Jean-Antoine Giacomi et ses soutiens à Ajaccio le 14 mai dernier, jour du dépôt de sa liste en préfecture
Quel bilan faites-vous de la majorité territoriale sortante ?
Il faut tirer le constat de la majorité actuelle, mais il faut aussi regarder vingt ou trente ans en arrière. Je crois que la Corse est en pleine déliquescence et qu’elle suit le chemin du Continent. L’insécurité augmente, le problème des déchets n'est pas réglé, on nous avait promis une évolution institutionnelle, rien n’est fait et la mandature actuelle, même s’ils ne sont restés que six ans, n’a fait que de la gestion. C’était une mandature de courriers interposés entre le président de l’Exécutif et le préfet de Corse.
De votre côté, que proposez-vous aux Corses ?
Nous avons un gros programme sur les déchets, qui est une des priorités pour l’avenir de la Corse. Aujourd’hui, on enfouit 190 000 tonnes de déchets par an, et quand on enfouit des déchets, cela produit des gaz hautement cancérigènes. En Italie du Sud, 90% des familles ont un malade de tumeur ou de cancer et je ne veux pas que ce soit l’avenir de la Corse, l’avenir de mes enfants, l’avenir de la jeunesse. Je veux qu’on laisse une terre saine à la Corse. Nous proposons la création d’une usine de valorisation énergétique pour pouvoir produire de l’électricité à partir de nos déchets. La pollution serait presque proche de zéro.
Avez-vous d’autres priorités ?
On ne peut pas se focaliser sur un seul sujet. Lorsqu’on prétend au poste de président de l’Exécutif, on doit pouvoir répondre à tous les problèmes. La question de la relance économique, après la crise sanitaire, est essentielle. Aujourd’hui, on voit que beaucoup de commerces sont fermés, pris à la gorge... Nous devons les aider. Nous proposons en ce sens de créer un fonds souverain, dépendant de la Collectivité de Corse, qui permettrait de soutenir nos entreprises locales. Prenons l’exemple de la clinique Maymard, qui a été rachetée par un grand groupe français : ce fonds souverain aurait permis qu’elle reste la propriété des Corses.
Le souverainisme est au coeur de votre démarche ?
Oui, cela permet d’appuyer nos artisans et nos commerçants locaux face à la mondialisation sauvage. Aujourd’hui on voit que nos commerçants sont asphyxiés par les GAFAM (ndlr : l'acronyme des géants du Web Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). J’habite dans une rue commerçante à Bastia et tous me disent : « On ne travaille plus ». Tout le monde trouve tout sur internet et n’achète plus dans les commerces. Il faut aider ces commerçants à lutter face aux GAFAM.
D’autres candidats se revendiquent du souverainisme, qu’est-ce qui vous différencie de François FIloni par exemple ?
Je ne vois pas d’autres candidatures souverainistes. François Filoni n’est pas souverainiste, il n’y a donc aucune possibilité d’alliance. Il est le candidat d’une boutique électorale, jamais sur le terrain. Nous, nous sommes sur le terrain tous les jours. Au second tour, nous n’irons pas avec les mondialistes, nous sommes la seule liste souverainiste et nous le revendiquons.
Souverainiste… Corse ?
Oui, nous revendiquons une souveraineté partagée. Pour faire la différence, le Rassemblement National est souverainiste français, il défend la souveraineté de la France face à l’Union Européenne. Nous, nous sommes pour une souveraineté corse, pour que le peuple Corse retrouve ses droits légitimes sur sa terre, sans pour autant être indépendant. Une souveraineté partagée, c’est plus poussé que l’autonomie et c’est le juste milieu entre autonomie et indépendance. Cela voudrait dire que nous sommes souverains dans certains domaines, notamment législatif, économique, éducatif, et que nous avons une souveraineté partagée entre la Corse et la France dans le domaine sécuritaire ou judiciaire. Avec la reconstitution du FLNC, seul un statut comme nous le proposons pourrait amener définitivement la paix en Corse.