Image d'illustration : Pixabay
Intercommunalités de France est une association nationale d’élus qui représente les intercommunalités auprès des pouvoirs publics nationaux. Pour établir cette carte, elle s’est appuyée sur la base de données publiques Sispea, l’observatoire national des services publics d’eau et d’assainissement. Concrètement, les collectivités en charge de la gestion de l’eau remontent elles-mêmes les informations à Sispea. Et le différentiel constaté entre l’eau qui entre dans le réseau et l’eau qui en sort, c’est ce gâchis qu’Emmanuel Macron veut combattre via la mise en place d’un plan à 180 millions d’euros : « Un litre d’eau sur cinq est perdu en raison des fuites, c’est inacceptable », avait-il déclaré le 30 mars.
Et selon la carte publiée par Intercommunalités de France, certaines zones vont même jusqu’à perdre plus de 50 % de leur eau ! Des communes isolées pour la plupart, situées en zone rurale ou montagneuse. En Corse, Intercommunalités de France en a recensé neuf : celle qui perd le plus d’eau (entre l’entrée et la sortie dans le réseau), c’est Rutali : seulement 20,7 % de la quantité d’eau arrive à destination. On trouve ensuite, dans l’ordre : Taglio-Isolaccio (26,1%), Brando (38,5%), La Porta (39,8%), Venzolasca (40,6%), Castifao (41,3%), Campi (42,9%), Felce (46,3%) et… Zilia (48,2%).
Réseaux d'eau vétustes
Un comble pour le village de Balagne qui a donné son nom à l’une des eaux minérales corses les plus réputées. Jacques Santelli, maire, en convient : « On ne peut pas se permettre de jeter de l’eau, surtout que l’on est parfois ric-rac en août avec la sécheresse. » Il précise néanmoins : « L’eau de Zilia, la marque, est puisée sur un autre versant que l’eau qui est distribuée aux habitants de Zilia. » La raison de cette déperdition en eau dans le village ? La vétusté du réseau, constate le maire qui évoque une prise de conscience : « Beaucoup de canalisations ont été refaites à neuf par l’ancienne municipalité. » Lui envisage de son côté de « redemander une étude » pour établir les futures priorités en matière de remplacement des canalisations.
A Rutali, le maire Dominique Maroselli reconnaît l’existence de fuites, mais pas dans les proportions mentionnées par Intercommunalités de France : « Il y a 600 mètres de linéaire à refaire. Des canalisations anciennes. On va les changer. » Pour ce faire, « on va être subventionné à 90 % par l’Agence de l’eau et la région », annonce-t-il, tout en louant « la réactivité » des services de l’État. Une réactivité consécutive au discours du président de la République ? « Avant, en tout cas, ça trainaillait... », répond l’élu du Nebbiu.
"Obligé de recréer des pistes"
La plupart de ces communes corses pointées du doigt par Intercommunalités de France sont situées en zone montagneuse, là où les canalisations à remplacer sont les plus difficiles d’accès : « On a été obligés de recréer des pistes, rien que pour pouvoir accéder à des canalisations qui avaient cassé », indique le maire de Giuncaggio, Patrick Marchioni, par ailleurs vice-président du syndicat intercommunal de la Foata. Ledit syndicat qui, selon Intercommunalités de France, éprouve également beaucoup de difficultés à conserver son eau, 25, 3% seulement. « L’eau vient actuellement de la Bravona, au-dessus de Tallone », explique Patrick Marchioni, alors même que le cours d’eau le plus proche, c’est la Tavignanu : « Mais il y a un problème de dénivelé. Il nous faudrait des pompes pour puiser l’eau. Faire remonter l’eau, ça demande beaucoup d’énergie et d’argent. » L’élu local chiffre l’investissement « entre 8 et 12 millions d’euros », autant dire que ce n’est pas dans les moyens du SI de la Foata. Patrick Marchioni annonce que suite au coup d'accélérateur voulu par l'exécutif national, des études ont été lancées, "financées à 80 % par l'Agence de l'eau".
Le prix de l'eau plus élevé, si géré par une intercommunalité ?
