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I Bagni di Petrapola : Le nouveau centre thermal ouvrira ses portes fin septembre


Nicole Mari le Jeudi 12 Septembre 2024 à 17:58

L’établissement thermal I Bagni di Petrapola, situé à Isulacciu di Fium’Orbu en Plaine Orientale, rouvrira ses portes à la fin du mois de septembre dans un bâtiment tout neuf construit à proximité de l’ancien centre sur la rive de la rivière Abatesco. Propriété de la Collectivité territoriale de Corse, il a nécessité trois ans de travaux et coûté 3 millions d’euros. C’est le seul centre thermal de l’île à bénéficier de l’agrément Sécurité sociale pour des cures conventionnées en rhumatologie. Explications pour Corse Net Infos de Julien Paolini, conseiller exécutif et président de l’Agence de l’urbanisme et de l’énergie de la Corse (AUE).



Le nouveau chalet thermal des Bains de Petrapola a été bâti sur pilotis. Photo AUE.
Le nouveau chalet thermal des Bains de Petrapola a été bâti sur pilotis. Photo AUE.
- La réouverture des Bains de Petrapola est-elle confirmée pour la fin du mois ?
- Oui ! Les travaux sont quasi terminés. Quelques retouches sont en cours. On approche de la livraison du bâtiment. Les prochaines étapes, c’est la visite sur site de l’Agence régionale de la santé (ARS) qui devrait se tenir la semaine prochaine. Elle permettra de certifier que les locaux neufs - puisque c’est la construction d’un nouveau chalet - sont conformes à l’accueil du public, des personnels et surtout des curistes. De cette visite sur site, s’en suivra, dans la foulée, la délivrance du Graal, c’est-à-dire l’agrément. Comme les personnels ont été recrutés et si tous les voyants sont au vert, on pourra ensuite très rapidement accueillir les curistes.
 
- Les thermes ont failli perdre cet agrément. Ce risque existe-t-il toujours ?
- Il existait surtout la crainte de perdre l’agrément. A partir du moment où l’établissement a été fermé suite à une pollution à la légionelle en 2021, l’agrément a été suspendu pendant une période maximale de trois ans. Cela signifie que nous avions trois ans pour réaliser les travaux nous permettant de récupérer cet agrément. Si nous n’étions pas en capacité de rouvrir les thermes à cette échéance de trois ans, nous perdions l’agrément, c’est-à-dire la reconnaissance des qualités thermales des eaux de Petrapola. Cet agrément de la Sécurité sociale permet à des curistes de se faire prescrire dans cet établissement des soins en rhumatologie. La date anniversaire des trois ans, c’est de mémoire le 23 septembre 2024. On devrait pouvoir récupérer cet agrément avant cette date-là. Cela fait plusieurs mois que nous travaillons en collaboration étroite avec l’ARS. Il y a eu un suivi de la qualité des eaux pendant plus d’un an avec des prélèvements mensuels pour être sûr qu’il n’y avait plus de pollution. Nous avons organisé des réunions régulières sur site, avec les différents acteurs, les élus, les personnels et les instances concernées. Étant donné l’état d’avancement des travaux et le travail conjoint que nous avons mené depuis plusieurs années pour sécuriser et rouvrir les bains de Petrapola, nous n’avons pas d’inquiétude quant au renouvellement de cet agrément.
 
- Qu’est-ce qui a motivé la construction d’un nouveau bâtiment ?
- Nous avons fait un diagnostic de l’ancien bâtiment qui accueillait historiquement les curistes. Les conclusions étaient que ce bâtiment présentait de nombreuses malfaçons et de nombreuses difficultés, que ce soit en termes d’accueil du public, de respect des normes d’électricité et de plomberie et surtout des normes sanitaires. A plusieurs reprises, des pollutions à la légionelle ont été relevées. Déjà, lorsque le département de Haute-Corse était propriétaire, c’est-à-dire avant 2018, et par la suite lorsque la Collectivité de Corse l’a récupéré, il y a eu plusieurs alertes de pollution à la légionelle. L’ancien bâtiment est obsolète et même fragile au niveau de sa construction. C’est un bâtiment ancien, qui a subi beaucoup de rajouts, ce qui fait qu’il n’était plus exploitable en l’état. La stratégie, qui a été arrêtée par le Conseil exécutif, a été de construire un nouveau bâtiment sous la forme d’un chalet thermal sur pilotis d’une superficie de plus de 200 m², à proximité du site. Le chalet est posé sur une armature métallique relativement haute à certains endroits puisqu’il surplombe la rivière. Il a été construit avec des matériaux locaux, notamment du pin Laricio, tous les bardages du bâtiment sont en pin laricio. Cela respecte aussi les orientations du Conseil exécutif qui voulait intégrer des matériaux locaux, notamment du bois local, dans les marchés publics. Ce bâtiment neuf respecte toutes les normes en vigueur en termes sanitaires et techniques. Il dispose de tout l’équipement thermal nécessaire : les baignoires, les bureaux des agents et des personnels de santé. Toutes les activités thermales seront réalisées dans ce chalet.
 
