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Extraction de Nickel sur les plages du Cap - "On souhaite que ce projet s'arrête là..."


le Jeudi 13 Mars 2025 à 13:39

"Fidèle aux combats historiques qui constituent le socle de son engagement, le Conseilexécutif de Corse se positionne contre ce projet et apporte son soutien indéfectible aux maires des communes d'Ogliastru et de Nonza ainsi que de leurs populations".
Guy Armanet, président de l'office de l'Environnement de la Corse, a été clair en préambule de son intervention jeudi matin à la mairie de Nonza aux côtés de Jean-Marie Dominici, maire de la commune, Jean-Toussaint Morganti, maire d'Ogliastru venu en voisin exprimer, lui aussi, son opposition au projet d'extraction de Nickel sur les plages d'Albu et de Nonza et de Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco, président de l'association des maires de Haute-Corse et réprésentant le président de la communauté des communes du Cap Corse.



Autour de Guy Armanet, Jean-Marie Dominici et Jean-Toussaint Morganti, les élus opposés au projet posent au-dessus de la plage de Nonza
Autour de Guy Armanet, Jean-Marie Dominici et Jean-Toussaint Morganti, les élus opposés au projet posent au-dessus de la plage de Nonza
- Pourquoi une telle unanimité contre ce projet ?
- La position du Conseil exécutif fait écho à la motion déposée par le groupe majoritaire votée à l'unanimité de l'assemblée de Corse le 29 novembre 2024. En effet, pour le Conseil, les conditions envisagées pour l'exploitation de ces ressources ne respectent pas les principes fondamentaux requis.

- C'est-à-dire ?
- Il y a d'abord la nécessité de l'adhésion au projet des élus et des populations. Ici tout le monde est fermement opposé au projet totalement incompatible, de surcroît, avec le Padduc qui rejette les activités d'extraction minière sur le littoral et domaine public maritime. Il y a, enfin, les risques environnementaux et sanitaires ainsi que les impacts négatifs qui sont inévitables pour les écosystèmes marins et terrestres, sur le trait de côte, sur le domaine public maritime, sur la végétalisation des plages, et sur la qualité de vie des populations, et qui sont donc inacceptables.

- Vous opposez donc un "non" ferme et définitif au projet ?
- L'objectif de notre présence aux côtés des maires et des populations de Nonza et Ogliastru, c'est de dire non à ce projet que l'on considère non opportun sur un secteur qui a déjà fortement été impacté par l'amiante. Aujourd'hui, on voudrait revenir pour essayer d'exploiter du nickel qui résiderait sur la plage... Pour nous, Office de l'environnement et  Collectivité de Corse, c'est un "non" ferme et catégorique que nous portons en commun avec les maires et les populations. Et vraiment on souhaite que ce projet s'arrête là.

- Avez-vous rencontré l'entreprise ?
-  Nous avons été sans doute les derniers, à l'office de l'Environnement, à l'avoir fait. Mais ce n'est pas pour autant que nous avons vu d'étude d'impact dans le projet qui a été présenté. Cela fait partie des aspects que j'ai mis tout de suite en exergue en leur disant " si vous venez nous rencontrer, vous allez certainement devoir nous donner quelques réponses au niveau environnemental". Mais il n'y en a aucune, si ce n'est que l'aspect financier et ça, on ne peut pas l'accepter.

- Mais on vous promet "quelque chose d'unique au monde"
Un site unique au monde. Sous quelle forme? À partir de l'extraction qu'il souhaite en faire ? Du processus d'extraction. Mais quid du trait de côte, des galets de la plage de Nonza, de la configuration maritime où le parc marin a de grandes craintes, puisque ce sont des zones de reproduction de poissons ? Comment le site va-t-il se trouver, au plan environnemental, au bout de dix années d'exploitation  ? J'invite l'entreprise qui m'avait dit  lors de notre dernier entretien "Si la population est contre, on n'ira pas plus loin" . Nous sommes dans cette configuration aujourd'hui...

- Vous avez lancé un appel aux services de l'État dans ce sens ?
- Dès les premiers frémissements du projet, on avait évoqué avec eux nos inquiétudes. Ils viennent d'ailleurs de faire savoir, par l'intermédiaire d'une note très précise (voir ci-dessous), qu'aucune étude environnementale n'a été faite à ce jour et que, si on voulait porter ce type de projet là, il faudrait quatre ou cinq ans d'études pour pouvoir le mener à bien. Mais au stade où l’on en est aujourd'hui et, vu la levée de boucliers engendrée par le projet, je demande instamment à l'entreprise de ne procéder à aucune étude sur les sites envisagés, cela éviterait bien des problèmes avec les populations et les maires concernés.

À venir les points de vue des maires de Nonza et d'Ogliastru


La société Aurania Resources Ltd a porté à la connaissance de l’État, des maires des communes de Nonza et d’Ogliastro et du public son intérêt pour développer un projet,d’extraction de minéraux sur les plages de Nonza et Albo.
Compte tenu des caractéristiques du territoire, le Préfet a rappelé à l’entreprise, en présence de l’ensemble des services de l’État concernés et services associés (Parcnaturel marin du Cap Corse et de l’Agriate...), le cadre réglementaire dans lequel le projet serait instruit si sa pertinence est confirmée à l’issue des premières expertises que souhaite mener Aurania Ressources. Les autorisations et consultations prévues par la réglementation, ainsi que les enjeux et points d’attention sur lesquels les études devront porter, sont les suivants :
• autorisation environnementale « IOTA et travaux miniers » embarquant d’autres procédures intégrées selon la nature exacte des activités projetées : déclaration de travaux miniers-forage, déclaration IOTA, voire déclaration ou enregistrement au titre des installations classées pour la protection de l’environnement, dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées le cas échéant ;
• autorisation spéciale de Mme la Ministre de la Transition Écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche après avis du Conseil des sites en cas de modification de l’état ou de l’aspect du site ;
• délivrance des autorisations d’occupation temporaire du domaine public maritime à terre et en mer, incluant pour certains équipements un avis
conforme du Préfet maritime et du Commandant de zone maritime ;
• autorisation de recherche scientifique et marine en phase d’étude et définition d’une zone d’interdiction d’activités nautiques à proximité du projet ;
• évaluation des incidences Natura 2000 ;
• avis conforme du parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate ;
• avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) de Corse ;
• vérification de la compatibilité du projet avec les documents de planification en vigueur, en particulier le PADDUC et les documents d’urbanisme des communes.
Les autorisations nécessaires au projet feront l’objet, si elles sont sollicitées, d’une enquête publique unique afin d’informer et de consulter la population sur ce projet. Par ailleurs, une demande de réalisation d’une campagne de forages et d’études sur site en vue de mieux caractériser les enjeux fait actuellement l’objet d’un examen par la mission régionale de l’autorité environnementale (MRAE) au titre de la procédure dite « cas par cas », qui pourra conduire le cas échéant à solliciter une étude d’impactenvironnementale spécifique à cette phase exploratoire.
Le cadre réglementaire ayant été rappelé et l’ensemble des points d’attention signalés, il revient désormais à l’entreprise de conduire l’ensembledes études nécessaires pour permettre à l’État d’apprécier la faisabilité de son projet et sa compatibilité avec les enjeux de préservation de l’environnement, de sécurité et de santé humaine.