"Le célèbre James Boswell qui a intimement soutenu Pasquale Paoli à l'époque était un ancêtre de ma famille. Et je suis bien décidé à faire un film sur cette histoire prochainement !" David Mackenzie. (Photo Yannis-Christophe Garcia)
L’INTERVIEW GRAND ANGLE : David Mackenzie, réalisateur écossais du film Perfect Sense
Corse Net Infos : David Mackenzie bonjour et merci d’avoir répondu à notre invitation. Sans trop dévoiler votre dernier film « Perfect Sense » en compétition et que vous présenterez mardi au public ajaccien, pourquoi ce choix un peu hybride entre science-fiction et romance, qui s’écarte notablement de films comme « Allan Foe » ou encore « Toy Boy » comme cadre pour vos personnages ? Qu’est-ce que cela apporte au scénario ?
David Mackenzie : Vous savez, pour commencer j’aime beaucoup le fait de ne pas sans arrêt faire la même chose dans mes films et je souhaitais clairement effectuer un changement avec Perfect Sense. Je ne veux surtout pas me répéter et bien au contraire, mon souci permanent est de faire évoluer mes films.
D’autre part, Perfect Sense est aussi une forme de réaction par rapport au tournage de Toy Boy aux Etats-Unis. Sans jugement de valeur aucun, j’ai vraiment voulu avec ce film recréer un lien fort avec le cinéma européen. Et me repositionner et me réaffirmer clairement comme réalisateur européen. Mais j’ai également voulu revenir à un cinéma plus poétique avec Perfect Sense, où il ne serait pas question que de narration classique et stricte.
CNI : Justement, quelles sont les caractéristiques de ce « cinéma poétique » ?
D.M : Ce terme de cinéma poétique, qui était encore assez répandu il y 10 ou 20 ans semble s’être perdu…
De nos jours, le public recherche surtout de la fantaisie et du réalisme. Ainsi, avec ce film, je me considère un peu comme un rebelle du cinéma !
CNI : Un rebelle ? Comment exprimez-vous cette prise de contrepied précisément ?
D.M : Clairement, avec Perfect Sense, j’ai voulu faire un film anti-réaliste qui pose des questions, sans toutefois véritablement apporter de réponses. Ces questions essentielles tournent autour de l’amour et de la forme qu’il prend dans des situations extrêmes, mais aussi de la notion de survie dans un univers hostile. Tout metteur en scène je crois, se pose cette question sur l’humanité et sur le genre humain.
CNI : Quelle est selon vous la situation du cinéma actuellement ?
D.M : C’est une grande et vaste question et j’aurais du mal à répondre précisément. Mais disons qu’aujourd’hui tout le monde travaille avec de très grands studios pour des superproductions. Le petit cinéma indépendant a du mal a exister et à se faire produire dans cet univers. Et puis il y a aussi toute la problématique du téléchargement qui vient encore compliquer la tâche.
Je pense le cinéma est en pleine évolution et malheureusement, l’environnement propice, celui plus intimiste que j’affectionne et qui me correspond, se réduit de plus en plus avec le temps.
Corse Net Infos : David Mackenzie bonjour et merci d’avoir répondu à notre invitation. Sans trop dévoiler votre dernier film « Perfect Sense » en compétition et que vous présenterez mardi au public ajaccien, pourquoi ce choix un peu hybride entre science-fiction et romance, qui s’écarte notablement de films comme « Allan Foe » ou encore « Toy Boy » comme cadre pour vos personnages ? Qu’est-ce que cela apporte au scénario ?
David Mackenzie : Vous savez, pour commencer j’aime beaucoup le fait de ne pas sans arrêt faire la même chose dans mes films et je souhaitais clairement effectuer un changement avec Perfect Sense. Je ne veux surtout pas me répéter et bien au contraire, mon souci permanent est de faire évoluer mes films.
D’autre part, Perfect Sense est aussi une forme de réaction par rapport au tournage de Toy Boy aux Etats-Unis. Sans jugement de valeur aucun, j’ai vraiment voulu avec ce film recréer un lien fort avec le cinéma européen. Et me repositionner et me réaffirmer clairement comme réalisateur européen. Mais j’ai également voulu revenir à un cinéma plus poétique avec Perfect Sense, où il ne serait pas question que de narration classique et stricte.
CNI : Justement, quelles sont les caractéristiques de ce « cinéma poétique » ?
D.M : Ce terme de cinéma poétique, qui était encore assez répandu il y 10 ou 20 ans semble s’être perdu…
De nos jours, le public recherche surtout de la fantaisie et du réalisme. Ainsi, avec ce film, je me considère un peu comme un rebelle du cinéma !
