- Pouvez-vous résumer l’esprit de votre stratégie de déconfinement ?
- La question est simple : comment gérer au mieux d’un point de vue sanitaire et économique les quatre mois qui arrivent et la saison estivale en plein milieu ? Le plan, que je présente ce jeudi au nom du Conseil exécutif devant l’Assemblée de Corse, propose des choix assez lourds qui devront être débattus par les élus, mais qui résultent des grandes consultations que nous avons eues en amont avec tous les acteurs concernés. Pour nous, c’est le meilleur chemin possible, et j’espère que l’Assemblée le validera. Ensuite, tout restera à faire. Il faudra convaincre l’ensemble des acteurs économiques et sociaux insulaires, concomitamment discuter avec l’Etat et, si nous arrivons à nous faire entendre, réussir techniquement à construire le système en six semaines, à le financer et à le faire accepter par tout le monde. C’est un gros challenge ! La stratégie est cohérente et assez hardie. En même temps, je ne vois pas comment on peut faire autrement.
- Quel est votre objectif prioritaire ?
- C’est simple. Entre aujourd’hui et le 23 juin, l’objectif prioritaire sera de diminuer de façon maximale le nombre de nouveaux cas de COVID au sein de la population insulaire. Pour cela, on ferme les écoutilles et on continue à traquer le plus possible le virus en respectant les mesures de restriction qui resteront en vigueur après le déconfinement, en généralisant le port du masque, en renforçant les tests et en mettant en place des brigades pour identifier les cas contacts. L’idée est de casser les chaines de transmission pour que la situation épidémiologique soit la plus favorable possible. Parallèlement, avec l’aide du Comité de scientifiques corses que j’ai réuni, notamment du mathématicien, Dominique Barbolosi, nous préparerons la stratégie à mettre en œuvre au plus tard au 23 juin, notamment concernant la gestion des flux estivaux.
- La question est simple : comment gérer au mieux d’un point de vue sanitaire et économique les quatre mois qui arrivent et la saison estivale en plein milieu ? Le plan, que je présente ce jeudi au nom du Conseil exécutif devant l’Assemblée de Corse, propose des choix assez lourds qui devront être débattus par les élus, mais qui résultent des grandes consultations que nous avons eues en amont avec tous les acteurs concernés. Pour nous, c’est le meilleur chemin possible, et j’espère que l’Assemblée le validera. Ensuite, tout restera à faire. Il faudra convaincre l’ensemble des acteurs économiques et sociaux insulaires, concomitamment discuter avec l’Etat et, si nous arrivons à nous faire entendre, réussir techniquement à construire le système en six semaines, à le financer et à le faire accepter par tout le monde. C’est un gros challenge ! La stratégie est cohérente et assez hardie. En même temps, je ne vois pas comment on peut faire autrement.
- Quel est votre objectif prioritaire ?
- C’est simple. Entre aujourd’hui et le 23 juin, l’objectif prioritaire sera de diminuer de façon maximale le nombre de nouveaux cas de COVID au sein de la population insulaire. Pour cela, on ferme les écoutilles et on continue à traquer le plus possible le virus en respectant les mesures de restriction qui resteront en vigueur après le déconfinement, en généralisant le port du masque, en renforçant les tests et en mettant en place des brigades pour identifier les cas contacts. L’idée est de casser les chaines de transmission pour que la situation épidémiologique soit la plus favorable possible. Parallèlement, avec l’aide du Comité de scientifiques corses que j’ai réuni, notamment du mathématicien, Dominique Barbolosi, nous préparerons la stratégie à mettre en œuvre au plus tard au 23 juin, notamment concernant la gestion des flux estivaux.
- Une gestion des flux estivaux assez inédite ?
- Oui ! Je dirais même révolutionnaire ! L’équation est doublement compliquée : la Corse est dans un piège mortel ! Les scientifiques sont tous d’accord : le brassage important de population en période d’épidémie est un risque majeur d’aggravation ou de rebond. Si nous ne faisons rien et que nous laissons entrer les touristes sans contrôle, la situation sanitaire risque de déraper gravement, voire de façon catastrophique en août ou en septembre, et cela n’est pas envisageable ! Si, par contre, nous continuons à fermer complètement nos frontières et que nous ne laissons pas rentrer les touristes, la situation deviendrait, alors, catastrophique d’un point de vue économique. La reprise par paliers des activités touristiques est, donc, pour nous, au même titre que l’enjeu sanitaire, un enjeu fondamental. Dans ce contexte incertain aux multiples inconnues, l’idée est de trouver un équilibre en demandant un test systématique des passagers entrants sur le territoire et d’en faire un argument de vente de la destination corse. Nous pourrons, ainsi, construire une offre touristique crédible, attractive, et sécurisée au plan sanitaire, dire que la Corse est un territoire vert où le COVID est maîtrisé et donner l’assurance aux touristes qu’ils y passeront des vacances sereines de ce point de vue. Tout en protégeant notre population.
