Premier sujet qui fâche : les retraites. « Nous refusons les attaques répétées contre nos droits à la retraite. La retraite à 64 ans, c’est toujours non ! » martèle Charles Casabianca, secrétaire général de l’UD CGT de Haute-Corse. « La majorité de la population et des parlementaires exigent l’abrogation de la réforme, la démocratie doit parler. Partir à 60 ans, c’est possible grâce au partage des richesses. »
À ses côtés, Jean-Claude Graziani, de la CGT des retraités, abonde dans le même sens et dénonce une autre mesure : « Aujourd’hui, on se bat aussi contre la suppression de l’abattement fiscal des 10 % pour les retraités. Cette remise en cause est inacceptable. »
Autre motif de la mobilisation : la défense de la fonction publique. « Nous sommes venus soutenir les syndicats car faire des restrictions dans la fonction publique, c’est affaiblir le service public, notamment dans les domaines essentiels de la santé et de l’éducation », souligne Patrizia Poli, pour la Ligue des Droits de l’Homme en Haute-Corse. « Cette baisse des effectifs se fait au profit du privé et accentue les inégalités. »
Sur le terrain de l’éducation, Fabien Mineo, pour la FSU-SNUIPP, déplore les coupes budgétaires : « Le mouvement est peu suivi, certes, mais je peux vous dire que les enseignants en ont assez. Notre inquiétude est réelle face à la politique du gouvernement. Aujourd’hui, avec le discours de Trump, le système libéral s’amplifie, et ça peut donner des idées à certains. Cette mondialisation fait peur. » Il insiste sur les conséquences locales : « Ce sont les écoles qui font vivre le rural. Le service public y insuffle de l’énergie. Chez nous, 40 % des écoles de une à trois classes sont en zone rurale. Si on les affaiblit, c’est tout un territoire qui se fragilise. »
Anne-Sophie Telle, du SE-UNSA, alerte elle aussi sur le quotidien des agents publics : « Cette mobilisation vise à dénoncer des choix budgétaires néfastes pour l’enseignement et la fonction publique : gel du point d’indice, réduction de l’indemnisation des arrêts maladie à 90 %, maintien du jour de carence… Nous demandons plus de reconnaissance dans notre métier. »
Dans son intervention, Charles Casabianca évoque aussi la santé et La Poste : « Dans le rural, un bureau de poste sur deux a fermé. Le service public n’est pas une marchandise. Il doit être accessible partout. Et dans la santé, comment ne pas s’inquiéter quand il faut attendre 12 heures aux urgences, plus d’un mois pour une IRM, ou partir sur le continent pour une opération ? On a besoin d’un service public de santé de qualité. »
Si les manifestants étaient majoritairement quinquagénaires ou sexagénaires, des plus jeunes ont aussi pris la parole. « Nous devons défendre nos droits à la retraite et être aux côtés des retraités », souligne Liviu Marini, du SPIAC-CGT(Syndicat des Professionnels des Industries de l’Audiovisuel et du Cinéma).
« Ce gouvernement est un déni de démocratie. À nous de reprendre la rue contre la casse du service public et des retraites. Dans notre secteur aussi, on est touché : la ministre Rachida Dati supprime cinq jours d’indemnités par an pour les intermittents. »
Ils étaient une cinquantaine ce 3 avril. Ils espèrent être bien plus nombreux dans les rues de Bastia le 1er mai prochain, pour faire entendre une nouvelle fois leur voix.