Si sur le territoire le nombre de consultations en médecine générale par an et par habitant est inférieur à 2,5; si le temps qui sépare la première pharmacie à la commune est située à plus de 10 minutes de route et que l'accès à la médecine d’urgence (médecins sapeurs pompiers, médecin de garde, médecin urgentiste...) est situé à plus de 30 minutes de transport, alors c'est un désert médical.
De grandes inégalités au sein de l'île
En Corse, seulement 22 communes sont considérées comme des territoires médicaux avec un bon accès aux soins. Elles se situent principalement dans ou près des grandes agglomérations. A Ajaccio par exemple, l'étude recense 4,4 consultations en médecine générale par an et par habitant. Il y a aussi 31 pharmacies, 73 médecins généralistes et des établissements de soins d’urgence dans toute la ville. Bastia est aussi épargnée avec 4,5 consultations en médecine générale, 26 pharmacies et 59 médecins généralistes.
Au contraire, dans une commune rurale comme Ventiseri qui accueille 2048 habitants à l'année, la situation est alarmante. On recense 1,5 consultation en médecine généraliste par an et habitant. De plus, l’établissement proposant un service de soins urgents le plus proche est à 65 minutes de route. La commune compte un seul médecin généraliste et une seule pharmacie.
Marie Beaurenaud, porte-parole du Guide Santé explique ses fortes disparités : " la Corse est une région très montagneuse où les soins sont plus éloignés mais la limitation de l'accès aux soins est aussi le résultat de la diagonale du vide, il y a toute une partie de la France où il n’y a plus personne."
Mais comment venir à bout de ces fortes inégalités ?
Plusieurs solutions ont été mises sur la table pour lutter contre la désertification médicale. Le développement de la télémédecine dans ces zones pourrait être un moyen viable. Cependant, cette pratique nécessite une bonne connexion internet. Or, bien souvent, les déserts médicaux correspondent aux mêmes territoires que les déserts numériques. En Corse notamment, l'accès à une bonne connexion est souvent très difficile à trouver. De plus, il n'est pas possible de soigner toutes les pathologies par vidéo.
Pour pallier le manque de médecins, le rofesseur Guy Vallancien, membre de l’Académie nationale de médecine, évoque la possibilité de recourir à des infirmières de pratique avancée (IPA) ou infirmières de première ligne. Elles iraient en premier lieu au domicile du malade pour voir si il est possible qu'elles trouvent d'elle-même une solution. Si ce n'était pas le cas, elles enverraient le patient chez un médecin ou aux urgences.
Marie Beaurenaud évoque également d’autres alternatives comme des maisons de santé pluridisciplinaires, une meilleure coopération des structures publiques et privées ainsi que la mise en place de bus de santé itinérants, qui serait comme un "tragulinu" de la santé.
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