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Double assassinat Bastia-Poretta : rarissime absence des principaux accusés


CNI avec AFP le Jeudi 27 Juin 2024 à 07:39

Les principaux accusés pour l'assassinat de deux membres du banditisme corse en 2017, qui refusent de comparaître et ont récusé leurs avocats, n'ont pas eu de défense mardi et mercredi à Aix-en-Provence, une situation rarissime dans un procès aux assises.



Crédit photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA AFP
Crédit photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA AFP
Le 5 décembre 2017, vers 11h20, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini, deux membres du banditisme corse, étaient les cibles de tirs sur le parking de l'aéroport de Bastia. Antoine Quilichini était tué sur le coup. Jean-Luc Codaccioni, détenu de la prison de Borgo de retour d'une permission à Paris, décédait sept jours plus tard.

Selon l'accusation, l'objectif des principaux accusés de ce crime était de "venger les morts" de leurs pères, fondateurs de la Brise de Mer ou membres du banditisme insulaire, et de "faire renaître" cette bande criminelle corse historique.

Sept ans plus tard, ce procès s'est ouvert le 6 mai. Mais depuis le 22 mai, les principaux accusés refusent de comparaître dans le box de la salle d'audience et ont récusé leurs avocats. Ils avaient pris cette position rarissime après le refus de leur demande de renvoi du procès, renvoi qu'ils réclamaient en raison du décalage des auditions des enquêteurs à la mi-juin.

Ce report d'audition "porte gravement atteinte au principe de l'oralité des débats et prive de sens toutes les dépositions pouvant être recueillies jusqu'à cette comparution", avaient fait valoir les avocats. Fin mai, la conférence des bâtonniers de France avait estimé "indigne d'un État de droit" la poursuite "coûte que coûte" de ce procès. "La justice ne peut admettre, au terme de sept années de procédure, qu'un accusé paralyse un procès criminel en récusant son avocat et en refusant de comparaître", avait expliqué de son côté le procureur général près la cour d'appel Aix-en-Provence, Franck Rastoul, dans une déclaration à l'AFP.

Dans ce bras de fer, le procès s'est donc poursuivi dans des conditions insolites.

Acquittements demandés 
Ainsi les frères Christophe et Richard Guazzelli, contre lesquels les avocats généraux ont requis lundi respectivement la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté et 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers, ne se sont pas présentés à l'audience mercredi, comme ils ont refusé de le faire depuis des semaines. Ayant récusé leurs avocats, ils n'ont pas eu de plaidoiries de défense.

Même chose pour Ange-Marie Michelosi, contre qui 28 ans de réclusion criminelle ont été requis, Christophe Andreani (28 ans requis), Abdel-Hafid Bekouche (entre 25 et 28 ans requis) et Jaouad Sebbouba (une peine "pas inférieure à 25 ans" requise).

La gardienne de prison, accusée d'un rôle clé dans la désignation des cibles, Cathy Châtelain, divorcée Sénéchal (25 ans requis), a également refusé de comparaître et récusé son avocat.

Les accusés secondaires, poursuivis pour association de malfaiteurs et qui comparaissent pour la plupart libres, ont eux laissé leurs avocats plaider mardi et mercredi.

Ces derniers ont demandé un acquittement pour les compagnes de Christophe et Richard Guazzelli, Chloé Castellana et Gaëlle Sker, contre qui les avocats généraux ont requis cinq ans de prison dont quatre ans avec sursis pour la première et trois ans avec sursis pour la seconde.
Les avocats de Dominique Sénéchal, l'ex-mari de la gardienne de prison qui a reconnu avoir fourni un uniforme d'agent pénitencier et avoir détruit le téléphone sécurisé de son ex-femme, (cinq ans de prison dont trois avec sursis requis), ont ensuite plaidé pour "une peine juste".
Les conseils de Joseph Menconi (six ans d'emprisonnement requis), de Jacques Mariani (10 ans de prison requis) et de Jimmy Bailleul (huit ans d'emprisonnement requis) ont à leur tour plaidé l'acquittement.
François Marchioni (15 ans de réclusion criminelle requis), qui ne dispose plus d'avocat après l'avoir récusé, s'est défendu lui-même mercredi, demandant également son acquittement ou d'être condamné "à une lourde peine pour que je meure en prison et pas dehors".

Jeudi, la parole sera donnée une dernière fois aux accusés présents avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict est attendu vendredi.