Précision qui a son importance : si le SI de la Foata est bien chargé de la distribution de l’eau « jusqu’à l’entrée des réservoirs », ensuite, « des réservoirs aux particuliers, c’est bien chacune des communes du syndicat », confirme Patrick Marchioni. A savoir Giuncaggio, Pancheraccia, Pietraserena, Tallone et Zuani. Chacun de ces villages dispose donc d’un budget eau qui lui est propre. Or, la loi prévoit qu’au 1er janvier 2026, l’ensemble des compétences eau et assainissement devra avoir été transférée aux intercommunalités. Compte tenu des difficultés rencontrées par les communes rurales dans l'acheminement de l'eau potable, ce transfert est présenté comme une bouée de sauvetage par Intercommunalités de France : « Le transfert à l’intercommunalité est l’opportunité de renforcer la programmation des investissements, notamment en vue de réduire les fuites, et pour répondre aux nombreux enjeux quantitatifs et qualitatifs qui pèsent sur la ressource en eau », détaille l’association dans un communiqué de presse. A titre de comparaison, en milieu urbain, la communauté d’agglomération de Bastia parvient à conserver 78 % de son eau. Du côté d’Ajaccio et de la CAPA, ce taux grimpe même à 83,9 %. Mais en montagne, les difficultés ne sont pas les mêmes, et pour ces élus de villages reculés, le scepticisme reste de mise : « Les communautés de communes n’ont pas les moyens de gérer l’eau, c’est budgétivore. Elles ont déjà assez à faire avec les déchets », estime Dominique Maroselli, maire de Rutali. « J’ai peur que le prix de l’eau soit plus élevé », note son collègue de Zilia, Jacques Santelli, une crainte que tous les élus corses que nous avons contactés partagent. « Je délivre le volume d’eau à 1,34 euro le litre », rappelle le maire de Rutali. Par la voix de son chargé de communication, Yoann Jacquet, Intercommunalités de France leur répond ceci : « Les prix extrêmes (les plus bas et les plus élevés) se retrouvent dans des communes isolées. On a beaucoup de communes qui, effectivement, font payer l’eau très peu cher, mais qui ont des réseaux d’eau extrêmement fuyards. Il y a aussi une question de responsabilité à l’heure où la ressource en eau manque. » Actuellement, affirme l’association, le prix médian de l’eau dans les services intercommunaux est de « 2,2 euros le m3 » contre « 2,1 euros le m3 » dans les communes.
Et selon la carte publiée par Intercommunalités de France, certaines zones vont même jusqu’à perdre plus de 50 % de leur eau ! Des communes isolées pour la plupart, situées en zone rurale ou montagneuse. En Corse, Intercommunalités de France en a recensé neuf : celle qui perd le plus d’eau (entre l’entrée et la sortie dans le réseau), c’est Rutali : seulement 20,7 % de la quantité d’eau arrive à destination. On trouve ensuite, dans l’ordre : Taglio-Isolaccio (26,1%), Brando (38,5%), La Porta (39,8%), Venzolasca (40,6%), Castifao (41,3%), Campi (42,9%), Felce (46,3%) et… Zilia (48,2%).
Réseaux d'eau vétustes
Un comble pour le village de Balagne qui a donné son nom à l’une des eaux minérales corses les plus réputées. Jacques Santelli, maire, en convient : « On ne peut pas se permettre de jeter de l’eau, surtout que l’on est parfois ric-rac en août avec la sécheresse. » Il précise néanmoins : « L’eau de Zilia, la marque, est puisée sur un autre versant que l’eau qui est distribuée aux habitants de Zilia. » La raison de cette déperdition en eau dans le village ? La vétusté du réseau, constate le maire qui évoque une prise de conscience : « Beaucoup de canalisations ont été refaites à neuf par l’ancienne municipalité. » Lui envisage de son côté de « redemander une étude » pour établir les futures priorités en matière de remplacement des canalisations.
