- Pourquoi avez-vous choisi de visiter Lecci et Borgo ce 1er mai dans le cadre de votre campagne pour les élections européennes ?
- Il était très important pour moi de venir en Corse pendant cette campagne européenne, surtout à un moment où l'île traverse un débat crucial sur son avenir. C'est également un moment où les Corses sont confrontés à des problématiques concrètes au quotidien. Je veux m'assurer que ces préoccupations ne soient pas reléguées au second plan par des discussions purement institutionnelles. Je pense aux défis majeurs tels que la santé et le système hospitalier, ainsi qu'au coût de la vie qui, bien que présent partout en Europe, affecte particulièrement la Corse en raison de son insularité. Les questions du logement et des transports sont également centrales. Tous ces sujets sont au cœur des préoccupations des Corses au quotidien, et je ne pouvais pas mener cette campagne européenne sans venir à leur rencontre pour échanger sur ces enjeux cruciaux. Bien que je n'aie pas de racines corses, je ressens une forte proximité avec l'île. J'y suis venu à maintes reprises dans le cadre de mon travail parlementaire pour représenter les intérêts des Corses au Parlement européen. C'est avec un grand plaisir que je reviens à nouveau pour dialoguer avec eux sur ces questions essentielles.
- La Commission nationale d’Investiture des Républicains s’est réunie ce mardi pour désigner les 31 premiers candidats aux élections européennes. Y a-t-il des Corses ?
- La liste n’est pas définie, mais il y aura évidemment un candidat corse, parce que c’est important pour nous que la Corse soit représentée et bien représentée. Elle fait évidemment partie de notre famille parce que nous avons la chance de pouvoir compter sur des élus et des cadres issus de la Corse pour faire vivre notre mouvement. Donc bien sûr, la Corse sera représentée dans cette liste pour les élections européennes.
- Vous êtes crédité d'environ 8 % par les sondages. Pensez-vous pouvoir obtenir un meilleur résultat et quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour y parvenir ?
- Je suis convaincu que nous pouvons obtenir un meilleur résultat que les 8 % crédités par les sondages. Cette élection revêt une importance cruciale pour notre avenir, car elle déterminera qui va revitaliser l'Europe de demain. Le vrai clivage européen se situe entre la droite et la gauche, entre les socialistes et la droite que je représente. Je pense qu'aujourd'hui, si l'on veut surmonter les impasses dans lesquelles l'Europe est embourbée, que ce soit sur les questions de son impuissance migratoire, de son décrochage économique, de ses fragilités énergétiques ou agricoles, il est nécessaire de rompre avec les solutions proposées par la gauche depuis longtemps. Il est crucial d'imposer une véritable alternance en Europe, et c'est ce que nous défendons.
- Vous mettez en avant votre vision de la politique face à une politique spectacle. Quels mots résument votre vision ?
- Contre la politique-spectacle, nous sommes convaincus qu'il est essentiel de prendre au sérieux les enjeux nationaux et locaux. Les problèmes actuels, qu'ils concernent la France ou la Corse, requièrent une approche sérieuse et non superficielle basée uniquement sur la communication. Notre vision repose sur le principe de liberté. Nous aspirons à une Europe qui libère les acteurs économiques tels que nos agriculteurs, nos pêcheurs et nos industriels. Nous souhaitons une Europe qui libère également les citoyens des contraintes, des contrôles excessifs et de la surveillance coûteuse qui pèse lourdement sur notre pays. Nous prônons la libération du fardeau fiscal alors qu'Emmanuel Macron semble s'engager dans une voie de dette et de hausse d'impôts. Il est urgent de sortir de cette situation étouffante pour retrouver notre prospérité.
- Qu’est-il urgent de réformer ?
