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En Corse, un front commun pour lutter contre l’invasion du crabe bleu


Andrea Petitjean le Vendredi 22 Novembre 2024 à 16:18

Ce jeudi 21 novembre, une conférence inter-régionale s’est tenue à Bastia pour élaborer un plan de gestion face à l’invasion du crabe bleu. Scientifiques, pêcheurs, gestionnaires et autorités ont uni leurs forces pour affronter une crise écologique et économique qui menace les lagunes de l’île.



Colloque sur l'invasion du crabe bleu organisé à la Coupole à Bastia ce jeudi 21 novembre.
Colloque sur l'invasion du crabe bleu organisé à la Coupole à Bastia ce jeudi 21 novembre.

Réunir tous les acteurs autour d’une table pour bâtir une stratégie commune : c’était l’objectif de la conférence inter-régionale qui s’est tenue le jeudi 21 novembre en Corse. Chercheurs, gestionnaires d’espaces naturels, pêcheurs professionnels et représentants des pouvoirs publics se sont rassemblés pour élaborer un plan territorial de gestion face à l’invasion du crabe bleu (Callinectes sapidus). Cette espèce invasive, originaire des côtes américaines, perturbe depuis plusieurs années les écosystèmes lagunaires de l’île et menace les activités de pêche, notamment celle de l’anguille, essentielle à l’économie locale.

Une mobilisation pluridisciplinaire
L’Office de l’Environnement de la Corse et la DREAL de Corse, à l’initiative de cet événement, ont réuni une soixantaine de participants. Les échanges ont mis en lumière les impacts socio-économiques et écologiques de la prolifération du crabe bleu. Nathalie Paolini, de l’OEC, a rappelé l’importance de coordonner les efforts : « Nous devons conjuguer financements, innovations scientifiques et concertation pour apporter des réponses concrètes aux pêcheurs et préserver les écosystèmes. »

Un groupe de travail interdisciplinaire a été formé, divisé en sous-groupes spécialisés pour aborder les aspects scientifiques, environnementaux et économiques. Parmi les solutions envisagées : une intensification de la pêche ciblée pour limiter la prolifération du crabe bleu et des expérimentations pour mieux comprendre son comportement.


La détresse des pêcheurs
Pour les pêcheurs, cette conférence était une occasion d’exprimer leurs attentes et frustrations. Jean-Louis, un professionnel autrefois actif sur l’étang de Biguglia, a témoigné : « La prolifération du crabe bleu détruit nos équipements et rend la pêche traditionnelle impossible. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un seul pêcheur sur Biguglia, et il compte partir bientôt. Nous avons besoin d’actions concrètes pour continuer notre activité. »

Les pêcheurs demandent des aides directes, comme en Occitanie, où des financements ont permis de soutenir une pêche intensive du crabe bleu, ainsi que des débouchés pour le valoriser commercialement. « On peut produire des tonnes de crabe, mais ici, la demande est quasi inexistante. Sans un véritable marché, nos efforts resteront vains, » déplore Jean-Louis.

Une stratégie à affiner
Si des mesures financières existent, comme les subventions du FEAMPA ou l’enveloppe de 250 000 euros allouée à l’achat de matériel spécifique, elles restent insuffisantes pour répondre à l’urgence. « Nous devons aller au-delà des financements et créer une vraie dynamique commerciale autour du crabe bleu, tout en limitant son impact écologique, » a proposé Jean-François Holley, du CEPRALMAR, lors de la table ronde organisée en marge de la conférence. Parmi les pistes explorées : développer une filière courte pour transformer et vendre le crabe bleu sans encourager sa prolifération, renforcer la pêche ciblée et sensibiliser les restaurateurs locaux à ses qualités gastronomiques.

Les participants se sont rendus ce vendredi sur le terrain pour évaluer les impacts concrets de l’invasion sur l’étang de Biguglia. Mais pour Jean-Louis et les autres pêcheurs, les mots doivent désormais laisser place à des actions rapides et coordonnées. « Il est urgent de soutenir les pêcheurs et d’agir pour préserver nos lagunes. Sans cela, c’est tout un pan de notre économie et de notre patrimoine qui disparaîtra, » conclut Jean-Louis.

Le plan territorial en cours de définition devra concilier urgence écologique et viabilité économique pour espérer contenir cette espèce invasive.