Le Dr Josette Dell'ava Santucci, Vanina Bernard-Léoni, Dominique Bianconi, Vincent Carlotti et Léo Battesti avaient pris place à la tribune.
Dominique Bianconi a pris la parole en premier pour souhaiter à tous la bienvenue et fixer les différentes étapes de cette réunion.
Une réunion dont le collectif et la Corse toute entière ont besoin pour mieux comprendre les mécanismes de cette néo mafia.
« Nous avons besoin de témoignages, il faut que la parole se libère, nous avons besoin de vous tous, nous ne pouvons plus continuer ainsi » précisait Léo Battesti, avant d'ajouter que ce Collectif comptait une trentaine de membres au départ et qu'aujourd'hui, le cap des 3 000 adhérents était désormais dépassé. « Il nous faut établir une stratégie pour sortir de cette spirale mortifère. La réalité de la société corse est noire, il faut se mobiliser, il faut s'entraider »
Léo Battesti a dénoncé l'attitude de l'État français qui ferme les yeux et s'en est pris aux préfets et sous-préfets, à la préfète de Région qui dit « qu'il n 'y a pas de mafia en corse alors que plusieurs ministres se sont déplacés en Corse pour dire tout le contraire. Tous ne pensent qu'à une chose : à leur carrière, y compris les gendarmes ».
Pour corroborer ses propos, Léo Battesti rappelait qu'une grande majorité de médias nationaux s'est emparée de cette question de mafia en Corse et soulignait la présence à cette réunion d'une télévision nationale. Et d'ajouter : « Avez vous entendu l'État ? Il faut que nous les provoquions ».
« Les enquêtes sur les assassinats non élucidés sont au point mort. Il faut pousser l'État dans ses derniers retranchements, il faut les pousser à agir » rétorquait une personne dans la salle.
Laurent lui parle du gain de l'argent, du modèle de la Sicile : « Ce n'est pas les gens qui ont réussi à vaincre la mafia sicilienne en descendant dans la rue mais la brigade financière qui s'est attaquée à la tête de la pieuvre ».
Léo Battesti est revenu sur la manifestation des agriculteurs à Ajaccio, apportant tout son soutien à ces agriculteurs qui travaillent mais en dénonçant aussi ce qu'ils appellent « Les petits mafieux de l'agriculture, ceux qui ont empoché par la fraude, sur des choses fictives une somme de 26 millions d'euros. Il faut que cette Corse là s'arrête ».
L'intervention dans la salle d'une représentante de l'association « U Levante »: « Dans les affaires nous allons en justice. Cela prend du temps et nous gagnons souvent. E revanche, il est compliqué de faire appliquer ces décisions de justice mais nous ne ressentons pas un sentiment d'échec. Il faut que le Collectif fasse de même et aille en justice ».
Délation, dénonciation : deux notions différentes
Dans la salle, François, chef d'entreprise, a salué l'action du Collectif et des gens qui se trouvent à la Tribune avant de faire son mea culpa sur l'évolution de cette dérive mafieuse au fil des années et de déclarer en des termes forts qu'aujourd'hui, face à ces personnes qui tuent nos enfants et qui menacent , ça devient mon problème . ».
Puis, ce chef d'entreprise, révélait qu'il avait été victime de menaces et qu'il avait fait le choix de déposer plainte, ajoutant : « Je préfère discuter avec des gendarmes plutôt qu'avec le croque mort ou le curé. Je profite du reste pour saluer dans la salle la présence de l'Abbé Ange-Michel Valery. Oui je vous encourage à porter plainte . Si nous ne le faisons pas, nous allons du côté des barbares. »
Des propos repris par Dominique Bianconi précisant : « Ce n'est pas de la délation. Entre délation et dénonciation il y a deux notions différentes. Porter plainte c'est une nécessité.
François a ensuite interpellé l'État et ses services « qui exercent trop souvent le pouvoir de démission » , les élus territoriaux et les élus « qui devraient s'occuper un peu plus de la nouvelle génération plutôt que des élections ».
Plusieurs propositions seront étudiées
Au chapitre des propositions plusieurs pistes ont été évoquées.
A quelques mois d'une échéance électorale, mise en place d'une charte éthique à l'intention des élus, création d'une commission parlementaire, la nécessité de porter plainte, création d'un mur des morts oubliés avec leurs photos, étude sur l'impact de la mafia en Corse, possibilité de se retrouver en même temps dans les 360 communes de Corse devant le Monument aux Morts.
« Ceux qui ont leurs noms inscrits sont morts pour la liberté » précise François
Un débat qui aura duré plus de deux heures.
Les intervenants à la tribune se réjouissaient de cette prise de conscience collective. « Nous allons faire des propositions en puisant dans vos interventions » devaient-ils ajouter en conclusion, avant que Dominique Bianconi donne lecture d'un communiqué.