Joseph Castelli, président du Conseil général et sénateur de Haute-Corse.
C’est à l’occasion de la session du 18 décembre consacrée au budget que l’actuel président du Conseil général de Haute-Corse, Joseph Castelli, devrait annoncer sa décision de démissionner de son poste pour raisons de santé. Elu sénateur de Haute-Corse le 28 septembre dernier, le conseiller général de la Casinca avait, dans un premier temps, affirmé son intention de conserver son mandat présidentiel jusqu’à échéance en mars 2015, comme le fait, dans une situation identique, son collègue de Corse du Sud, Jean-Jacques Panunzi. Prenant ses nouvelles fonctions de parlementaire à cœur, il s’était, néanmoins, réservé la possibilité de changer d’avis si ces deux mandats étaient trop lourds à gérer. Il n’était pas sûr, également, de repartir pour le prochain scrutin cantonal qui se tiendra les 22 et 29 mars 2015. Des ennuis de santé l’auraient contraint à trancher…
La guerre des prétendants
Joseph Castelli avait pris la tête de la collectivité départementale, le 9 novembre 2010, après la démission de Paul Giacobbi, élu président du Conseil exécutif de l’Assemblée de Corse le 25 mars 2010 et touché par le cumul des mandats. Le conseiller général de Venaco, également député, avait attendu la limite légale maximale pour démissionner. Profitant même de deux recours en annulation du scrutin régional auprès du Conseil d’Etat, il avait conservé la présidence jusqu’au 14 octobre, le temps de gérer la guerre des prétendants au sein de ses propres troupes ! A l’époque déjà, elle avait fait rage entre, notamment, Jacky Padovani, conseiller général de San Martino di Lota et 1er vice-président qui assura l’intérim, Hyacinthe Mattei, maire socialiste de Monticello, suppléant de Paul Giacobbi à l'Assemblée nationale et conseiller général de L'Ile-Rousse, et Joseph Castelli. Ce dernier l’avait, finalement, remporté de haute lutte.
Un scénario rejeté
Le même cas de figure semble se dessiner, aujourd’hui, pour sa succession.
Jacky Padovani, qui a accepté de renoncer à sa candidature aux élections sénatoriales pour soutenir celle de Joseph Castelli, serait, de nouveau, légitimement sur les rangs. D’autant qu’en tant que vice-président, il va, encore une fois, assurer l’intérim pendant 40 jours maximum, délai légal pour élire un nouveau président après la démission de l’actuel. La proximité du prochain scrutin et l’entrée en campagne électorale pouvaient laisser penser qu’il prolongerait tout naturellement cet intérim jusqu’en mars. Le scénario de la passation de pouvoir semblait réglé… puisque tout serait remis en cause après les élections. Mais, c’était compter sans les ambitions personnelles et les jeux de pouvoir que parait représenter justement l’organisation de ces mêmes élections !
La fronde Giacobbiste
Et, la guerre des prétendants, que l’on croyait enterrée depuis 2010, resurgit avec la même férocité. Une partie de la garde Giacobbiste ne veut pas de l’élu de San Martino di Lota, justement pas assez… Giacobbiste ! Et ce, même pour trois mois ! Elle ne s’est pas gênée pour le dire.
Deux autres prétendants sont pressentis, tous deux très proches de Paul Giacobbi. Le premier, Pierre Ghionga, conseiller général de Corte, semble peu probable, vu les mandats dont il dispose déjà en tant que conseiller exécutif à la CTC et président de l’office de l’environnement. On ne voit pas ce qui le pousserait à les remettre en cause pour un intérim de 3 mois ! Le second, François Orlandi, 4ème vice-président, élu du canton de Capo Bianco et maire de Tomino, semblait le plus plausible.
Un cadeau empoisonné
Une délégation de conseillers généraux frondeurs a profité de la session sur la réforme territoriale, qui s’est tenue jeudi et vendredi à Ajaccio, pour y rencontrer Paul Giacobbi qui se retrouve, encore une fois, dans la délicate position du rôle d’arbitre. Joseph Castelli, selon des sources proches, se tenant « volontairement en retrait pour ne pas influencer sur la désignation de son successeur ». Finalement, l’affaire aurait été tranchée ce dimanche à Bastia où le patron de la gauche insulaire a réuni ses troupes. Après des discussions houleuses, François Orlandi aurait été désigné… L’élu de Capo Bianco serait, donc, le nouveau président de l’instance départementale pour … 3 mois ! Une désignation qui, dans le cadre actuel des élections cantonales et dans celle plus lointaine des territoriales, pourrait bien, pour son bénéficiaire, s’avérer un cadeau empoisonné !
