Ils sont rares les sols Corses à échapper à la survenance du radon. Après un rapide survol cartographique, on s'aperçoit que presque toute l'île est classée en catégorie 3, le plus haut en potentiel d'exposition au radon (seuls des secteurs du Cap Corse et de la Plaine orientale échappent à sa prédominance). Cela s'explique par la nature même des sols : un sous-sol granitique, comme la Corse en est tapissée, favorise la présence du radon.
Le radon s'accumule dans les intérieurs
Une fois remonté de ce sous-sol granitique, le radon se dilue assez vite dans l'air extérieur. Mais dans les espaces clos, il a tendance à s'accumuler et c'est là qu'il peut y avoir danger. Lorsque le niveau de radon dépasse les 300 becquerels (Bq) par m3, il convient d'agir pour le faire baisser. Et au-delà de 1 000 Bq/m3, la situation est jugée préoccupante. Entre les années 1980 et 2000, l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) réalise plusieurs campagnes de mesure du radon au niveau national, en lien avec la Direction générale de la santé (DGS). En Haute-Corse, c'est un niveau moyen de 133Bq/m3 qui est relevé, ce niveau moyen étant encore plus élevé en Corse-du-Sud (263 Bq/m3). "Une fois que le risque est identifié, il n'évolue pas, c'est lié à la caractéristique géologique du sol et on ne peut rien y faire", complète Jean-Luc Savelli, président de Qualitair Corse, l'organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air en Corse.
Mais ces campagnes qui ont abouti à la connaissance que l'on a du radon aujourd'hui en France sont réalisées commune par commune, sans tenir compte des facteurs pouvant influencer les concentrations mesurées, telles que le type d’habitat (individuel ou collectif), la saison durant laquelle ces mesures ont été prises, ou bien la pièce dans laquelle la mesure a été effectuée. Le facteur géologique n’est pas non plus intervenu dans le choix des habitats. C'est là où la Corse veut aller plus loin encore, comme l'explique Jean-Luc Savelli : "Furiani, par exemple, est classée en risques forts. Mais ça veut dire quoi, sachant qu'à Furiani, il y a des maisons en plaine et en montagne ?" L'idée est donc d'entrer dans les détails topographiques de ces mesures pour réaliser un diagnostic le plus précis possible de la présence du radon en Corse.
Capteurs
Or, l'Agence régionale de santé, la préfecture et la Collectivité de Corse travaillent conjointement à l'élaboration de la prochaine mouture du Plan régional Santé Environnement (PRSE) : "Il est en cours de finalisation et devrait être validé avant la fin de l'année", indique Jean-Luc Savelli. En ressortirait une politique d'auto-diagnostic du radon : "On veut une enveloppe financière de 30 000 euros par an, qui nous permettrait de toucher 1 000 foyers par an." Le directeur de Qualitair Corse détaille le dispositif souhaité : "L'idée est de mettre des capteurs à la disposition de la population pour un auto-diagnostic. On demanderait aux gens de ne rien changer à leurs pratiques et de garder le capteur chez eux pendant deux mois. À l'issue des deux mois, les mesures de radon devront nous avoir été obligatoirement remontées. Idéalement, on travaillerait avec les communes, on mettrait une centaine de capteurs à leur disposition." Si la proposition est bien intégrée dans le PRSE, les premières mesures pourront avoir lieu "dès l'hiver 2024-2025".
C'est justement en période hivernale que le risque de concentration du radon est le plus fort, car on a tendance à moins aérer sa maison ou son appartement. Or, il suffit d'aérer une pièce dix minutes par jour pour faire partir le radon. Vouloir conserver le chauffage ou la clim' dans une pièce peut inciter les gens à moins ouvrir leurs fenêtres, prévient Jean-Luc Savelli. Autre paramètre à prendre en compte au fil du temps : "La politique publique de rénovation des bâtiments. Quand on les rénove, on les rend plus hermétiques et donc, on emprisonne le radon."
Et dans les écoles ?
En ce qui concerne les établissements publics, la réglementation prévoit une obligation de mesure du radon, en particulier dans les établissements de santé, les maisons de retraite et les écoles. Est-ce réellement le cas sur le terrain ? "Quand je pose la question, personne n'est capable de me répondre", s'étonne Jean-Luc Savelli. Autrement dit : les mesures sont peut-être réalisées, mais leurs résultats pas forcément remontés...
