Le village de Grossetu que le site de la mairie de Porticciu – la zone littorale de la commune –présente comme un « village typique de Corse », et dont il vante son église romane du XIe siècle et ses « maisons à l’architecture traditionnelle » est juché à 600 mètres d’altitude. La mer est bien loin. Et pourtant…
Il y a quelques mois, un permis de construire est affiché devant un terrain situé au cœur du village, au lieu-dit Calderaja, mais qui semble bien pourtant être classé en Espace stratégique agricole. « Comme il n’y a pas de PLU dans le village, se désespère l’un de ses habitants, on a réussi à le rendre constructible. Le propriétaire l’a-t-il vendu ou est-il associé au projet ? Je ne sais pas. » Le fait est que c’est une société parisienne, la SARL Cargot Project spécialisée dans les activités de marchands de biens immobiliers, qui a apposé le grand panneau annonçant aujourd’hui la construction de cinq petits immeubles, pour une surface de plancher de 3812,73 m2, mis à la vente par appartements : « Casa Peraldi », du nom du propriétaire du terrain. C’est ce panneau qui donne aujourd’hui les informations les plus objectives sur le projet. « Tout s’est fait en catimini. Il n’y a eu aucune consultation des habitants », déplore l’un d’eux.
Des logements, oui, mais pour qui ?
Le panneau mentionne la réalisation de 41 appartements d’une surface de 39,99 à 71,20 m2, et de cinq locaux commerciaux. Il est prévu une boulangerie, un SPAR, une pharmacie, une microcrèche. « Un SPAR et une pharmacie, on a déjà ça à Sainte-Marie [NdlR : le village voisin], peste l’un des habitants qui y réside à l’année. Mais c’est de l’habillage ! ça fait bien ! ». De façon concomitante, une partie du terrain sera bien sûr transformée en parkings : sans doute plus de 70 places, même si le chiffre reste à confirmer.
Les logements sont mis à prix « à partir de 136 000 euros », annonce encore le panneau. « Mais apparemment, précise un membre du collectif, il faudra ajouter 8 000 euros pour avoir un parking. » Un montant qui paraît bien élevé pour permettre de s’installer aux jeunes du village ou des environs, qui, comme ailleurs en Corse, ont du mal à trouver des logements à portée de leur bourse. D’autant que ces appartements ont des surfaces bien faibles pour qui voudrait fonder une famille…
Un collectif force de propositions
Un riverain a entamé une action en justice… et plusieurs villageois ont fini par soulever le problème. Un collectif s’est formé. Mais « ce n’est que la première étape ». Ses membres comptent bien que d’autres se rallieront à leur mouvement – d’ailleurs, des militants de toutes tendances politiques étaient présents lors de la conférence de presse.
Une partie au moins des habitants s’inquiète des conséquences de ce que certains baptisent déjà « les cages à poule » de Grossetu : des logements qu’ils n’imaginent pas destinés à autre chose que de l’investissement locatif. D’autant que des réalisations similaires, dans les villages alentours, en donnent déjà un aperçu. « Compte tenu du nombre d’appartements, on peut estimer qu’une centaine de personnes risque ainsi de venir s’installer dans le village – si du moins les appartements ne sont pas transformés en locations touristiques. Cent personnes, c’est énorme ! s’exclame une habitante. Le quart du village ! ça va tout bouleverser ! » Au mieux, Grossetu serait ainsi transformer en une sorte de cité-dortoir, pour des personnes n’ayant pas les moyens de se loger à Aiacciu. Au pire, une cité morte l’hiver, qui se remplirait de touristes aux beaux jours. Ne parlons pas de « notre supérette, qui nous sert bien depuis des années, et qui sera concurrencée par le SPAR ! Y’a du respect de rien ! ». Les agriculteurs sont également inquiets : l’un d’eux fait notamment transiter ses brebis par le chemin qui passe en bordure des futurs immeubles. Quelles seront les réactions des futurs occupants face à ces activités agricoles ? Enfin, ceux qui étaient venus chercher le calme au village, comme « ce couple de jeunes bretons qui a acheté une petite maison juste à côté », s’inquiètent également des nuisances qu’un tel complexe ne devrait pas manquer d’apporter.