CNI : Un rebelle ? Comment exprimez-vous cette prise de contrepied précisément ?
D.M : Clairement, avec Perfect Sense, j’ai voulu faire un film anti-réaliste qui pose des questions, sans toutefois véritablement apporter de réponses. Ces questions essentielles tournent autour de l’amour et de la forme qu’il prend dans des situations extrêmes, mais aussi de la notion de survie dans un univers hostile. Tout metteur en scène je crois, se pose cette question sur l’humanité et sur le genre humain.
CNI : Quelle est selon vous la situation du cinéma actuellement ?
D.M : C’est une grande et vaste question et j’aurais du mal à répondre précisément. Mais disons qu’aujourd’hui tout le monde travaille avec de très grands studios pour des superproductions. Le petit cinéma indépendant a du mal a exister et à se faire produire dans cet univers. Et puis il y a aussi toute la problématique du téléchargement qui vient encore compliquer la tâche.
Je pense le cinéma est en pleine évolution et malheureusement, l’environnement propice, celui plus intimiste que j’affectionne et qui me correspond, se réduit de plus en plus avec le temps.
"Oui, on peut dire que le cinéma pour les Mackenzie, c'est une affaire de famille !" (Photo: Yannis-Christophe Garcia)
CNI : Le cinéma justement, vous avez plongé dedans très tôt et votre frère, qui est aujourd’hui un acteur reconnu, a travaillé avec vous au début. Alors le 7è Art pour les Mackenzie, est-ce une affaire de famille ?
D.M : (rires) Oui on peut dire cela d’une certaine façon ! A l’époque, nous n’avions aucuns moyens et on faisait avec les moyens du bord avec mon frère derrière la caméra. Pour en revenir à Perfect Sense justement, il y a une scène où l’on aperçoit un montage de photos qui symbolise à la fois la perte de mémoire et de l’odorat des personnages. Et bien figurez-vous que j’ai utilisé pour cela des photos de famille ! C’est très important pour moi et surtout très approprié pour le type de travail que je voulais faire sur ce film.
Pour l’anecdote, quand je revoyais les images que l’on avait tournées, j’avais une sorte de choc et j’étais vraiment surpris l’espace d’un instant de voir mes proches à l’écran ! Donc oui, j’ai beaucoup travaillé avec mon frère et d’ailleurs mes enfants apparaissent aussi dans l’un de mes films.
CNI : Vous êtes écossais, quel regard portez-vous sur les films anglais, irlandais et écossais ? Quelle est leur spécificité par rapport au cinéma américain par exemple ?
D.M : C’est assez difficile à dire car en fait, ce cinéma que vous évoquez s’exprime sur un registre très large. Il est d’ailleurs bien plus facile de définir le cinéma français, qui a une vraie spécificité linguistique et culturelle. Concernant la culture cinématographique anglaise, irlandaise ou encore écossaise, c’est différent mais difficilement qualifiable. Il faut à chaque fois voir l’oeuvre pour arriver à se situer. Mais c’est une question de point de vue. On a forcément une vision biaisée et partielle lorsqu’on est soi-même à la fois réalisateur et originaire de cette culture.
CNI : Vous allez rencontrer mardi le public ajaccien pour la présentation de votre film Perfect Sense. Qu’est-ce que cela représente pour un réalisateur d’aller à la rencontre de son public, passant ainsi de l’autre côté du miroir ? Qu’attendez-vous de cette rencontre ?
D.M : C’est une chose très importante et j’adore cette ambiance ! D’ailleurs, il est beaucoup plus intéressant de faire ces rencontres dans un petit festival car le contact est plus proche, plus facile et forcément plus intimiste dans une petite salle.
D.M : (rires) Oui on peut dire cela d’une certaine façon ! A l’époque, nous n’avions aucuns moyens et on faisait avec les moyens du bord avec mon frère derrière la caméra. Pour en revenir à Perfect Sense justement, il y a une scène où l’on aperçoit un montage de photos qui symbolise à la fois la perte de mémoire et de l’odorat des personnages. Et bien figurez-vous que j’ai utilisé pour cela des photos de famille ! C’est très important pour moi et surtout très approprié pour le type de travail que je voulais faire sur ce film.
Pour l’anecdote, quand je revoyais les images que l’on avait tournées, j’avais une sorte de choc et j’étais vraiment surpris l’espace d’un instant de voir mes proches à l’écran ! Donc oui, j’ai beaucoup travaillé avec mon frère et d’ailleurs mes enfants apparaissent aussi dans l’un de mes films.