- Ce serait donc une ouverture maîtrisée des flux entrants ?
- Oui. L’accès à notre territoire sera conditionné par la présentation d’un certificat sanitaire « green pass », c’est-à-dire d’un test COVID négatif. Plusieurs procédés de tests et d’attestations, via des applications numériques, sont actuellement en phase de commercialisation. Ce dispositif permettrait de limiter, voire d’exclure, les risques pour la personne entrante d’être contaminée ou contaminante.
- A priori, aucun test n’est fiable à 100%. Comment appréhendez-vous cette part d’erreur ?
- Le Comité scientifique corse préconise de massifier les tests des résidents et d’activer une enquête de prévalence – qui a été proposée par des médecins corses dont le député Paul-André Colombani et dont le principe a été acté par l’Etat et l’ARS - pour bien mesurer la situation épidémiologique au sein de la population corse. Cette première variable serait couplée à une deuxième variable fournie par les analyses des résultats des tests systématiques effectués par l’aspirant au voyage, y compris en intégrant la part d’erreurs, les faux négatifs… Avec ces deux variables, nous pouvons construire, dans les semaines à-venir, un modèle mathématique des flux, qui planifiera les niveaux acceptables d’augmentation de notre population, dira quel volume de touristes la Corse peut accueillir en juillet, en août ou en septembre, sans risque d’aggravation de l’épidémie, d’engorgement des structures hospitalières et médicales, ou de mise en danger des populations aussi bien résidentes que de passage. Cette modélisation et prévisibilité des flux de l’offre permettraient aux professionnels de s’adapter en conséquence et d’anticiper leur stratégie. De cette façon, nous pourrions sauver ce qui peut l’être de la saison touristique tout en continuant à faire reculer le virus.
- A condition de convaincre le gouvernement ?
- Oui. C’est la première condition. Il faut aussi espérer que, d’ici là, les tests plus rapides et plus fiables, que le gouvernement a annoncés, soient enfin disponibles. Il faut, enfin, réussir à mettre en place l’application numérique qui nous permettra de finaliser l’opération.
- Au final, le 11 mai, rien ne change en Corse, côté transports maritimes ou aériens et flux de touristes ?
- Non. C’est en tous cas ce que je préconise. Ceci dit, dans les transports aériens, à compter du 11 mai jusqu’au 2 juin, si le périmètre de desserte reste inchangé, la capacité d’emport d’Air Corsica sur le bord à bord est augmentée à 120 passagers sur un Airbus et 50 sur un ATR, tout comme le nombre de vols. L’objectif est simplement de répondre à la demande de nombreux Corses qui se déplacent pour raisons de santé et qui ont renoncé aux soins pendant le confinement. Soyons clairs : cette capacité d’emport supplémentaire ne correspond pas à l’augmentation du volume de touristes. Concernant le maritime, nous mettrons deux rotations hebdomadaires à Pruprià et deux à Lisula pour soutenir la relance de l’activité économique et du fret. De façon générale, nous ferons des points réguliers, mais dans cette période, nous voulons, pour combattre l’épidémie, rester sur un modèle de restrictions fortes des flux de personnes entrants. C’est cet effort fait, si nécessaire jusqu’au 23 juin - même si nous ferons un point d’étape au 2 juin - qui nous permettra d’ouvrir en pleine saison de façon significative sur les touristes dans une logique de sécurité maximale.
- Oui ! Je dirais même révolutionnaire ! L’équation est doublement compliquée : la Corse est dans un piège mortel ! Les scientifiques sont tous d’accord : le brassage important de population en période d’épidémie est un risque majeur d’aggravation ou de rebond. Si nous ne faisons rien et que nous laissons entrer les touristes sans contrôle, la situation sanitaire risque de déraper gravement, voire de façon catastrophique en août ou en septembre, et cela n’est pas envisageable ! Si, par contre, nous continuons à fermer complètement nos frontières et que nous ne laissons pas rentrer les touristes, la situation deviendrait, alors, catastrophique d’un point de vue économique. La reprise par paliers des activités touristiques est, donc, pour nous, au même titre que l’enjeu sanitaire, un enjeu fondamental. Dans ce contexte incertain aux multiples inconnues, l’idée est de trouver un équilibre en demandant un test systématique des passagers entrants sur le territoire et d’en faire un argument de vente de la destination corse. Nous pourrons, ainsi, construire une offre touristique crédible, attractive, et sécurisée au plan sanitaire, dire que la Corse est un territoire vert où le COVID est maîtrisé et donner l’assurance aux touristes qu’ils y passeront des vacances sereines de ce point de vue. Tout en protégeant notre population.