- Il est crucial de réformer à la fois le fonctionnement des institutions et les politiques actuellement en place. Par exemple, les agriculteurs expriment leur détresse face aux contraintes excessives imposées par les règles européennes. Notre combat vise à lever cette défiance quotidienne qui entrave leur travail. Nous aspirons à une Europe capable de répondre à nos besoins essentiels tout en offrant aux travailleurs la confiance nécessaire pour produire et prospérer, en garantissant une rémunération juste. C'est l'un des défis majeurs actuels : restaurer la dignité du travail, reconnaître sa valeur et assurer une rétribution équitable. En effet, de nombreuses personnes qui travaillent dur peinent à subvenir à leurs besoins de base, à se loger convenablement ou à accéder à des soins de qualité, ce qui est inacceptable dans notre société moderne.
- Vous remettez en cause la gouvernance de Mme Von der Leyen. Que lui reprochez -vous ?
- Je lui reproche principalement d'avoir renforcé le sentiment d'impuissance de l'Europe sur de nombreux sujets, notamment en ce qui concerne les questions migratoires. Nous avons plaidé en faveur de l'utilisation du budget européen pour financer des dispositifs de protection aux frontières extérieures de l’Europe, ce qui a été vivement contesté par la Commission, la gauche, et les macronistes. Ces enjeux sont à la fois politiques et concrets, et l'incapacité de l'Europe à agir efficacement à ce sujet contribue à discréditer profondément la politique au sein de notre pays. Il est urgent que l'Europe sorte de cette spirale d'impuissance pour restaurer sa crédibilité politique.
- Vous avez pris parti en faveur des agriculteurs et contre le pacte vert. Pourquoi ?
- Nous avons toujours soutenu nos agriculteurs et nos pêcheurs car ce sont eux qui nous permettent de vivre, et aujourd'hui, ils peinent à subsister de leur travail. Il est inacceptable de continuer à imposer des règles de plus en plus strictes à nos producteurs locaux tout en autorisant massivement l'importation de produits étrangers dans nos marchés et supermarchés, sans se conformer à nos normes. C'est une aberration à laquelle il est urgent de remédier.
- Êtes-vous en faveur d’une Europe fédérale ?
- Non, au contraire, nous croyons en une Europe qui respecte la souveraineté des peuples qui la composent. L'Europe est un modèle singulier, une alliance de démocraties souveraines qui collaborent pour se renforcer mutuellement. Nous ne soutenons pas l'idée d'une Europe fédérale, car cela entraînerait la dévitalisation et la perte des leviers essentiels de nos États.
- Vous plaidez pour un changement de cap en Europe. Quel est -il ?
- Il faut que l’Europe se recentre sur l’essentiel, qu’elle libère ceux qui produisent, qu’elle sorte de la spirale des normes, de la contrainte, des contrôles, qu'elle assume enfin son identité, et qu’elle accepte de protéger ses frontières. Mais pour obtenir ce changement de cap, il faut mener un combat quotidien, patient et déterminé. C’est comme ça que nous avons pendant cinq ans fait reculer certaines réglementations absurdes pour les agriculteurs, ou sur les prix de l’électricité. Il faut élire au Parlement des députés qui travaillent.
- Quelle est votre position sur une autonomie de la Corse ?
- Nous croyons fermement à la nécessité de respecter les Corses, ainsi que la singularité de leur île, leur culture et leurs spécificités. Cependant, pour y parvenir, il est impératif de mettre en place des mesures d'adaptation spécifiques à la Corse, à travers des ajustements législatifs ou réglementaires appropriés. Nous sommes prêts à entamer des discussions sur ces adaptations nécessaires. En revanche, nous ne soutenons pas l'idée d'accorder à la collectivité de Corse le pouvoir de légiférer indépendamment. Le processus législatif appartient au Parlement, garant de l'unité nationale. Fragmenter cette capacité de construire ensemble fragiliserait la cause de la Corse ainsi que ses habitants. Cependant, nous sommes favorables à des adaptations législatives permettant à la collectivité corse de proposer des textes de loi nécessaires, dans le cadre d'une relation harmonieuse avec la communauté nationale.
18h : Réunion publique
Salle polyvalente, route de la Gare, 20290 Borgo