CNI : Vous êtes écossais, quel regard portez-vous sur les films anglais, irlandais et écossais ? Quelle est leur spécificité par rapport au cinéma américain par exemple ?
D.M : C’est assez difficile à dire car en fait, ce cinéma que vous évoquez s’exprime sur un registre très large. Il est d’ailleurs bien plus facile de définir le cinéma français, qui a une vraie spécificité linguistique et culturelle. Concernant la culture cinématographique anglaise, irlandaise ou encore écossaise, c’est différent mais difficilement qualifiable. Il faut à chaque fois voir l’oeuvre pour arriver à se situer. Mais c’est une question de point de vue. On a forcément une vision biaisée et partielle lorsqu’on est soi-même à la fois réalisateur et originaire de cette culture.
CNI : Vous allez rencontrer mardi le public ajaccien pour la présentation de votre film Perfect Sense. Qu’est-ce que cela représente pour un réalisateur d’aller à la rencontre de son public, passant ainsi de l’autre côté du miroir ? Qu’attendez-vous de cette rencontre ?
D.M : C’est une chose très importante et j’adore cette ambiance ! D’ailleurs, il est beaucoup plus intéressant de faire ces rencontres dans un petit festival car le contact est plus proche, plus facile et forcément plus intimiste dans une petite salle.
David Mackenzie s'est volontiers prêté aux séances photos, comme ici avec le jury scolaire du festival. (Photo: Yannis-Christophe Garcia)
CNI : L’avis du public sur le film est-il important pour vous ? Cela influe t-il dans votre façon de travailler, notamment pour les films suivants ?
D.M : Bien sûr que l’avis du public est très important même si le film est déjà bouclé. Lorsque le film vient juste d’être terminé, on est parfois à fleur de peau. Mais lorsque un petit moment est passé, le film va acquérir une vie qui lui est propre et c’est précisément à ce moment que cela devient très intéressant d’en parler et d’échanger. D’ailleurs, je tiens à préciser que dans le cadre du festival Under My Screen, on travaille avec des scolaires. Les enfants ont vu 3 films et j’ai vraiment hâte de les rencontrer pour savoir comment ils ont perçu le film et connaître leur réaction. Bien sûr, cette rencontre est encadrée par les professeurs avec lesquels ils ont travaillé sur le contenu des questions auparavant.
CNI : Vous êtes en Corse, à Ajaccio depuis quelques jours maintenant. Globalement, que pensez-vous, vous qui êtes écossais, de notre île ?
D.M : C’est avant tout une île magnifique avec un climat fabuleux… sauf aujourd’hui ! (rire) Je découvre peu à peu les sites, je rencontre des gens et j’ai un très bon contact depuis que je suis arrivé.
Par ailleurs, figurez-vous que j’ai appris hier au cours d’une discussion passionnante sur l’histoire de la Corse lors d’un dîner, une chose incroyable…
CNI : Expliquez-nous ça !
D.M : Et bien, au cours d’une discussion sur la Corse, nous avons parlé de Pasquale Paoli. Et la discussion avançant, j’ai appris qu’un illustre écossais, James Boswell, avait très bien connu Pasquale Paoli à l’époque et avait apporté un soutien important à son action. Car Paoli avait passé du temps à Londres, et lors de ce séjour, il a rencontré James Boswell a qui il a beaucoup parlé de la cause corse. Et Boswell l’a soutenu. Par la suite, James Boswell est devenu très célèbre, notamment en étant le premier biographe, et il était surnommé, tenez-vous bien, « Boswell le Corse ! »
Mais l’anecdote ne s’arrête pas là ! J’ai également réalisé que James Boswell est un lointain ancêtre de ma propre famille !
CNI : C’est fabuleux ! Cela pourrait presque faire l’objet d’un film…
D.M : Vous ne croyez pas si bien dire ! Vous imaginez que j’ai été à la fois surpris et terriblement excité par cette découverte. J’ai commencé à faire des recherches approfondies sur les liens qui existaient entre Boswell et Paoli et je suis bien décidé à en faire une fiction prochainement !
CNI : Nous serons les premiers à aller voir votre film et peut-être pourriez-vous revenir en Corse pour le présenter ! Quoiqu’il en soit, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
D.M : Juste de pouvoir continuer à faire des films ! C’est ma passion première !
CNI : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions et pour votre accueil !
D.M : C’était un plaisir pour moi ! J’espère que cela vous sera utile.
