexion lancée, comme un appel à d’éventuels partenaires institutionnels et investisseur privés, afin de refaire de ce monument - construit à partir de pierres du Palais des Tuileries incendié lors de la commune de Paris en 1871 - un lieu d’exposition et de visite. Pour l’élu, se réapproprier les nombreux vestiges historiques de la ville et de la région est une nouvelle étape à passer vers la reconquête de “l’identité des hommes et femmes du pays ajaccien”.
Joseph Costamagna conservateur des musées de la Ville d’Ajaccio, profitant de l’occasion, a insisté sur cette reconquête en rappelant que la ville venait de faire l’acquisition du portrait de Pascal Paoli peint par Joseph Chabord. Aux côtés du maire, du Président de la CAPA et du Conservateur, le Duc Pozzo di Borgo précise la dimension finalement très actuelle de son prestigieux aïeul : “Il a refusé d’être ministre de Louis XVIII, c’était un européen convaincu. C’est un homme qui a travaillé, en qualité d’Ambassadeur de Russie, au bien être de la France bien plus et surtout plus longtemps que Napoléon 1er”..
C’est donc bien aussi un hommage à la constance du diplomate qui s’expose désormais dans les galeries du Palais Fesch.
Fonds Pozzo di Borgo, exposition permanente du Palais Fesch.
50-52 rue du Cardinal Fesch, 20000 Ajaccio.
04 95 26 26 26
OUVERTS D’OUVERTURE ETE 2017
Lundi, mercredi et samedi : 10h30-18h00
Jeudi et dimanche : 12h00-18h00
Vendredi 12h00-18h00 (12h00-20h30 en juillet et août)
Musée fermé le Lundi.