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En Corse, un plan régional pour lutter contre la prolifération du crabe bleu


le Mercredi 18 Décembre 2024 à 16:20

À l'occasion de la dernière session de l'Assemblée de Corse de l'année, ce vendredi l'Exécutif présentera un plan de lutte territorial contre cette espèce invasive qui prolifère depuis quelques années dans les étages de l'île, et cause de nombreux désagréments aux pêcheurs, tout en menaçant la biodiversité.



En Corse, un plan régional pour lutter contre la prolifération du crabe bleu
C’est un outil stratégique qui a pour but de contribuer à la sauvegarde de la biodiversité des lagunes corses et au maintien des métiers traditionnels qui y sont associés. Ce vendredi, à l’occasion de la dernière session de l’Assemblée de Corse de l’année, le président de l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC), Guy Armanet, présentera un plan de lutte territorial contre le crabe bleu pour la période 2024-2027. 
 
Présent en Corse depuis les années 1990, le Callinectes sapidus, espèce originaire des côtes atlantiques américaines mais observée dans l’est de la Méditerranée depuis les années 1935, probablement introduite par l’intermédiaire du trafic maritime, est en effet devenu la terreur des étangs. Si le premier signalement vérifié sur l’île avait été recensé dans les lagunes de Palu et de Diana, entre 2014 et 2017 l’espèce s’est étendue le long du littoral Est de la Corse et entre 2019 et 2021 le nombre d’individus a très fortement augmenté sur plusieurs sites.  Depuis l’espèce continue son expansion et explose sur certains sites, causant de multiples désagréments sur les activités de pêche et contribuant à la perte de biodiversité de nos lagunes. Une menace face à laquelle peu de réponses adaptées ont pour l’instant fait jour. 
 
Dans ce droit fil, dans son rapport, l’OEC rappelle ainsi que « les espèces exotiques envahissantes représentent une menace majeure pour la biodiversité mondiale » en ce que leur introduction, dans des écosystèmes où elles n’ont pas de prédateurs naturels perturbe les équilibres locaux et « peut également avoir des conséquences économiques et sanitaires importantes ». L’office souligne en outre que « la mer Méditerranée dans son ensemble y compris les lagunes méditerranéennes est l’un des régions du monde les plus sévèrement touchées par les invasions biologiques avec pas moins de 1011 espèces marines signalées comme espèce non-indigènes ». « Face à ces phénomènes aggravés par les effets du réchauffement climatique, le conseil exécutif de Corse a souhaité, dès 2017, doter la Collectivité de Corse des outils juridiques permettant d’agir en amont des situations de crise », ajoute-t-il en pointant un vote de l’Assemblée de Corse d’avril 2017 qui octroi un transfert de compétence relatif aux espèces exotiques envahissantes, conformément à la loi du 24 juillet 2019 portant création de l’Office Français de la Biodiversité.
 
Fort de cette délégation, l’OEC en partenariat la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Corse ont constitué en fin d’année 2020 un groupe de travail visant à améliorer les connaissances sur le crabe bleu américain et son évolution sur le territoire insulaire, ainsi qu’à coordonner des actions, en adéquation avec la stratégie nationale de lutte contre les espèces exotiques envahissantes et assurer une gestion des sites adaptée à l’échelle de la Corse. S’il en est ressorti que l’éradication du crabe bleu ne peut plus être envisagée, l’OEC appuie sur le fait qu’il est « essentiel de maintenir un niveau soutenu de lutte et de compter sur la collaboration entre les différents acteurs œuvrant pour la protection de l’environnement, les pêcheurs professionnels et les scientifiques ». 
 
« À l’aune de l’ampleur des dégâts causés par l’espèce invasive le conseil exécutif de Corse a souhaité structurer et intensifier la démarche via l’élaboration d’un plan d’action », indique encore l’OEC. Ce plan que l’office a élaboré avec les acteurs concernés à savoir la Collectivité de Corse et les gestionnaires des étangs, mais aussi la DREAL de Corse, la Direction de la Mer et du Littoral de Corse, et le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Corse, le pôle relais lagunes méditerranéennes a ainsi pour objectif de rassembler et de proposer dans un cadre opérationnel les voies et moyens d’intervenir de manière efficiente à différents niveaux de la problématique : technique, scientifique, économique.
 
Un document stratégique qui fait figure de pionnier qui s’articule autour des cinq axes définis par la stratégie nationale : la prévention de l’introduction et de la propagation de nouvelles espèces exotiques envahissantes ; les interventions de gestion d’espèces et restauration des écosystèmes ; l’amélioration et mutualisation des connaissances ; la communication, sensibilisation, mobilisation et formation ; et la gouvernance. L’ensemble de ces axes sera décliné en 10 objectifs, 25 opérations et 58 actions.
 
Est notamment prévue une action collaborative prévue entre la CdC, gestionnaire des principaux étangs impactés et les pêcheurs afin de coordonner des campagnes de pêche ciblées nécessaires à certaines périodes de l’année afin de limiter les explosions de population de crabe en effectuant une surpêche des individus avant essaimage. Ces campagnes seront organisées spécifiquement sur chaque site selon un protocole de suivi scientifique précis. La CdC a prévu d’engager 80 000 euros sur 2025 pour concrétiser cette mesure. 
 
En outre, pour accompagner les gestionnaires et les pêcheurs impactés, l’OEC a intégré la problématique du crabe bleu au cœur de ses dispositifs d’aide, notamment son plan de soutien et de développement en faveur de la pêche corse à travers lequel est prévu un dispositif spécifique pour pérenniser l’activité des pêcheurs lagunaires impactés par le crabe bleu à hauteur de 50 000 euros par an sur cinq ans.