
Jean-Baptiste Arena, nouveau président de la Chambre d'agriculture de Corse. Photo Christian Andreani.
- Vous venez d’être élu président de la Chambre d’agriculture de Corse. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
- J’ai déjà une pensée pour tous ceux qui nous ont quittés, pour mes quatre grands-parents qui m’ont transmis les valeurs de travail et l’amour de cette terre. Une pensée aussi pour le regretté Pierre de Bernardi, le précurseur des AOC en Corse en 1968, et pour ces hommes qui sont rentrés dans la cave d’Aléria en 1975. Sans eux, je ne serais pas vigneron. Si mes parents ont abandonné leurs études de droit à Nice et sont rentrés reprendre le domaine viticole familial multiséculaire de la famille Arena, c’est à la suite de ces évènements. Je suis un enfant d’Aléria comme de nombreux militants qui sont avec moi aujourd’hui. Nous sommes une génération issue d’Aléria, de ce Riacquistu agricole qui est toujours en cours. Certaines filières sont en avance, d’autres sont structurées, mais il y en a d’autres où il faut continuer le travail déjà entamé, notamment, la filière animale. Je pense à tous ces bergers, ces éleveurs ovins et caprins qui passent aujourd’hui des heures difficiles.
- Justement, en tant que président, cette filière d’élevage en difficulté sera-t-elle votre priorité ?
- Bien entendu, l’élevage est une de nos priorités. Etre berger, c’est une passion, plus qu’un métier, qui est rendu difficile par le manque de foncier, par le prix du lait qui n’est pas valorisé à sa juste valeur, par le fait qu’au niveau de la viande, notamment l’agneau et le cabri, la filière commerciale, qui suit les abattoirs, n’est pas du tout développée. Le challenge premier va être de développer l’agneau de lait, U Martinu, et le veau, qui a déjà commencé à naître, et de pérenniser ce travail. Ce sera notre ligne d’action avec les trois axes majeurs qui sont transversaux à toutes les filières, à savoir le foncier qui reste le socle réceptacle de tout agriculteur, l’hydraulique qui est indispensable à tout développement agricole, et l’aspect sanitaire sur lequel nous allons commencer à travailler rapidement en collaboration avec le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, et le ministre, Laurent Marcangeli. Puisque nous avons la chance d’avoir un ministre corse au gouvernement, il faut savoir l’exploiter.
- C’est-à-dire ?
- Nous allons essayer de mettre en œuvre le cordon sanitaire que nous réclamons déjà depuis des décennies pour tout ce qui concerne le monde animal et végétal, et aussi l’écosystème de manière générale en Corse, au-delà même du monde agricole. Nous avons subi, il y a quelques années, la xylella fastidiosa au niveau de l’olivier, la cicadelle au niveau de la vigne, le cynips sur nos châtaigneraies. Aujourd’hui, on doit faire face au frelon asiatique, à la fièvre catarrhale, à la peste porcine… Toutes ces maladies pourraient être évitées grâce à la frontière naturelle qu’est la mer. C’est pour cela qu’il nous faut mettre en place très rapidement de véritables barrières sanitaires en collaboration avec les autres îles de la Méditerranée, l’État et Bruxelles.
- Quelle sera votre première ligne d’action sur le foncier qui refait l’actualité avec la vente du domaine de Pianiccia à un consortium non agricole ?
- Notre volonté est, dans un premier temps, d’utiliser au maximum l’outil qu’est la SAFER, et d’aller bien au-delà d’activer ce que nous avons déjà activé sur les communes de Patrimoniu et de Barbaghju dans le Nebbiu, à savoir les fameux biens sans maître. Nous en avons déjà discuté avec l’actuel directeur de la SAFER, qui passera la main au mois de mai. En collaboration là aussi avec la CdC et l’Office foncier, nous allons donner les moyens aux communes de mettre en œuvre une ingénierie pour récupérer ces biens sans maître qui, aujourd’hui, font défaut au développement agricole de la Corse. Les petites communes n’ont pas les moyens pécuniers de consulter un cabinet ou la SAFER en direct pour un coût pouvant aller de 10 000 € à 20 000 €. Le but est de développer, en parallèle à la SAFER, un autre outil qui permettrait l’accès au foncier très rapidement. Pour donner un ordre d’idées, sur la seule commune de Barbaghju, nous avons récupéré 95 hectares. On pourrait distribuer ces biens sans maître à des jeunes agriculteurs ou à des moins jeunes pour pérenniser les exploitations actuelles sous forme de baux ruraux. La réserve foncière est énorme. On n’a donc pas besoin pour cela du processus d’autonomie, on peut aller très vite et obtenir des résultats dans les 2 ou 3 ans qui viennent, même avant.
