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I Caffitteri bastiais dénoncent des amendes abusives et la concurrence déloyale qui menace leur activité


Andrea Petitjean le Lundi 28 Octobre 2024 à 09:47

Réunis en collectif pour faire entendre leur voix, I Caffitteri de Bastia appellent à un dialogue avec les autorités locales. Entre amendes jugées abusives et événements publics perçus comme des menaces, ils réclament des mesures concrètes pour soutenir leur activité.



Crédits photo I Caffitteri.
Crédits photo I Caffitteri.

Face à une situation économique préoccupante, le collectif I Caffitteri, créé en 2020 en pleine crise sanitaire, a décidé de passer à l’action en s’adressant directement aux autorités locales. Réunissant près de 150 bars et restaurants bastiais, le collectif a fait de cette rencontre avec le maire et les représentants de la Chambre de commerce un moment clé pour exprimer ses inquiétudes. « Nous sommes environ 400 établissements dans la ville, et 150 ont déjà signé notre protocole revendicatif », déclare Félix Benedetti, restaurateur et membre actif du collectif.

La crise du secteur de la restauration à Bastia, aggravée par une saison touristique en demi-teinte, a mis en lumière la fragilité de ces petites entreprises, dont les difficultés économiques sont exacerbées par la concurrence des événements publics, des pratiques de verbalisation jugées abusives et des horaires de ferries peu adaptés au dynamisme commercial. « Nous avons voulu une démarche constructive avec cette rencontre, mais nous avons des attentes fortes », précise Félix Benedetti.

"Des amendes sans dialogue"
Parmi les principales préoccupations, le collectif I Caffitteri dénonce les méthodes de verbalisation de la police municipale, jugées « expéditives » et « pénalisantes » pour des établissements déjà fragilisés. « Des amendes pouvant aller jusqu’à 3 000 euros sont infligées sans qu’on nous laisse la moindre possibilité de dialogue ou de recours », regrette Félix Benedetti. Le collectif appelle à des ajustements pour éviter ces sanctions, qui, selon eux, auraient pu être résolues par une simple discussion préalable.

Les cas les plus marquants concernent les amendes émises pour l’utilisation de sonorisations extérieures, une pratique courante pour l’animation des terrasses. « Au lieu de nous envoyer une contravention salée, la police pourrait tout simplement nous demander de retirer les équipements sonores pour éviter une sanction », insiste le restaurateur. « Il s’agit de créer une ambiance pour attirer les clients, pas de générer des nuisances. On a l’impression qu’il y a une volonté de faire rentrer de l’argent, et ce, au détriment des commerçants locaux. »

Pour le collectif, la solution passe par une meilleure compréhension de la réalité des commerçants bastiais. « Nous avons besoin d’une police de proximité, pas d’une police répressive. Bastia est une petite ville, il faut que les règles s’adaptent au contexte local », ajoute-t-il.

Événements publics : une concurrence déloyale pour les commerçants
Les cafetiers bastiais pointent également du doigt la fréquence des événements organisés sur l’espace public, qui, selon eux, impactent directement leurs chiffres d’affaires. Entre salons, concerts, festivals et marchés, ces manifestations drainent un large public mais concurrencent les bars et restaurants de la ville, notamment lorsqu’ils sont accompagnés de services de bar et de restauration. « Il est important d’organiser des événements pour dynamiser la ville, mais cela ne doit pas se faire au détriment de nos établissements », déclare Félix Benedetti. À la veille du marché de Noël, événement incontournable de la saison, le collectif souhaite une meilleure coordination pour éviter que ces manifestations se traduisent par une baisse de fréquentation pour leurs propres établissements. « Nous demandons à la mairie et à la Chambre de commerce de limiter la fréquence de ces événements, ou du moins de veiller à ce qu’ils soient planifiés avec nous en amont », souligne-t-il.

Pour illustrer leur point, les commerçants évoquent des périodes où la place Saint-Nicolas, centre névralgique de Bastia, est occupée chaque semaine par des événements, laissant les terrasses des bars et restaurants désertes. « Il est vital de préserver un équilibre pour permettre à tous de travailler. Il ne peut pas y avoir d’événements constants sur l’espace public sans impact pour nous », insiste le collectif.

Les horaires des ferries, un enjeu stratégique pour la fréquentation en ville
Troisième volet des revendications du collectif : les horaires des ferries qui, selon eux, limitent l’impact économique du flux touristique pour les commerçants de la ville. Les compagnies maritimes, en organisant des départs en fin d’après-midi ou en début de soirée, incitent les passagers à consommer à bord plutôt qu’en ville, contribuant ainsi à une perte de clientèle pour les établissements bastiais. « Nous demandons un ajustement des horaires pour que les passagers aient le temps de découvrir Bastia avant d’embarquer », souligne Félix Benedetti.

Le collectif estime que des départs plus tardifs pourraient apporter jusqu’à 2 000 personnes supplémentaires dans les rues de Bastia, boostant ainsi les terrasses et contribuant à l’économie locale. « Ce n’est pas seulement une question d’horaires, mais d’attractivité pour notre ville. Actuellement, les touristes consomment à bord et non dans nos établissements. »

Dans cette perspective, I Caffitteri demande une concertation avec les compagnies maritimes pour envisager des changements dans les rotations. « Nous voulons des solutions gagnant-gagnant. En ajustant les horaires, les compagnies, la ville, et nous, commerçants, pourrions en sortir tous gagnants », explique le restaurateur.

Des réunions à venir et des attentes fermes
Cette première réunion avec le maire et la Chambre de commerce a permis au collectif d’exprimer ses doléances, mais les commerçants espèrent désormais des mesures concrètes. « Nous avons été écoutés, c’est un premier pas, mais nous avons besoin d’actions pour surmonter cette crise », conclut Félix Benedetti.

Des réunions thématiques sont déjà prévues, notamment pour ajuster le déroulement du marché de Noël, un événement clé pour l’économie locale, mais qui doit, selon les commerçants, être planifié pour optimiser leur fréquentation. Les cafetiers espèrent que cette concertation avec les autorités locales permettra de mieux équilibrer les intérêts de chacun, sans négliger les besoins d’une économie locale en quête de soutien.