Interview réalisée par Yannis-Christophe GARCIA
D.M : Bien sûr que l’avis du public est très important même si le film est déjà bouclé. Lorsque le film vient juste d’être terminé, on est parfois à fleur de peau. Mais lorsque un petit moment est passé, le film va acquérir une vie qui lui est propre et c’est précisément à ce moment que cela devient très intéressant d’en parler et d’échanger. D’ailleurs, je tiens à préciser que dans le cadre du festival Under My Screen, on travaille avec des scolaires. Les enfants ont vu 3 films et j’ai vraiment hâte de les rencontrer pour savoir comment ils ont perçu le film et connaître leur réaction. Bien sûr, cette rencontre est encadrée par les professeurs avec lesquels ils ont travaillé sur le contenu des questions auparavant.
CNI : Vous êtes en Corse, à Ajaccio depuis quelques jours maintenant. Globalement, que pensez-vous, vous qui êtes écossais, de notre île ?
D.M : C’est avant tout une île magnifique avec un climat fabuleux… sauf aujourd’hui ! (rire) Je découvre peu à peu les sites, je rencontre des gens et j’ai un très bon contact depuis que je suis arrivé.
Par ailleurs, figurez-vous que j’ai appris hier au cours d’une discussion passionnante sur l’histoire de la Corse lors d’un dîner, une chose incroyable…
CNI : Expliquez-nous ça !
D.M : Et bien, au cours d’une discussion sur la Corse, nous avons parlé de Pasquale Paoli. Et la discussion avançant, j’ai appris qu’un illustre écossais, James Boswell, avait très bien connu Pasquale Paoli à l’époque et avait apporté un soutien important à son action. Car Paoli avait passé du temps à Londres, et lors de ce séjour, il a rencontré James Boswell a qui il a beaucoup parlé de la cause corse. Et Boswell l’a soutenu. Par la suite, James Boswell est devenu très célèbre, notamment en étant le premier biographe, et il était surnommé, tenez-vous bien, « Boswell le Corse ! »
Mais l’anecdote ne s’arrête pas là ! J’ai également réalisé que James Boswell est un lointain ancêtre de ma propre famille !
CNI : C’est fabuleux ! Cela pourrait presque faire l’objet d’un film…
D.M : Vous ne croyez pas si bien dire ! Vous imaginez que j’ai été à la fois surpris et terriblement excité par cette découverte. J’ai commencé à faire des recherches approfondies sur les liens qui existaient entre Boswell et Paoli et je suis bien décidé à en faire une fiction prochainement !
CNI : Nous serons les premiers à aller voir votre film et peut-être pourriez-vous revenir en Corse pour le présenter ! Quoiqu’il en soit, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
D.M : Juste de pouvoir continuer à faire des films ! C’est ma passion première !
CNI : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions et pour votre accueil !
D.M : C’était un plaisir pour moi ! J’espère que cela vous sera utile.
Interview réalisée par Yannis-Christophe GARCIA
"Aller à la rencontre du public est quelque chose de très important et intéréssant pour moi !" David Mackenzie (Photo: Yannis-Christophe Garcia)
* FILMOGRAPHIE DE DAVID MACKENZIE
- 2011 : Perfect Sense
- 2011 : Rock’N Love
- 2009 : Toy Boy
- 2008 : La neige était sale
- 2007 : My name is Hallam Foe
- 2005 : Asylum
- 2002 : The last great wilderness
- 2002 : Young Adam
- 1999 : Marcie’s dowry (court-métrage)
- 1999 : Somersault (court-métrage)
- 1997 : California Sunshine (court-métrage)
- 1995 : Wanting and getting (court-métrage)
- 1994 : Dirty Diamonds
* PLUS D’INFOS
- Projection du film Perfect Sense ce soir mardi à 18H30 au Palais des congrès d’Ajaccio. Présentation du film par le réalisateur David Mackenzie, suivi d’un débat avec le public.
- Billetterie directement sur place, de 9h à 12h et de 13h à 22h.
- www.undermyscreen.com
- 2011 : Perfect Sense
- 2011 : Rock’N Love
- 2009 : Toy Boy
- 2008 : La neige était sale
- 2007 : My name is Hallam Foe
- 2005 : Asylum
- 2002 : The last great wilderness
- 2002 : Young Adam
- 1999 : Marcie’s dowry (court-métrage)
- 1999 : Somersault (court-métrage)
- 1997 : California Sunshine (court-métrage)
- 1995 : Wanting and getting (court-métrage)
- 1994 : Dirty Diamonds
* PLUS D’INFOS
- Projection du film Perfect Sense ce soir mardi à 18H30 au Palais des congrès d’Ajaccio. Présentation du film par le réalisateur David Mackenzie, suivi d’un débat avec le public.
- Billetterie directement sur place, de 9h à 12h et de 13h à 22h.
- www.undermyscreen.com