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Depuis trois ans, maintenant, une partie de la population ukrainienne a quitté le pays pour échapper au conflit, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Certains sont arrivés en Corse, et tentent depuis de se reconstruire, soutenus par l’association Solidarité Corse-Ukraine, portée par Nataliya Khobta-Santoni. Aujourd’hui, ils sont parfaitement intégrés à la société. “Dans 90 % des cas, les adultes ont trouvé du travail, et les enfants suivent un cursus scolaire, de l’école maternelle aux études supérieures”, explique-t-elle. “Ils maîtrisent le français, et les adolescents se projettent déjà dans leurs études supérieures. Certains souhaitent même étudier à l’étranger, afin d’améliorer leur anglais.”
Mais l’ombre de la guerre plane toujours sur ces réfugiés. Nataliya Khobta-Santoni dépeint un “plan émotionnel compliqué”. “J’entends souvent les mêmes phrases : "ici, ce n’est pas comme chez nous, j’aimerais rentrer chez moi." Les mères sont inquiètes pour leurs enfants, elles se posent beaucoup de questions sur l’avenir.” La santé est également une source d’appréhension. “La population vieillit, et la prise en charge de certaines maladies comme le cancer est parfois difficile”, précise Nataliya Khobta-Santoni, qui est aussi oncologue au sein de l’hôpital de la Miséricorde à Ajaccio. “Les délais sont importants, principalement pour le remboursement des soins avec la Sécurité sociale.”
Une lueur d’espoir
Si les réfugiés ukrainiens ont parfois des difficultés à s’adapter, c’est aussi à cause d’une fracture “qui se creuse de plus en plus entre les personnes qui sont parties, principalement les femmes et les enfants, et les personnes qui sont restées en Ukraine”. Nataliya Khobta-Santoni, qui se rend régulièrement en Ukraine avec son association afin d’apporter une aide médicale et alimentaire pour les populations restées sur place, décrit “une situation complexe”. “Certains membres d’une même famille ne se sont pas vus depuis trois ans. C’est très compliqué, surtout pour les femmes qui doivent tenir le coup et s’occuper des enfants pendant que leurs maris risquent leur vie tous les jours au front.”
Et parfois, certains réfugiés finissent par retrouver leurs proches. C’est le cas d’une famille, composée de deux enfants, leur mère et leurs grands-parents, arrivée en Corse il y a trois ans, au début de la guerre. “Le mari a failli être tué par un obus”, indique Nataliya Khobta-Santoni. “Il est arrivé en Corse il y a un mois pour retrouver sa famille. Ça a été compliqué, surtout pour les enfants de 6 et 10 ans qui n’ont pas vu leur père depuis trois ans. Mais aujourd’hui, ils sont réunis, et il va pouvoir bénéficier de bons examens médicaux, suite à sa blessure au front.”
Une situation qui redonne de l’espoir aux près de 300 Ukrainiens vivant actuellement en Corse. Nataliya Khobta-Santoni précise que tous souhaitent retourner vivre en Ukraine. “Certains ont été chamboulés par l’élection de Donald Trump, mais ils se sont rapidement ressaisis. Ils attendent de voir ce qu’il va se passer, et pensent déjà à l’après, en espérant rentrer chez eux le plus rapidement possible.”
L’association Solidarité Corse-Ukraine lance un appel aux dons
L’association Solidarité Corse-Ukraine se rend régulièrement en Ukraine afin d’apporter une aide médicale et alimentaire aux habitants restés sur place. Un voyage qui coûte “environ 2 000 euros”, selon Nataliya Khobta-Santoni. Aujourd’hui, elle lance un appel aux dons, indiquant qu’il leur reste de l’argent “pour seulement deux voyages”. “Sans argent, on ne pourra pas les aider longtemps.”
Pour faire un don à l’association Solidarité Corse-Ukraine : https://www.helloasso.com/associations/solidarite-corse-ukraine/formulaires/1