- Quelles seront vos premières actions concernant l’eau ?
- Nous allons créer un groupe de travail spécifique autour de la problématique de l’eau qui sera présidé par Ange Maestrini, le cinquième vice-président. Il siègera à l’Office hydraulique (OEHC) et il aura un rapport privilégié avec la présidente Vannina Luzi qui est une amie et avec qui je siégeais à l’OEHC, en tant qu’ancien conseiller territorial. Nous avons déjà pris contact pour une double piste de travail. Le travail en amont concerne les futures infrastructures qui sortiront dans les 10 ou 20 prochaines années. On sait très bien que lorsqu’un projet structurant d’une telle ampleur est lancé, il faut pratiquement un quart de siècle pour le réaliser. Peut-être un peu moins pour les retenues colinéaires qui peuvent sortir de terre plus rapidement et qui ont aussi beaucoup moins d’impact sur l’environnement. Le travail en aval est d’aller chercher la technicité qui manque à la Chambre d’agriculture, c’est-à-dire des techniciens qui, tant que ces projets ne seront pas réalisés, feront en sorte que la consommation de l’eau soit vertueuse dans toutes les exploitations agricoles pour économiser l’eau et pour un partage équitable de la ressource entre les différentes filières. Il ne faut pas que certaines filières soient favorisées au détriment d’autres.
- J’ai déjà une pensée pour tous ceux qui nous ont quittés, pour mes quatre grands-parents qui m’ont transmis les valeurs de travail et l’amour de cette terre. Une pensée aussi pour le regretté Pierre de Bernardi, le précurseur des AOC en Corse en 1968, et pour ces hommes qui sont rentrés dans la cave d’Aléria en 1975. Sans eux, je ne serais pas vigneron. Si mes parents ont abandonné leurs études de droit à Nice et sont rentrés reprendre le domaine viticole familial multiséculaire de la famille Arena, c’est à la suite de ces évènements. Je suis un enfant d’Aléria comme de nombreux militants qui sont avec moi aujourd’hui. Nous sommes une génération issue d’Aléria, de ce Riacquistu agricole qui est toujours en cours. Certaines filières sont en avance, d’autres sont structurées, mais il y en a d’autres où il faut continuer le travail déjà entamé, notamment, la filière animale. Je pense à tous ces bergers, ces éleveurs ovins et caprins qui passent aujourd’hui des heures difficiles.
- Justement, en tant que président, cette filière d’élevage en difficulté sera-t-elle votre priorité ?
- Bien entendu, l’élevage est une de nos priorités. Etre berger, c’est une passion, plus qu’un métier, qui est rendu difficile par le manque de foncier, par le prix du lait qui n’est pas valorisé à sa juste valeur, par le fait qu’au niveau de la viande, notamment l’agneau et le cabri, la filière commerciale, qui suit les abattoirs, n’est pas du tout développée. Le challenge premier va être de développer l’agneau de lait, U Martinu, et le veau, qui a déjà commencé à naître, et de pérenniser ce travail. Ce sera notre ligne d’action avec les trois axes majeurs qui sont transversaux à toutes les filières, à savoir le foncier qui reste le socle réceptacle de tout agriculteur, l’hydraulique qui est indispensable à tout développement agricole, et l’aspect sanitaire sur lequel nous allons commencer à travailler rapidement en collaboration avec le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, et le ministre, Laurent Marcangeli. Puisque nous avons la chance d’avoir un ministre corse au gouvernement, il faut savoir l’exploiter.
- C’est-à-dire ?
- Nous allons essayer de mettre en œuvre le cordon sanitaire que nous réclamons déjà depuis des décennies pour tout ce qui concerne le monde animal et végétal, et aussi l’écosystème de manière générale en Corse, au-delà même du monde agricole. Nous avons subi, il y a quelques années, la xylella fastidiosa au niveau de l’olivier, la cicadelle au niveau de la vigne, le cynips sur nos châtaigneraies. Aujourd’hui, on doit faire face au frelon asiatique, à la fièvre catarrhale, à la peste porcine… Toutes ces maladies pourraient être évitées grâce à la frontière naturelle qu’est la mer. C’est pour cela qu’il nous faut mettre en place très rapidement de véritables barrières sanitaires en collaboration avec les autres îles de la Méditerranée, l’État et Bruxelles.