L’enjeu cantonal
On ne sait pas quelle sera la réaction de Jean-Jacques Padovani en se voyant écarter, sans ménagement, pour la seconde fois, mais on peut augurer qu’elle sera amère et lourde de conséquences. D’autant que le nouveau découpage cantonal met les deux prétendants en lice, face à face, dans une nouvelle circonscription qui englobe leurs anciens cantons respectifs. En effet, les cantons de Capo Bianco, de San Martino-di-Lota, de Sagro di Santa Giulia et d’une partie de celui de la Conca d’Oro ont fusionné dans la circonscription de San Martino-di-Lota. Et, tout nouveau président du Conseil général qu’il sera, François Orlandi est bien loin d’être assuré de conserver un mandat de conseiller général face aux deux poids lourds d’Ange-Pierre Vivoni et de Jean-Jacques Padovani ! Sa désignation à la tête de l’Exécutif départemental pourrait, par contrecoup, le renvoyer simple maire de Tomino !
Une gauche fracturée
La guerre de succession de 2010 a abouti à la sécession du socialiste Hyacinthe Mattei, devenu l’un des plus virulents adversaires de Paul Giacobbi, et rebattu les cartes du jeu politique balanin. S’il est bien sûr trop tôt pour dénouer toutes les conséquences de la fronde de 2014, il est certain qu’elle n’améliorera pas le climat détestable qui règne dans la gauche départementale et insulaire depuis quelques temps. Les dernières élections municipales ont fait voler en éclat les unions de façade, tomber les citadelles et révéler des fractures qui se creusent au fil du temps.
Les Sénatoriales, où la gauche s’est encore une fois présentée en ordre dispersé, n’ont fait qu’accentuer les lignes de rupture. Les votes, qui se succèdent depuis quelques mois, à l’Assemblée de Corse sur des dossiers majeurs, notamment le dernier, montrent que les mariages de raison virent au divorce consommé ! Le paysage politique est en train de se recomposer à gauche sur nombre d’inconnues. Si cette nouvelle donne en gestation ne changera, peut-être, pas, en mars, l’équation politique du Conseil général de Haute-Corse, elle pourrait bien bouleverser de façon irrémédiable les enjeux territoriaux.
N. M.
La guerre des prétendants
Joseph Castelli avait pris la tête de la collectivité départementale, le 9 novembre 2010, après la démission de Paul Giacobbi, élu président du Conseil exécutif de l’Assemblée de Corse le 25 mars 2010 et touché par le cumul des mandats. Le conseiller général de Venaco, également député, avait attendu la limite légale maximale pour démissionner. Profitant même de deux recours en annulation du scrutin régional auprès du Conseil d’Etat, il avait conservé la présidence jusqu’au 14 octobre, le temps de gérer la guerre des prétendants au sein de ses propres troupes ! A l’époque déjà, elle avait fait rage entre, notamment, Jacky Padovani, conseiller général de San Martino di Lota et 1er vice-président qui assura l’intérim, Hyacinthe Mattei, maire socialiste de Monticello, suppléant de Paul Giacobbi à l'Assemblée nationale et conseiller général de L'Ile-Rousse, et Joseph Castelli. Ce dernier l’avait, finalement, remporté de haute lutte.
Un scénario rejeté
Le même cas de figure semble se dessiner, aujourd’hui, pour sa succession.
Jacky Padovani, qui a accepté de renoncer à sa candidature aux élections sénatoriales pour soutenir celle de Joseph Castelli, serait, de nouveau, légitimement sur les rangs. D’autant qu’en tant que vice-président, il va, encore une fois, assurer l’intérim pendant 40 jours maximum, délai légal pour élire un nouveau président après la démission de l’actuel. La proximité du prochain scrutin et l’entrée en campagne électorale pouvaient laisser penser qu’il prolongerait tout naturellement cet intérim jusqu’en mars. Le scénario de la passation de pouvoir semblait réglé… puisque tout serait remis en cause après les élections. Mais, c’était compter sans les ambitions personnelles et les jeux de pouvoir que parait représenter justement l’organisation de ces mêmes élections !