- Ce serait donc une ouverture maîtrisée des flux entrants ?
- Oui. L’accès à notre territoire sera conditionné par la présentation d’un certificat sanitaire « green pass », c’est-à-dire d’un test COVID négatif. Plusieurs procédés de tests et d’attestations, via des applications numériques, sont actuellement en phase de commercialisation. Ce dispositif permettrait de limiter, voire d’exclure, les risques pour la personne entrante d’être contaminée ou contaminante.
- A priori, aucun test n’est fiable à 100%. Comment appréhendez-vous cette part d’erreur ?
- Le Comité scientifique corse préconise de massifier les tests des résidents et d’activer une enquête de prévalence – qui a été proposée par des médecins corses dont le député Paul-André Colombani et dont le principe a été acté par l’Etat et l’ARS - pour bien mesurer la situation épidémiologique au sein de la population corse. Cette première variable serait couplée à une deuxième variable fournie par les analyses des résultats des tests systématiques effectués par l’aspirant au voyage, y compris en intégrant la part d’erreurs, les faux négatifs… Avec ces deux variables, nous pouvons construire, dans les semaines à-venir, un modèle mathématique des flux, qui planifiera les niveaux acceptables d’augmentation de notre population, dira quel volume de touristes la Corse peut accueillir en juillet, en août ou en septembre, sans risque d’aggravation de l’épidémie, d’engorgement des structures hospitalières et médicales, ou de mise en danger des populations aussi bien résidentes que de passage. Cette modélisation et prévisibilité des flux de l’offre permettraient aux professionnels de s’adapter en conséquence et d’anticiper leur stratégie. De cette façon, nous pourrions sauver ce qui peut l’être de la saison touristique tout en continuant à faire reculer le virus.
- A condition de convaincre le gouvernement ?
- Oui. C’est la première condition. Il faut aussi espérer que, d’ici là, les tests plus rapides et plus fiables, que le gouvernement a annoncés, soient enfin disponibles. Il faut, enfin, réussir à mettre en place l’application numérique qui nous permettra de finaliser l’opération.
- Au final, le 11 mai, rien ne change en Corse, côté transports maritimes ou aériens et flux de touristes ?
- Non. C’est en tous cas ce que je préconise. Ceci dit, dans les transports aériens, à compter du 11 mai jusqu’au 2 juin, si le périmètre de desserte reste inchangé, la capacité d’emport d’Air Corsica sur le bord à bord est augmentée à 120 passagers sur un Airbus et 50 sur un ATR, tout comme le nombre de vols. L’objectif est simplement de répondre à la demande de nombreux Corses qui se déplacent pour raisons de santé et qui ont renoncé aux soins pendant le confinement. Soyons clairs : cette capacité d’emport supplémentaire ne correspond pas à l’augmentation du volume de touristes. Concernant le maritime, nous mettrons deux rotations hebdomadaires à Pruprià et deux à Lisula pour soutenir la relance de l’activité économique et du fret. De façon générale, nous ferons des points réguliers, mais dans cette période, nous voulons, pour combattre l’épidémie, rester sur un modèle de restrictions fortes des flux de personnes entrants. C’est cet effort fait, si nécessaire jusqu’au 23 juin - même si nous ferons un point d’étape au 2 juin - qui nous permettra d’ouvrir en pleine saison de façon significative sur les touristes dans une logique de sécurité maximale.
- Autre sujet brûlant : le retour à l’école le 11 mai. Votre position diverge de celle du président de l’Assemblée de Corse qui exige un report à septembre. Pourquoi ?
- Il faut être clair. Premièrement, il y a une évidence : la communauté scientifique dans son ensemble et le Comité scientifique corse préconisent de reporter la rentrée généralisée à septembre pour les collèges et lycées, et une rentrée d’observation décalée au 2 juin pour les maternelles-primaires. De la même façon qu’une rentrée généralisée en juin est impossible, fermer toutes les écoles et établissements, renvoyer purement et simplement la reprise des cours en septembre, est inenvisageable. Pour deux raisons essentielles. La première est que l’on ne peut pas couper pendant six mois, sans dommages majeurs, le lien entre les enfants, surtout les plus fragiles, et l’école. La seconde est que si on ne profite pas du mois de juin, voire des quelques semaines suivantes, pour organiser en situation une rentrée avec des gestes barrières, la mise œuvre des procédures, la formation des enfants et des enseignants à ces gestes, on risque de se retrouver en septembre dans une désorganisation totale. D’autant que l’épidémie pourrait bien ne pas être éradiquée et que d’autres virus saisonniers habituels comme la grippe, le rhume… pourraient compliquer l’équation. Cela risquerait de conduire - et le Comité scientifique a beaucoup insisté là-dessus – à une nouvelle paralysie du système.
