Carburants : la ristourne supplémentaire de 20 centimes de Total crée "une rupture d’équité", selon le syndicat des distributeurs de Haute-Corse

« Une rupture d’équité ». Si, pour les consommateurs, la remise supplémentaire de 20 centimes d’euros par litre sur le carburant décidée par le groupe Total, en plus de l’aide gouvernementale, est une bonne nouvelle, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Pour Serge Antoniotti, responsable du syndicat des distributeurs de carburants de la Haute-Corse, la mesure « pose problème ».

« Le groupe Total décide d’une remise qui n’est accessible qu’à son réseau, évidemment, et donc cela crée une distorsion de concurrence », pointe le professionnel. « De nombreuses petites structures ne pourront pas s'aligner », estime-t-il. Serge Antoniotti juge donc que ce mode de fonctionnement n’est « pas acceptable », car « inéquitable ».

Des propos qui rejoignent l’analyse de Francis Pousse, président national de la branche Stations-service et énergies nouvelles du syndicat Mobilians et propriétaire d'une station-service dans la Sarthe. Ce dernier a indiqué jeudi 1er septembre sur Franceinfo que la remise proposée par Total est « un coup de marteau qui va coûter cher » aux petites stations-service.

Il considère que ces dernières étaient « déjà mal avant le Covid-19. Mais entre la pandémie, la hausse des prix des carburants depuis un an et ces nouvelles mesures avec une concurrence d'un pétrolier français, tout cela va mettre à mal beaucoup de stations malheureusement ». 

« Que fait-on pour les stations-service qui sont hors de ce réseau ? », interroge Francis Pousse. En Corse, si le groupe Vito a obtenu « une aide conjoncturelle de 20 centimes, qui durera jusqu’à la fin de l’opération Total » afin de s’aligner sur les prix, le réseau Esso ne pourrait se prévaloir, pour l’heure, « d’aucun soutien », selon Serge Antoniotti. Le syndicat a donc demandé à ce que « la possibilité soit donnée à tous les réseaux de faire cette remise ». 

Dans l’attente, il ne cache pas ses inquiétudes : « Il va y avoir des conséquences ». Faute de pouvoir proposer des prix compétitifs, une trentaine de stations seraient « en danger ». « Des familles corses vont se retrouver sur le carreau », estime-t-il. « Si Total renouvelait cette opération, nous serions très inquiets. »
 
S’il se défend « d’attaquer Total », le syndicaliste craint que « la promotion ne devienne la règle, que ce fonctionnement devienne pérenne et que nous, nous ne le soyons plus du tout ». Plus largement, selon Serge Antoniotti, c'est donc le système tout entier qui doit être revu. Car dès la fin de l’année, la question des prix se posera de nouveau, selon le syndicat. « Lorsque les carburants reviendront à leur prix normal, est-ce-qu’on va accepter que le carburant remonte d’un coup ? », interroge Serge Antoniotti. Pour ce professionnel, la solution serait « une aide permanente pour tout le monde ».