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Européennes. Guillaume Laurent, colistier corse de Raphaël Glucksmann : "On poursuivra sans relâche la défense de l’égalité des droits humains"


Cécile Orsoni le Mercredi 22 Mai 2024 à 12:58

À 28 ans, Guillaume Laurent, agriculteur passionné de Porto-Vecchio, se lance dans la politique européenne sur la liste PS/Place Publique menée par Raphaël Glucksmann. À 19 jours des élections, il partage avec CNI ses convictions pour une Europe puissante, écologique et sociale, et explique les raisons de son engagement. Entretien.



Crédit photo Place Publique
Crédit photo Place Publique
- Comment et pourquoi avez-vous rejoint la liste de Raphaël Glucksmann ?
- Je suis les actions de Raphaël Glucksmann depuis les élections européennes de 2019. Suite à ces élections, j’ai vu ce qu’il était capable de faire et j’ai compris ses idées. J’ai souhaité être membre de son parti, car je pense qu’il est le plus cohérent. Un appel à la candidature a été lancé il y a quelques mois et je me suis porté candidat fin décembre 2023. J’ai été retenu et je suis rentré sur la liste à la 67e place. Depuis, je me suis déplacé lors des meetings de Raphaël Glucksmann en France au côté des autres colistiers pour le soutenir.


- Quels sont, selon vous, les enjeux de cette élection européenne ?
- Elles sont très importantes. Nous sommes en guerre, nous devons nous prévenir de la montée en puissance des extrêmes, que ce soit à gauche ou à droite. Notre programme s’organise autour de quatre chapitres : l’écologie, la puissance européenne, l’aspect social et la solidarité qui doit régner au sein de cette Europe.
On pense qu’il y a une nécessité de donner à l’Europe les moyens de se défendre. Par exemple, aujourd’hui, la France est incapable de produire 3000 obus par mois alors que la Russie en tire 20000 par jour. Il y a un besoin de se réarmer et d’assurer notre propre sécurité. Pour cela, nous lancerons un fonds européen de défense doté de 100 milliards d’euros. Nous devons aussi redevenir producteurs, pour orienter les commandes publiques vers les entreprises européennes.
Nous avons aussi un objectif écologique : fixer 75% d’énergie renouvelable d’ici 2040 pour ne plus dépendre des pétromonarchies qui sont nos ennemies.
Sur le chapitre social, nous devons lutter contre les extrêmes, renforcer la cohésion, établir de nouveaux droits pour les travailleurs, développer de nouvelles solidarités entre les territoires en décrochage. Aujourd’hui, la crise sociale frappe l’Europe. Avec l’inflation, 4 millions de Français sont mal logés. Il faut réglementer les plateformes comme Airbnb, baisser les factures, instaurer un tarif réglementé de l’électricité et de l’eau.
Pour l’Europe démocratique et solidaire, le but c’est d’axer sur la paix, l’égalité des droits entre les européens. Notre Europe sera humaniste et poursuivra sans relâche le respect de l’état de droit, les libertés fondamentales, l’universalité des droits humains. Nous voulons construire une Union européenne au service de l’égalité. Les droits des personnes en situation de handicap doivent aussi devenir une priorité.

- Quelle est la place de la Corse au sein de l’UE ?
- Elle est très importante. Nous sommes en train de travailler en collaboration avec certaines personnalités politiques corses pour inclure davantage la Corse dans ces élections et dans l’UE. Mais tant que rien n’est acté et que les discussions ne sont pas terminées, je ne peux pas vous en dire plus.

- Vous êtes à 16% dans les sondages, comme Valérie Hayer (Renaissance). Comment comptez-vous maintenir cette dynamique ?
- On a une liste très impliquée, que ce soit du point de vue des candidats ou des membres du parti. Nous sommes très actifs sur tout le territoire français, on continue de faire des réunions publiques, des meetings, dans les communes et dans les villages. On croit beaucoup a ce schéma : rencontrer les gens, leur parler, leur faire comprendre que nous sommes le seul vote utile. Quand on voit le bilan de Renaissance sur ces dernières années, on se dit que l’on a une place à prendre.

- Quelles sont les différences qui vous opposent à la liste du gouvernement Renaissance ?
- Le côté humaniste, qui n’a jamais été soutenu par ce parti-là. Mais aussi nos prises de position géopolitiques, avec ce qui se passe en Palestine et en Israël. Nous condamnons les deux : les attaques du Hamas, mais aussi ce que fait Benyamin Netanyahou en Palestine. Du point de vue de l’Ukraine, on ne souhaite pas envoyer de troupes au sol, mais apporter un soutien en armes. Il y a aussi des divergences sur l’écologie : dans notre programme, nous avons beaucoup de propositions, c’est un pilier essentiel de notre campagne, ce qui n’est pas leur cas.

- La gauche présente plusieurs listes. Cela ne pourra pas nuire à votre score final ?
- Je suis contre la guerre qui se fait à gauche, mais cela ne nous nuira pas. Nous ne sommes pas alignés sur les mêmes idées que LFI qui est un parti d’extrême gauche. Et il n’y a pas de places pour les extrêmes aujourd’hui.

- Comment expliquez-vous le succès du RN, crédité à 32% dans les sondages ?
- Je l’explique par l’insécurité qui règne en France et le fait que Jordan Bardella soit une personnalité assez jeune. Il arrive a rassembler, même sur des idées controversées. Il fait un travail de propagande. Leurs idées sont compliquées à mettre en place et sont faciles à démonter. Ils sont contre l’Europe.

- Quel est votre regard sur l’autonomie en Corse ?
- C’est une chose que l’on ne peut pas aborder pour l’instant tant que les discussions n’ont pas été définies et claires, mais le moment où l’on pourra intervenir sur ce sujet, on le fera savoir.