- Vous énoncez une double impossibilité : impossibilité de faire une rentrée généralisée, et impossibilité d’attendre septembre. N’est-ce pas une impasse ?
- Non ! Il faut trouver un chemin intermédiaire. Aujourd’hui, les parents et les enseignants sont légitimement inquiets. Quelle est la situation secteur par secteur ? Je rappelle que la rentrée dans le primaire reste de la compétence des maires. J’ai recueilli l’avis d’environ 100 maires. Environ 30 ont décidé d’ouvrir les écoles en toute ou partie. Je respecte leur décision et je leur dis que nous mettrons à leur disposition des transports sécurisés au plan sanitaire. Comme je comprends et je soutiens les 70 autres qui ne veulent pas ouvrir parce qu’ils craignent la diffusion du virus et qui n’ont pas les moyens matériels ou humains d’appliquer les protocoles édictés par l’Etat. Concernant les lycées et collèges qui sont de ma compétence, je ne les ouvrirai pas le 11 mai, et je dis que la reprise normale des cours aura lieu en septembre. Pour autant, je propose que le Rectorat, la Collectivité de Corse, les responsables d’établissements, les professeurs et les parents d’élèves se mettent rapidement autour de la table pour que nous réfléchissions aux moyens de renforcer l’offre éducative pour les jeunes qui décrochent ou qui sont en danger, d’organiser au mieux les examens et les concours, de répondre à la demande des parents qui veulent remettre leurs enfants en classe… et surtout de préparer ensemble la rentrée de septembre.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Il faut être clair. Premièrement, il y a une évidence : la communauté scientifique dans son ensemble et le Comité scientifique corse préconisent de reporter la rentrée généralisée à septembre pour les collèges et lycées, et une rentrée d’observation décalée au 2 juin pour les maternelles-primaires. De la même façon qu’une rentrée généralisée en juin est impossible, fermer toutes les écoles et établissements, renvoyer purement et simplement la reprise des cours en septembre, est inenvisageable. Pour deux raisons essentielles. La première est que l’on ne peut pas couper pendant six mois, sans dommages majeurs, le lien entre les enfants, surtout les plus fragiles, et l’école. La seconde est que si on ne profite pas du mois de juin, voire des quelques semaines suivantes, pour organiser en situation une rentrée avec des gestes barrières, la mise œuvre des procédures, la formation des enfants et des enseignants à ces gestes, on risque de se retrouver en septembre dans une désorganisation totale. D’autant que l’épidémie pourrait bien ne pas être éradiquée et que d’autres virus saisonniers habituels comme la grippe, le rhume… pourraient compliquer l’équation. Cela risquerait de conduire - et le Comité scientifique a beaucoup insisté là-dessus – à une nouvelle paralysie du système.
- Vous énoncez une double impossibilité : impossibilité de faire une rentrée généralisée, et impossibilité d’attendre septembre. N’est-ce pas une impasse ?
- Non ! Il faut trouver un chemin intermédiaire. Aujourd’hui, les parents et les enseignants sont légitimement inquiets. Quelle est la situation secteur par secteur ? Je rappelle que la rentrée dans le primaire reste de la compétence des maires. J’ai recueilli l’avis d’environ 100 maires. Environ 30 ont décidé d’ouvrir les écoles en toute ou partie. Je respecte leur décision et je leur dis que nous mettrons à leur disposition des transports sécurisés au plan sanitaire. Comme je comprends et je soutiens les 70 autres qui ne veulent pas ouvrir parce qu’ils craignent la diffusion du virus et qui n’ont pas les moyens matériels ou humains d’appliquer les protocoles édictés par l’Etat. Concernant les lycées et collèges qui sont de ma compétence, je ne les ouvrirai pas le 11 mai, et je dis que la reprise normale des cours aura lieu en septembre. Pour autant, je propose que le Rectorat, la Collectivité de Corse, les responsables d’établissements, les professeurs et les parents d’élèves se mettent rapidement autour de la table pour que nous réfléchissions aux moyens de renforcer l’offre éducative pour les jeunes qui décrochent ou qui sont en danger, d’organiser au mieux les examens et les concours, de répondre à la demande des parents qui veulent remettre leurs enfants en classe… et surtout de préparer ensemble la rentrée de septembre.
Propos recueillis par Nicole MARI.