La fronde Giacobbiste
Et, la guerre des prétendants, que l’on croyait enterrée depuis 2010, resurgit avec la même férocité. Une partie de la garde Giacobbiste ne veut pas de l’élu de San Martino di Lota, justement pas assez… Giacobbiste ! Et ce, même pour trois mois ! Elle ne s’est pas gênée pour le dire.
Deux autres prétendants sont pressentis, tous deux très proches de Paul Giacobbi. Le premier, Pierre Ghionga, conseiller général de Corte, semble peu probable, vu les mandats dont il dispose déjà en tant que conseiller exécutif à la CTC et président de l’office de l’environnement. On ne voit pas ce qui le pousserait à les remettre en cause pour un intérim de 3 mois ! Le second, François Orlandi, 4ème vice-président, élu du canton de Capo Bianco et maire de Tomino, semblait le plus plausible.
Un cadeau empoisonné
Une délégation de conseillers généraux frondeurs a profité de la session sur la réforme territoriale, qui s’est tenue jeudi et vendredi à Ajaccio, pour y rencontrer Paul Giacobbi qui se retrouve, encore une fois, dans la délicate position du rôle d’arbitre. Joseph Castelli, selon des sources proches, se tenant « volontairement en retrait pour ne pas influencer sur la désignation de son successeur ». Finalement, l’affaire aurait été tranchée ce dimanche à Bastia où le patron de la gauche insulaire a réuni ses troupes. Après des discussions houleuses, François Orlandi aurait été désigné… L’élu de Capo Bianco serait, donc, le nouveau président de l’instance départementale pour … 3 mois ! Une désignation qui, dans le cadre actuel des élections cantonales et dans celle plus lointaine des territoriales, pourrait bien, pour son bénéficiaire, s’avérer un cadeau empoisonné !
L’enjeu cantonal
On ne sait pas quelle sera la réaction de Jean-Jacques Padovani en se voyant écarter, sans ménagement, pour la seconde fois, mais on peut augurer qu’elle sera amère et lourde de conséquences. D’autant que le nouveau découpage cantonal met les deux prétendants en lice, face à face, dans une nouvelle circonscription qui englobe leurs anciens cantons respectifs. En effet, les cantons de Capo Bianco, de San Martino-di-Lota, de Sagro di Santa Giulia et d’une partie de celui de la Conca d’Oro ont fusionné dans la circonscription de San Martino-di-Lota. Et, tout nouveau président du Conseil général qu’il sera, François Orlandi est bien loin d’être assuré de conserver un mandat de conseiller général face aux deux poids lourds d’Ange-Pierre Vivoni et de Jean-Jacques Padovani ! Sa désignation à la tête de l’Exécutif départemental pourrait, par contrecoup, le renvoyer simple maire de Tomino !
Une gauche fracturée
La guerre de succession de 2010 a abouti à la sécession du socialiste Hyacinthe Mattei, devenu l’un des plus virulents adversaires de Paul Giacobbi, et rebattu les cartes du jeu politique balanin. S’il est bien sûr trop tôt pour dénouer toutes les conséquences de la fronde de 2014, il est certain qu’elle n’améliorera pas le climat détestable qui règne dans la gauche départementale et insulaire depuis quelques temps. Les dernières élections municipales ont fait voler en éclat les unions de façade, tomber les citadelles et révéler des fractures qui se creusent au fil du temps.
Les Sénatoriales, où la gauche s’est encore une fois présentée en ordre dispersé, n’ont fait qu’accentuer les lignes de rupture. Les votes, qui se succèdent depuis quelques mois, à l’Assemblée de Corse sur des dossiers majeurs, notamment le dernier, montrent que les mariages de raison virent au divorce consommé ! Le paysage politique est en train de se recomposer à gauche sur nombre d’inconnues. Si cette nouvelle donne en gestation ne changera, peut-être, pas, en mars, l’équation politique du Conseil général de Haute-Corse, elle pourrait bien bouleverser de façon irrémédiable les enjeux territoriaux.
N. M.