Camille de Rocca Serra, président du groupe « Rassembler pour la Corse» à la CTC, député de Corse du Sud.
- Quelle est votre réaction après cette adoption à laquelle vous avez participé ?
- Je pense que j’y ai, en effet, largement participé. Nous étions en capacité de voter sous condition. Pas le rapport dans son intégralité. Notre engagement devait avoir du sens, c’est-à-dire que les objectifs fixés devaient être clairement définis. Enfin, que l’on utilise le chemin du possible, c’est-à-dire l’article 72-5. A partir du moment où les uns et les autres ont compris que, sauf à se faire plaisir, il fallait cadrer pour pouvoir proposer au gouvernement une orientation avec un sujet clairement défini, nous avons eu satisfaction. Lorsqu’on est satisfait, on s’engage. Je suis un homme de conviction, j’ai dit ce qui ne serait pas supportable pour nous.
- Que refusez-vous ?
- Nous pensons que la coofficialité n’est pas le bon moyen pour sauver la langue corse. Donc, nous ne l’avons pas choisi. Nous sommes en opposition totale avec le statut de résident.
- Pourquoi, dans ce cas, avez-vous voté la révision constitutionnelle qui doit permettre de valider ces deux points ?
- La révision de la constitution n’est pas pour ça ! Le rapport voté ne dit pas ça ! C’est très clair ! Nous avons privilégié l’article 72-5. Nous restons dans la nomenclature constitutionnelle et dans le bloc concernant les collectivités métropolitaines, et non dans celui de l’outremer. La collectivité territoriale de Corse sera reconnue et s’appellera, peut-être, l’île de Corse.
- Quel est l’enjeu ?
- Des pouvoirs, qui nous ont déjà été délégués par la loi dans le domaine normatif et règlementaire, ne sont pas opérationnels. Nous l’avons vérifié. J’ai moi-même sollicité, à plusieurs reprises, les différents gouvernements pour obtenir des réponses que je n’ai pas obtenues. Nous pensons que l’inscription de la Corse dans la Constitution est une manière d’ancrer la Corse dans la Constitution, dans la loi fondamentale, et, donc, dans la République. L’article 72-5 doit nous permettre d’atteindre cet objectif.
- A quoi êtes-vous favorable ?
- Je suis favorable, je l’ai toujours dit, à un transfert de fiscalité et à un pouvoir normatif encadré sous habilitation du Parlement en ce qui concerne la loi et sous habilitation du 1er ministre en ce qui concerne les décrets et les règlements. La réforme n’est pas une aventure en dehors de la République ! C’est nous placer encore plus carrément dans la République. C’est aussi une façon de dire que la Corse a besoin de la République et que la République doit donner toute sa place à la Corse. Une belle place ! Comme celle qui lui a été donnée à Bastia lors d’un serment.
- Ne partagez-vous pas les inquiétudes de certains élus de gauche sur cette sortie du droit commun ?
- Nous sommes français. Ça ne se discutera pas ! C’est intangible. Mais être français signifie jouir de tous les droits communs et de pouvoirs qui, en fonction de certaines spécificités, peuvent être renforcés par la République solidaire, qui porte, protège, propose et permet à nos projets de se réaliser. Tout ne sera pas réglé par cette révision constitutionnelle. Le vote de la réforme a une dimension politique, mais aussi une dimension liée à la capacité, que nous avons eu, d’essayer de nous comprendre et à faire, ensemble, un bout de chemin.
- Concrètement, que va-t-il se passer maintenant ?
- D’abord, le gouvernement doit prendre acte de ce que nous avons décidé par ce vote très large. Ensuite, il doit dire dans quel état d’esprit il est et comment il considère que nous allons travailler. Je souhaite qu’il établisse un calendrier, sinon nous aurions défini le principe d’une révision, mais à un terme inconnu. Après, le gouvernement sera confronté à la difficulté d’obtenir une majorité.
- Peut-il l’obtenir ?
- Pour modifier la Constitution, il faut, d’abord, avoir un vote en termes identiques des deux assemblées pour, ensuite, se présenter devant le Congrès et obtenir une majorité des 3/5ème. Celle-ci ne peut s’obtenir que si l’opposition nationale vient renforcer la majorité nationale. Il faut que le parti socialiste et la gauche soient d’accord pour porter un projet de révision constitutionnelle. En même temps, je vais apporter le concours, si possible, de l’UMP.
- Est-ce pour cela que vous avez proposé à Paul Giacobbi de porter, ensemble, en tant que députés, cette réforme devant le gouvernement et le Parlement ?
- Je me suis engagé parce que je ne suis pas quelqu’un qui prend une décision par hasard. Je vais jusqu’au bout d’une idée tout en me donnant les moyens d’atteindre l’objectif. Le chemin est long. Nous ne pouvons le faire qu’ensemble. Autrement cela signifierait que ce consensus n’était qu’un leurre. Je ne suis pas sur le leurre. Je ne me trompe pas d’objectif et, tout en restant fidèle à mes convictions, je suis capable de défendre une idée simple dans un domaine simple, clairement défini. C’est la raison de mon engagement. Il a été salué, mais je n’attendais pas des bravos et des hourras, ni que l’on soit content de ce que j’ai dit. Je ne suis pas sûr que l’on aboutisse. On peut échouer, mais il faut prendre le risque d’échouer pour réussir. La vie est une prise de risque. Je prends le risque de réussir !