- Quelle sera votre première ligne d’action sur le foncier qui refait l’actualité avec la vente du domaine de Pianiccia à un consortium non agricole ?
- Notre volonté est, dans un premier temps, d’utiliser au maximum l’outil qu’est la SAFER, et d’aller bien au-delà d’activer ce que nous avons déjà activé sur les communes de Patrimoniu et de Barbaghju dans le Nebbiu, à savoir les fameux biens sans maître. Nous en avons déjà discuté avec l’actuel directeur de la SAFER, qui passera la main au mois de mai. En collaboration là aussi avec la CdC et l’Office foncier, nous allons donner les moyens aux communes de mettre en œuvre une ingénierie pour récupérer ces biens sans maître qui, aujourd’hui, font défaut au développement agricole de la Corse. Les petites communes n’ont pas les moyens pécuniers de consulter un cabinet ou la SAFER en direct pour un coût pouvant aller de 10 000 € à 20 000 €. Le but est de développer, en parallèle à la SAFER, un autre outil qui permettrait l’accès au foncier très rapidement. Pour donner un ordre d’idées, sur la seule commune de Barbaghju, nous avons récupéré 95 hectares. On pourrait distribuer ces biens sans maître à des jeunes agriculteurs ou à des moins jeunes pour pérenniser les exploitations actuelles sous forme de baux ruraux. La réserve foncière est énorme. On n’a donc pas besoin pour cela du processus d’autonomie, on peut aller très vite et obtenir des résultats dans les 2 ou 3 ans qui viennent, même avant.
- Quelles seront vos premières actions concernant l’eau ?
- Nous allons créer un groupe de travail spécifique autour de la problématique de l’eau qui sera présidé par Ange Maestrini, le cinquième vice-président. Il siègera à l’Office hydraulique (OEHC) et il aura un rapport privilégié avec la présidente Vannina Luzi qui est une amie et avec qui je siégeais à l’OEHC, en tant qu’ancien conseiller territorial. Nous avons déjà pris contact pour une double piste de travail. Le travail en amont concerne les futures infrastructures qui sortiront dans les 10 ou 20 prochaines années. On sait très bien que lorsqu’un projet structurant d’une telle ampleur est lancé, il faut pratiquement un quart de siècle pour le réaliser. Peut-être un peu moins pour les retenues colinéaires qui peuvent sortir de terre plus rapidement et qui ont aussi beaucoup moins d’impact sur l’environnement. Le travail en aval est d’aller chercher la technicité qui manque à la Chambre d’agriculture, c’est-à-dire des techniciens qui, tant que ces projets ne seront pas réalisés, feront en sorte que la consommation de l’eau soit vertueuse dans toutes les exploitations agricoles pour économiser l’eau et pour un partage équitable de la ressource entre les différentes filières. Il ne faut pas que certaines filières soient favorisées au détriment d’autres.
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Le président Jean-Baptiste Arena, entouré du nouveau bureau et des élus de sa majorité à la Chambre d'agriculture de Corse. Photo Christian Andreani.
- Que vous inspire le rapport accablant de la Cour des comptes. Que comptez-vous en faire ?
- Nous avons étudié le rapport avec la directrice de la chambre, Hélène Beretti, qui est reconduite dans ses fonctions, et avec le bureau élargi. Nous allons, dans un premier temps, demander à rencontrer les rédacteurs du rapport pour mieux comprendre leur diagnostic, et, dans un second temps, mettre en place les mesures nécessaires. Là encore, il s’agit de chercher la meilleure efficacité pour la Chambre, mais aussi de faire des économies sur certains postes. Les élus doivent montrer l’exemple en la matière. Avec Paul Bianchi qui sera premier vice-président et chargé du Sud de la Corse, nous avons déjà refusé les voitures de fonction, les cartes essence et le paiement de tous frais directs ou indirects liés à la Chambre d’agriculture.
- Les agriculteurs attendent un profond changement. C’était le sens de votre élection. Comment allez-vous l’incarner ?