- Quel a été le coût de cette construction ?
- La collectivité de Corse a investi 3 millions d’euros pour construire ce chalet et ainsi maintenir l’agrément et pouvoir rouvrir les bains. L’ARS a missionné un spécialiste du thermalisme. Nous avons pris notre propre conseil, Alain Gauthier, un hydrogéologue expert pour superviser le travail lié à la sécurisation de la source et du captage. Il a fallu retrouver l’émergence de la source et refaire un captage pour sécuriser la ressource. Il faut aller sur site pour se rendre compte à quel endroit il a fallu chercher la source pour être sûr que qu’elle n’était pas polluée. C’était quasi de l’archéologie ! Ce fut un travail colossal pour essayer de s’assurer qu’on aurait plus les problèmes que l’établissement a connu par le passé, notamment ceux liés à la pollution et à la vétusté des installations.
 
- Qu’allez-vous faire du bâtiment historique ?
- L’ancien bâtiment ne sera plus utilisé puisqu’il est vétuste et qu’il ne respecte plus aucune norme, ne serait-ce qu’en matière d’accueil du public. En matière de thermalisme, encore moins ! C’est un bâtiment très grand avec beaucoup de constructions qui se sont rajoutées au fil des années sur le bâtiment historique. Il présente une certaine dangerosité, parce que tous ces ajouts n’ont pas été fait forcément de la meilleure des manières. Plusieurs scénarii sont à l’étude. Rien n’est arrêté à ce stade. Une destruction partielle des bâtiments dangereux fait partie des scénarii. Egalement la réhabilitation d’une partie du bâtiment. On a chiffré grosso modo le coût de la destruction. Si on choisissait de détruire la quasi-totalité du bâtiment, notamment les parties dangereuses, en ne gardant que la partie historique des thermes qui a une vraie valeur patrimoniale, cela coûterait déjà trois ou 4 millions d’euros.
 
- L’établissement thermal ne proposera que des soins en rhumatologie ?
- Oui, comme par le passé. Ce sont des soins conventionnés avec la Sécurité sociale. Peut-être, on pourrait envisager demain d’autres types de soins, mais, pour l’instant, on reste concentré sur l’activité historique. L’établissement propose des forfaits RH1 qui se font sans kinésithérapeute. Il est peut-être utile de le préciser. On a l’obligation d’avoir un médecin qui passe régulièrement et un infirmier en permanence sur site. Le forfait est de 72 soins sur une période de 18 jours. Le curiste reste 18 jours dans l’établissement.
 
- Quelle est l’offre en hébergement ?
- L’hôtel est fermé depuis plusieurs années. Des habitants du village proposent de l’hébergement en saison estivale. La réouverture des thermes leur permettra de développer leurs activités de logement au-delà de la saison touristique.
 
- Les thermes seront-elles ouvertes toute l’année ?
- Pour l’instant, rien n’est arrêté. Précédemment, l’établissement n’était pas ouvert à l’année. Il fermait notamment pendant la période estivale. Va-t-on reproduire le même fonctionnement ou ouvrir toute l’année ? Le nouveau chalet a une capacité limitée. Donc, on verra en fonction de la demande. Mais cela fait partie des possibilités.
 
- C’est toujours la Collectivité qui gère les Bains de Petrapola ?
- Oui ! La commune souhaite s’investir dans cet établissement thermal. L’intercommunalité a aussi fait savoir qu’elle était intéressée par le fonctionnement et la gestion des thermes. Nous sommes bien sûr ouverts à ces propositions et prêts à travailler avec la commune, la Comcom et des acteurs privés qui voudraient s’y associer.
 
-  Le thermalisme a-t-il un avenir en Corse ?
- Le thermalisme et les activités connexes, notamment le thermoludisme, ont bien entendu, un avenir en Corse. On voit l’exemple des Bains de Baracci qui, à l’inverse de Petrapola, n’ont pas d’agrément thermal, mais ils connaissent un succès autour des activités de thermoludisme. Maintenant, est-ce que la Collectivité de Corse a vocation à gérer un ou des établissements thermaux, je n’en suis pas persuadé. Nous avions une responsabilité. Nous avions pris des engagements sur Petrapola parce que c’est le seul établissement qui bénéficie d’un agrément. Nous avons tout mis en œuvre pour que cet agrément ne soit pas perdu grâce à la construction du chalet. Mais je ne pense pas que la Collectivité de Corse puisse, seule, développer le thermalisme partout sur l’île. Nous avons donné l’impulsion en quelque sorte, nous avons montré l’exemple, mais nous n’avons pas vocation à le reproduire ailleurs. Les acteurs des territoires, notamment les communes et les intercommunalités, ou encore des acteurs privés seront mieux à même de développer ses activités sur leur territoire.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.