A Rutali, le maire Dominique Maroselli reconnaît l’existence de fuites, mais pas dans les proportions mentionnées par Intercommunalités de France : « Il y a 600 mètres de linéaire à refaire. Des canalisations anciennes. On va les changer. » Pour ce faire, « on va être subventionné à 90 % par l’Agence de l’eau et la région », annonce-t-il, tout en louant « la réactivité » des services de l’État. Une réactivité consécutive au discours du président de la République ? « Avant, en tout cas, ça trainaillait... », répond l’élu du Nebbiu.
"Obligé de recréer des pistes"
La plupart de ces communes corses pointées du doigt par Intercommunalités de France sont situées en zone montagneuse, là où les canalisations à remplacer sont les plus difficiles d’accès : « On a été obligés de recréer des pistes, rien que pour pouvoir accéder à des canalisations qui avaient cassé », indique le maire de Giuncaggio, Patrick Marchioni, par ailleurs vice-président du syndicat intercommunal de la Foata. Ledit syndicat qui, selon Intercommunalités de France, éprouve également beaucoup de difficultés à conserver son eau, 25, 3% seulement. « L’eau vient actuellement de la Bravona, au-dessus de Tallone », explique Patrick Marchioni, alors même que le cours d’eau le plus proche, c’est la Tavignanu : « Mais il y a un problème de dénivelé. Il nous faudrait des pompes pour puiser l’eau. Faire remonter l’eau, ça demande beaucoup d’énergie et d’argent. » L’élu local chiffre l’investissement « entre 8 et 12 millions d’euros », autant dire que ce n’est pas dans les moyens du SI de la Foata. Patrick Marchioni annonce que suite au coup d'accélérateur voulu par l'exécutif national, des études ont été lancées, "financées à 80 % par l'Agence de l'eau".
Le prix de l'eau plus élevé, si géré par une intercommunalité ?
Précision qui a son importance : si le SI de la Foata est bien chargé de la distribution de l’eau « jusqu’à l’entrée des réservoirs », ensuite, « des réservoirs aux particuliers, c’est bien chacune des communes du syndicat », confirme Patrick Marchioni. A savoir Giuncaggio, Pancheraccia, Pietraserena, Tallone et Zuani. Chacun de ces villages dispose donc d’un budget eau qui lui est propre. Or, la loi prévoit qu’au 1er janvier 2026, l’ensemble des compétences eau et assainissement devra avoir été transférée aux intercommunalités. Compte tenu des difficultés rencontrées par les communes rurales dans l'acheminement de l'eau potable, ce transfert est présenté comme une bouée de sauvetage par Intercommunalités de France : « Le transfert à l’intercommunalité est l’opportunité de renforcer la programmation des investissements, notamment en vue de réduire les fuites, et pour répondre aux nombreux enjeux quantitatifs et qualitatifs qui pèsent sur la ressource en eau », détaille l’association dans un communiqué de presse. A titre de comparaison, en milieu urbain, la communauté d’agglomération de Bastia parvient à conserver 78 % de son eau. Du côté d’Ajaccio et de la CAPA, ce taux grimpe même à 83,9 %. Mais en montagne, les difficultés ne sont pas les mêmes, et pour ces élus de villages reculés, le scepticisme reste de mise : « Les communautés de communes n’ont pas les moyens de gérer l’eau, c’est budgétivore. Elles ont déjà assez à faire avec les déchets », estime Dominique Maroselli, maire de Rutali. « J’ai peur que le prix de l’eau soit plus élevé », note son collègue de Zilia, Jacques Santelli, une crainte que tous les élus corses que nous avons contactés partagent. « Je délivre le volume d’eau à 1,34 euro le litre », rappelle le maire de Rutali. Par la voix de son chargé de communication, Yoann Jacquet, Intercommunalités de France leur répond ceci : « Les prix extrêmes (les plus bas et les plus élevés) se retrouvent dans des communes isolées. On a beaucoup de communes qui, effectivement, font payer l’eau très peu cher, mais qui ont des réseaux d’eau extrêmement fuyards. Il y a aussi une question de responsabilité à l’heure où la ressource en eau manque. » Actuellement, affirme l’association, le prix médian de l’eau dans les services intercommunaux est de « 2,2 euros le m3 » contre « 2,1 euros le m3 » dans les communes.