- Nous comptons surtout l’incarner par notre présence sur le terrain. Nous envisageons de faire, une fois par trimestre, des réunions dans des pieves retirées de l’Intérieur ou de l’Ouest. La première des choses est la communication directe et le lien direct avec les agriculteurs. Ensuite, nous aurons des rapports renforcés de collaboration et de travail à tous les niveaux avec l’ODARC et son président Dominique Livrelli. Nous travaillerons, comme je l’ai dit, main dans la main avec l’Exécutif de Corse pour l’aspect sanitaire et le ministre Marcangeli qui sera la passerelle entre nous et le gouvernement français dans les mois qui viennent. Ce triptyque est très important parce que, jusqu’à présent, le monde agricole était divisé. Nous avons vocation à le réunir, bien au-delà des femmes et des hommes qui composent notre liste, et aussi en collaboration avec tous les agriculteurs, y compris ceux qui étaient sur la liste adverse ou proches.
- Allez-vous donner des postes à la liste adverse ?
- Dans le bureau, non. Nous avons une ligne politique et un cap à tenir. Toutes les personnes désireuses de travailler avec nous seront les bienvenues dans certaines commissions qui seront ouvertes à tout le monde et aussi à des gens qui ne sont pas élus et qui pourraient être cooptés ou désignés « Personne experte ». L’agriculture corse ne peut plus se payer le luxe de divisions. Nous sommes déjà très peu. Les exploitations sont des peaux de chagrin qui diminuent de jour en jour. Si nous voulons aller vers une agriculture nourricière et une certaine autonomie alimentaire dans le quart de siècle qui arrive, il faudra que tout le monde se mette autour de la table et travaille. C’est pour ça qu’avant tout, la Chambre doit être la courroie de transmission entre le monde agricole et le monde politique. Nous chercherons aussi des transversalités avec la Chambre des métiers et la Chambre de commerce et d’industrie, notamment au niveau des transports.
- Comment le bureau est-il composé ?
- Le bureau est composé de 12 membres, dont le président et cinq vice-présidents, qui représentent 12 Pieves essentielles de la Corse et les différents syndicats de notre liste. Comme je l’ai dit pendant la campagne, j’ai voulu sortir de ce clivage Nord-Sud qui nous a été imposé depuis deux siècles et demi par l’administration. La vocation du bureau sera de faire remonter les soucis, quelqu’ils soient, de chaque Pieve. Le bureau part du Capi Corsu avec Ghjuvanni Matteu Susini, il descend vers la Balagne avec Noël Liccia, en Cinarca avec Romain Rubini, Paul Bianchi pour le Grand Aiacciu, Noëllie Andreucci pour le Taravu, Lucien Curallacci pour le Valincu et le Figaresu, Jean-Charles Gazano pour le grand Portivechju, Laurent Venturini pour le Fiumorbu, Ange Maestrini pour Antisanti-Aleria, Félicia Albertini pour la Casinca, Raphaël Maestracci pour le Centre Corse, le Niolu, le Boziu et le Cortenais, et je représenterais le Nebbiu-Conca d’Oru. C’est véritablement un tourniquet des Pieves de Corse et un raisonnement par Pieve.
- La tâche est-elle d’ampleur ?
- Oui, le travail est immense. Nous nous y attelons avec humilité, sincérité et une volonté ferme de réussir pour les générations qui viennent. Comme je vous le disais précédemment, nous sommes les héritiers d’Aléria. Nous avons la lourde tâche de transmettre cet héritage aux générations futures, l’héritage de ceux qui ont su, à un moment donné, se lever et dire non à certaines choses. Nous savons ce que nous ne voulons pas faire en Corse. Il nous revient de construire notre modèle agricole, qui va bien au-delà du monde agricole, et doit être un modèle de société. Je pense notamment à l’élevage. Nos bergers sont les gardiens de ce monde agropastoral qui nous a été transmis depuis des siècles, voire des millénaires, et qui est le véritable ADN de cette société. Nous voyons bien à travers les heures sombres que traverse la Corse aujourd’hui que nous avons besoin de nous retrouver autour de certaines valeurs. Je pense sincèrement que les valeurs, que véhiculent l’agriculture corse depuis des siècles, doivent aujourd’hui être remises au centre du jeu politique et sociétal de cette Corse qui, aujourd’hui, a mal.
- Les élections de la MSA (Mutualité sociale agricole) auront lieu fin mars. Quel sera votre candidat pour la présidence ?