Propos recueillis par Nicole MARI
- Je pense que j’y ai, en effet, largement participé. Nous étions en capacité de voter sous condition. Pas le rapport dans son intégralité. Notre engagement devait avoir du sens, c’est-à-dire que les objectifs fixés devaient être clairement définis. Enfin, que l’on utilise le chemin du possible, c’est-à-dire l’article 72-5. A partir du moment où les uns et les autres ont compris que, sauf à se faire plaisir, il fallait cadrer pour pouvoir proposer au gouvernement une orientation avec un sujet clairement défini, nous avons eu satisfaction. Lorsqu’on est satisfait, on s’engage. Je suis un homme de conviction, j’ai dit ce qui ne serait pas supportable pour nous.
- Que refusez-vous ?
- Nous pensons que la coofficialité n’est pas le bon moyen pour sauver la langue corse. Donc, nous ne l’avons pas choisi. Nous sommes en opposition totale avec le statut de résident.
- Pourquoi, dans ce cas, avez-vous voté la révision constitutionnelle qui doit permettre de valider ces deux points ?
- La révision de la constitution n’est pas pour ça ! Le rapport voté ne dit pas ça ! C’est très clair ! Nous avons privilégié l’article 72-5. Nous restons dans la nomenclature constitutionnelle et dans le bloc concernant les collectivités métropolitaines, et non dans celui de l’outremer. La collectivité territoriale de Corse sera reconnue et s’appellera, peut-être, l’île de Corse.
- Quel est l’enjeu ?
- Des pouvoirs, qui nous ont déjà été délégués par la loi dans le domaine normatif et règlementaire, ne sont pas opérationnels. Nous l’avons vérifié. J’ai moi-même sollicité, à plusieurs reprises, les différents gouvernements pour obtenir des réponses que je n’ai pas obtenues. Nous pensons que l’inscription de la Corse dans la Constitution est une manière d’ancrer la Corse dans la Constitution, dans la loi fondamentale, et, donc, dans la République. L’article 72-5 doit nous permettre d’atteindre cet objectif.
- A quoi êtes-vous favorable ?
- Je suis favorable, je l’ai toujours dit, à un transfert de fiscalité et à un pouvoir normatif encadré sous habilitation du Parlement en ce qui concerne la loi et sous habilitation du 1er ministre en ce qui concerne les décrets et les règlements. La réforme n’est pas une aventure en dehors de la République ! C’est nous placer encore plus carrément dans la République. C’est aussi une façon de dire que la Corse a besoin de la République et que la République doit donner toute sa place à la Corse. Une belle place ! Comme celle qui lui a été donnée à Bastia lors d’un serment.
- Ne partagez-vous pas les inquiétudes de certains élus de gauche sur cette sortie du droit commun ?
- Nous sommes français. Ça ne se discutera pas ! C’est intangible. Mais être français signifie jouir de tous les droits communs et de pouvoirs qui, en fonction de certaines spécificités, peuvent être renforcés par la République solidaire, qui porte, protège, propose et permet à nos projets de se réaliser. Tout ne sera pas réglé par cette révision constitutionnelle. Le vote de la réforme a une dimension politique, mais aussi une dimension liée à la capacité, que nous avons eu, d’essayer de nous comprendre et à faire, ensemble, un bout de chemin.
- Concrètement, que va-t-il se passer maintenant ?
- D’abord, le gouvernement doit prendre acte de ce que nous avons décidé par ce vote très large. Ensuite, il doit dire dans quel état d’esprit il est et comment il considère que nous allons travailler. Je souhaite qu’il établisse un calendrier, sinon nous aurions défini le principe d’une révision, mais à un terme inconnu. Après, le gouvernement sera confronté à la difficulté d’obtenir une majorité.
- Peut-il l’obtenir ?
- Pour modifier la Constitution, il faut, d’abord, avoir un vote en termes identiques des deux assemblées pour, ensuite, se présenter devant le Congrès et obtenir une majorité des 3/5ème. Celle-ci ne peut s’obtenir que si l’opposition nationale vient renforcer la majorité nationale. Il faut que le parti socialiste et la gauche soient d’accord pour porter un projet de révision constitutionnelle. En même temps, je vais apporter le concours, si possible, de l’UMP.
- Est-ce pour cela que vous avez proposé à Paul Giacobbi de porter, ensemble, en tant que députés, cette réforme devant le gouvernement et le Parlement ?
- Je me suis engagé parce que je ne suis pas quelqu’un qui prend une décision par hasard. Je vais jusqu’au bout d’une idée tout en me donnant les moyens d’atteindre l’objectif. Le chemin est long. Nous ne pouvons le faire qu’ensemble. Autrement cela signifierait que ce consensus n’était qu’un leurre. Je ne suis pas sur le leurre. Je ne me trompe pas d’objectif et, tout en restant fidèle à mes convictions, je suis capable de défendre une idée simple dans un domaine simple, clairement défini. C’est la raison de mon engagement. Il a été salué, mais je n’attendais pas des bravos et des hourras, ni que l’on soit content de ce que j’ai dit. Je ne suis pas sûr que l’on aboutisse. On peut échouer, mais il faut prendre le risque d’échouer pour réussir. La vie est une prise de risque. Je prends le risque de réussir !
Propos recueillis par Nicole MARI