Ludovic Berthe, un Breton au parcours atypique, a vu sa vie basculer lors de sa première visite en Corse, il y a 25 ans. À l’époque, il travaillait dans un théâtre en région parisienne, mais cette île méditerranéenne a rapidement pris une place spéciale dans son cœur. "Je me suis juré d’y revenir un jour pour y vivre", raconte-t-il. Après une première immersion de six mois à Novale, en Castagniccia, où il est venu "faire un break", Ludovic retourne à Paris où il rencontre celle qui deviendra sa femme. Malgré son retour à la vie parisienne, l’appel de la Corse ne cesse de résonner en lui. "Je sentais un lien très fort pour cette île, un lien qui me prenait aux tripes", confie-t-il. Ce lien, il l’identifie plus tard comme la Cursità, cette nostalgie profonde que ressentent les insulaires lorsqu’ils s’éloignent de leur terre.
Installé à Champigny-sur-Marne avec sa famille, Ludovic Berthe revient en Corse à chaque occasion. En parallèle de son travail, il s’implique dans une association pour enfants défavorisés et développe sa passion pour la photographie, capturant des moments culturels et des spectacles vivants. La ville de Champigny-sur-Marne lui propose même le poste de photographe officiel. Mais en 2023, après un divorce, il prend une décision radicale : à 51 ans, il quitte définitivement la région parisienne pour Corte, répondant au conseil d’un Corse : "Si tu veux découvrir la vraie Corse, tourne le dos à la mer."
Arrivé à Corte, Ludovic est immédiatement séduit par l’atmosphère de la ville, bien que la rudesse des montagnes et l’austérité des pierres l’impressionnent. "Je me souviens de ce qu’un ancien m’a dit : 'On ne sait pas si c’est la Corse qui tient la pierre ou la pierre qui tient la Corse.' Cette phrase a pris tout son sens quand je suis arrivé ici." Cependant, les débuts à Corte ne sont pas simples. Après un mois à dormir dans sa voiture, il trouve un travail de chocolatier "par nécessité" chez Grimaldi, où il se forme sur le tas. Grâce à la bienveillance des locaux, il finit par obtenir un logement. "Le fils du patron, quand il a su que je dormais dans ma voiture, m’a trouvé un appartement et m’a même ramené une télé quelques jours plus tard. Des gens d’une grande bonté…"
Malgré ce nouvel emploi, Ludovic continue de nourrir sa passion pour la photographie. Armé de son Minolta, il arpente Corte et ses environs à la recherche de formes insolites dans les pierres et les arbres, explorant la paréidolie, cette tendance à voir des visages ou des silhouettes là où il n’y en a pas. Ses clichés, souvent accompagnés de textes qu’il publie sur une page Facebook locale, reçoivent un accueil chaleureux. "J’ai été étonné des retours positifs, ça m’a fait beaucoup de bien."
Fort de cette reconnaissance, Ludovic envisage de monter une exposition, combinant photographies de paysages et portraits des Cortenais qu’il souhaite mieux connaître. "Je veux prendre le temps de rencontrer les gens, de créer du lien. Des personnes comme Polo ou Patrick m’ont déjà bien accueilli et m’ont permis de m’intégrer."
En quête de nouveaux projets et d’enracinement, Ludovic Berthe est désormais fermement installé à Corte, prêt à démarrer une nouvelle vie au cœur de cette Corse qui l’a toujours attiré.
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