Ce lundi, les militants de l'Unione di a Ghjuventù in Lotta ont mené une occupation symbolique des bureaux de l’Office Public de l’Habitat (OPH) à Ajaccio. Leur objectif : dénoncer ce qu’ils considèrent comme un système de répartition inéquitable des logements sociaux, dans lequel les Corses seraient désavantagés au profit de candidats issus du continent. « Aujourd'hui, nous occupons ce lieu symbolisant l'attribution des logements sociaux », ont-ils indiqué dans un communiqué diffusé sur leurs réseaux sociaux.
Selon les jeunes militants, l’actuelle organisation de l’attribution des logements sociaux, régie en grande partie par le droit au logement opposable (DALO), pénalise les insulaires en raison de sa portée nationale. En application de ce modèle, de nombreux logements se retrouvent attribués à des demandeurs venus du continent. « En Corse, où le peuple souhaite préserver son identité et son cadre de vie, la question du logement est un sujet crucial », souligne le groupe, dénonçant une politique de gestion des demandes qui ignorerait, selon eux, les réalités locales.
Les militants pointent également du doigt la pression immobilière accrue par une hausse d’acquisitions venues de l’extérieur, qui fait monter les prix et rend de nombreux logements inaccessibles pour les résidents. « L'arrivée massive d'étrangers avec des capacités financières qui leur permettent d'acheter et de construire sur notre terre des résidences principales ou secondaires, voire des locations Airbnb, crée des tensions sur le marché de l'immobilier », a-t-on pu lire dans leur communiqué. Selon eux, cette dynamique accentue non seulement la crise du logement mais accélère aussi la « bétonisation de notre île », menaçant le cadre de vie des Corses.
Sur l'île, selon eux, moins de 20 % des logements sociaux sont attribués par la Collectivité de Corse, tandis que l'État et Action Logement en détiennent la majorité. Un déséquilibre que Ghjuventù in Lotta juge insuffisant pour répondre aux besoins des résidents corses. « Le faible pourcentage de logements réservés à la Collectivité de Corse, seulement 16 %, contre plus de 50 % pour l'État français et son association partenaire Action Logement, avec en prime la loi DALO, fait que la population française est mécaniquement prioritaire sur l'accession aux logements sociaux et laisse de nombreux Corses sur listes d'attente pendant des années », dénoncent-ils.
Pour faire évoluer cette situation, les militants appellent à une réforme des critères d'attribution. Ils plaident pour que la priorité soit donnée aux résidents corses, un objectif qui pourrait, selon eux, être facilité par le statut de résident insulaire, mis de côté lors du récent processus de concertation au Beauvau de la sécurité.
Les jeunes activistes exhortent les élus locaux à soutenir leur cause en déposant une motion lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse afin d'obtenir cette priorité régionale. Leur revendication est claire : garantir aux Corses un accès privilégié aux logements sociaux afin de leur permettre de rester sur leur île et de préserver leur identité culturelle.
Ghjuventù in Lotta convie l'ensemble de la jeunesse corse à une assemblée générale le dimanche 3 novembre à Corte, où ils comptent poursuivre leur réflexion et intensifier leur mobilisation afin de "défendre davantage les intérêts de la jeunesse insulaire face à une pression immobilière" qu’ils estiment excessive et menaçante pour l'avenir culturel et social de l’île.