Les dangers du radon ne sont pourtant pas à mésestimer : son inhalation est la deuxième cause de cancer du poumon en France, après le tabac. Selon une évaluation de Santé publique France réalisée en 2006, il serait responsable de 33 à 43 décès en Corse chaque année.
Le radon s'accumule dans les intérieurs
Une fois remonté de ce sous-sol granitique, le radon se dilue assez vite dans l'air extérieur. Mais dans les espaces clos, il a tendance à s'accumuler et c'est là qu'il peut y avoir danger. Lorsque le niveau de radon dépasse les 300 becquerels (Bq) par m3, il convient d'agir pour le faire baisser. Et au-delà de 1 000 Bq/m3, la situation est jugée préoccupante. Entre les années 1980 et 2000, l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) réalise plusieurs campagnes de mesure du radon au niveau national, en lien avec la Direction générale de la santé (DGS). En Haute-Corse, c'est un niveau moyen de 133Bq/m3 qui est relevé, ce niveau moyen étant encore plus élevé en Corse-du-Sud (263 Bq/m3). "Une fois que le risque est identifié, il n'évolue pas, c'est lié à la caractéristique géologique du sol et on ne peut rien y faire", complète Jean-Luc Savelli, président de Qualitair Corse, l'organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air en Corse.
Mais ces campagnes qui ont abouti à la connaissance que l'on a du radon aujourd'hui en France sont réalisées commune par commune, sans tenir compte des facteurs pouvant influencer les concentrations mesurées, telles que le type d’habitat (individuel ou collectif), la saison durant laquelle ces mesures ont été prises, ou bien la pièce dans laquelle la mesure a été effectuée. Le facteur géologique n’est pas non plus intervenu dans le choix des habitats. C'est là où la Corse veut aller plus loin encore, comme l'explique Jean-Luc Savelli : "Furiani, par exemple, est classée en risques forts. Mais ça veut dire quoi, sachant qu'à Furiani, il y a des maisons en plaine et en montagne ?" L'idée est donc d'entrer dans les détails topographiques de ces mesures pour réaliser un diagnostic le plus précis possible de la présence du radon en Corse.
Capteurs
Or, l'Agence régionale de santé, la préfecture et la Collectivité de Corse travaillent conjointement à l'élaboration de la prochaine mouture du Plan régional Santé Environnement (PRSE) : "Il est en cours de finalisation et devrait être validé avant la fin de l'année", indique Jean-Luc Savelli. En ressortirait une politique d'auto-diagnostic du radon : "On veut une enveloppe financière de 30 000 euros par an, qui nous permettrait de toucher 1 000 foyers par an." Le directeur de Qualitair Corse détaille le dispositif souhaité : "L'idée est de mettre des capteurs à la disposition de la population pour un auto-diagnostic. On demanderait aux gens de ne rien changer à leurs pratiques et de garder le capteur chez eux pendant deux mois. À l'issue des deux mois, les mesures de radon devront nous avoir été obligatoirement remontées. Idéalement, on travaillerait avec les communes, on mettrait une centaine de capteurs à leur disposition." Si la proposition est bien intégrée dans le PRSE, les premières mesures pourront avoir lieu "dès l'hiver 2024-2025".
C'est justement en période hivernale que le risque de concentration du radon est le plus fort, car on a tendance à moins aérer sa maison ou son appartement. Or, il suffit d'aérer une pièce dix minutes par jour pour faire partir le radon. Vouloir conserver le chauffage ou la clim' dans une pièce peut inciter les gens à moins ouvrir leurs fenêtres, prévient Jean-Luc Savelli. Autre paramètre à prendre en compte au fil du temps : "La politique publique de rénovation des bâtiments. Quand on les rénove, on les rend plus hermétiques et donc, on emprisonne le radon."
Et dans les écoles ?
En ce qui concerne les établissements publics, la réglementation prévoit une obligation de mesure du radon, en particulier dans les établissements de santé, les maisons de retraite et les écoles. Est-ce réellement le cas sur le terrain ? "Quand je pose la question, personne n'est capable de me répondre", s'étonne Jean-Luc Savelli. Autrement dit : les mesures sont peut-être réalisées, mais leurs résultats pas forcément remontés...
Les dangers du radon ne sont pourtant pas à mésestimer : son inhalation est la deuxième cause de cancer du poumon en France, après le tabac. Selon une évaluation de Santé publique France réalisée en 2006, il serait responsable de 33 à 43 décès en Corse chaque année.