Le collectif dénonce une « artificialisation de l’espace villageois » qui fait pendant aux réalisations qui ont transformé la marina de Porticciu en station balnéaire touristique. Soulignant la nécessité de « maîtriser notre foncier […] et toute spéculation », mettant en avant à la fois les arguments environnementaux et la nécessité de préserver « l’aspect historique, traditionnel et harmonieux du village », le collectif dénonce ce qui s’apparente à une « indécence immobilière » dans un contexte où la hausse constante des loyers rend de plus en plus difficile l’accès au logement pour les Corses les moins aisés. Il fait également des propositions : « Statut de résident avec 10 ans de résidence permanente pour acquérir et construire un bien » ; « permis de location » ; limitation à un seul meublé destiné au marché locatif, par foyer fiscal ; compétence attribuée à la Collectivité pour autoriser les meublés à vocation touristique, « sanctuarisation des terres agricoles et d’élevage ».
L’action n’en est qu’à ses débuts : « On va discuter entre nous, continue un membre du collectif, et voir l’évolution de leur côté [NdlR : les promoteurs du projet]. On s’adaptera au fur et à mesure. »
Un riverain a entamé une action en justice… et plusieurs villageois ont fini par soulever le problème. Un collectif s’est formé. Mais « ce n’est que la première étape ». Ses membres comptent bien que d’autres se rallieront à leur mouvement – d’ailleurs, des militants de toutes tendances politiques étaient présents lors de la conférence de presse.
Une partie au moins des habitants s’inquiète des conséquences de ce que certains baptisent déjà « les cages à poule » de Grossetu : des logements qu’ils n’imaginent pas destinés à autre chose que de l’investissement locatif. D’autant que des réalisations similaires, dans les villages alentours, en donnent déjà un aperçu. « Compte tenu du nombre d’appartements, on peut estimer qu’une centaine de personnes risque ainsi de venir s’installer dans le village – si du moins les appartements ne sont pas transformés en locations touristiques. Cent personnes, c’est énorme ! s’exclame une habitante. Le quart du village ! ça va tout bouleverser ! » Au mieux, Grossetu serait ainsi transformer en une sorte de cité-dortoir, pour des personnes n’ayant pas les moyens de se loger à Aiacciu. Au pire, une cité morte l’hiver, qui se remplirait de touristes aux beaux jours. Ne parlons pas de « notre supérette, qui nous sert bien depuis des années, et qui sera concurrencée par le SPAR ! Y’a du respect de rien ! ». Les agriculteurs sont également inquiets : l’un d’eux fait notamment transiter ses brebis par le chemin qui passe en bordure des futurs immeubles. Quelles seront les réactions des futurs occupants face à ces activités agricoles ? Enfin, ceux qui étaient venus chercher le calme au village, comme « ce couple de jeunes bretons qui a acheté une petite maison juste à côté », s’inquiètent également des nuisances qu’un tel complexe ne devrait pas manquer d’apporter.
Le collectif dénonce une « artificialisation de l’espace villageois » qui fait pendant aux réalisations qui ont transformé la marina de Porticciu en station balnéaire touristique. Soulignant la nécessité de « maîtriser notre foncier […] et toute spéculation », mettant en avant à la fois les arguments environnementaux et la nécessité de préserver « l’aspect historique, traditionnel et harmonieux du village », le collectif dénonce ce qui s’apparente à une « indécence immobilière » dans un contexte où la hausse constante des loyers rend de plus en plus difficile l’accès au logement pour les Corses les moins aisés. Il fait également des propositions : « Statut de résident avec 10 ans de résidence permanente pour acquérir et construire un bien » ; « permis de location » ; limitation à un seul meublé destiné au marché locatif, par foyer fiscal ; compétence attribuée à la Collectivité pour autoriser les meublés à vocation touristique, « sanctuarisation des terres agricoles et d’élevage ».
L’action n’en est qu’à ses débuts : « On va discuter entre nous, continue un membre du collectif, et voir l’évolution de leur côté [NdlR : les promoteurs du projet]. On s’adaptera au fur et à mesure. »