- Nous allons nous impliquer dans cette campagne parce que nous avons besoin de tous les outils nécessaires pour réaliser le projet que nous voulons mettre en place pour ce pays. Nous rentrerons très rapidement en campagne à travers la candidature d’une personnalité qui ne sera pas forcément, cette fois-ci, issue de la profession agricole, mais plutôt du monde administratif de cette profession. Nous voulons là aussi impulser un souffle nouveau et nous donner le temps nécessaire pour voir si le fait de mettre un salarié à la tête de cet organisme pourrait changer certaines donnes, surtout au niveau du travail entre les services de la MSA et les agriculteurs.
- Quid pour les élections de la SAFER. Qui présenterez-vous comme candidat ?
- Là aussi, bien entendu, nous présenterons, avec mes colistiers, notre propre candidat pour les mêmes raisons, c’est-à-dire avoir tous les outils à notre disposition pour réaliser le projet que nous voulons mettre sur les rails sur les six prochaines années et pour que ce projet soit un véritable projet de société. Nous aurons, en discussion avec les instances politiques qui, elles-mêmes, siègent au Conseil d’administration de la SAFER, un candidat qui reflètera l’équilibre entre ce monde politique et le monde agricole, un candidat porteur de certaines valeurs qu’il faut défendre et remettre au centre du jeu. Comme je l’ai dit précédemment, le socle du développement agricole reste le foncier, il faut donc se mettre au travail avec toutes les collectivités de Corse. Nous avons besoin d’un président qui travaille étroitement avec la Chambre d’agriculture, la MSA, les services de la CdC, l’Office foncier et l’ODARC.
- Le salon de l’agriculture s’ouvre samedi matin. Serez-vous présent pour l’ouverture ?
- Oui ! Nous serons bien présents, porte de Versailles, pour l’ouverture du stand de la Corse samedi matin, avec le président de l’Exécutif et le président de l’ODARC. Mais nous avons décidé d’annuler toutes les festivités, qui ont lieu habituellement pour cette ouverture, par rapport au deuil qui touche la Corse. Je voudrais avoir une pensée pour la famille et les amis qui ont été frappés par ce drame qui nous concerne tous. L’heure aujourd’hui est au deuil avant que nous passions à une réflexion approfondie d’une autre société. Il faut se mettre autour d’une table pour faire en sorte que le modèle, qui nous est imposé depuis quelques décennies, évolue à contresens. Je pense que le monde agricole peut y contribuer à travers les valeurs véhiculées par notre société agropastorale depuis des siècles. Ce sera, pour les agriculteurs corses, une charge supplémentaire du travail par rapport aux défis sociétaux que nous devons relever dans les mois et les années qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous avons étudié le rapport avec la directrice de la chambre, Hélène Beretti, qui est reconduite dans ses fonctions, et avec le bureau élargi. Nous allons, dans un premier temps, demander à rencontrer les rédacteurs du rapport pour mieux comprendre leur diagnostic, et, dans un second temps, mettre en place les mesures nécessaires. Là encore, il s’agit de chercher la meilleure efficacité pour la Chambre, mais aussi de faire des économies sur certains postes. Les élus doivent montrer l’exemple en la matière. Avec Paul Bianchi qui sera premier vice-président et chargé du Sud de la Corse, nous avons déjà refusé les voitures de fonction, les cartes essence et le paiement de tous frais directs ou indirects liés à la Chambre d’agriculture.
- Les agriculteurs attendent un profond changement. C’était le sens de votre élection. Comment allez-vous l’incarner ?
- Nous comptons surtout l’incarner par notre présence sur le terrain. Nous envisageons de faire, une fois par trimestre, des réunions dans des pieves retirées de l’Intérieur ou de l’Ouest. La première des choses est la communication directe et le lien direct avec les agriculteurs. Ensuite, nous aurons des rapports renforcés de collaboration et de travail à tous les niveaux avec l’ODARC et son président Dominique Livrelli. Nous travaillerons, comme je l’ai dit, main dans la main avec l’Exécutif de Corse pour l’aspect sanitaire et le ministre Marcangeli qui sera la passerelle entre nous et le gouvernement français dans les mois qui viennent. Ce triptyque est très important parce que, jusqu’à présent, le monde agricole était divisé. Nous avons vocation à le réunir, bien au-delà des femmes et des hommes qui composent notre liste, et aussi en collaboration avec tous les agriculteurs, y compris ceux qui étaient sur la liste adverse ou proches.
- Allez-vous donner des postes à la liste adverse ?
- Dans le bureau, non. Nous avons une ligne politique et un cap à tenir. Toutes les personnes désireuses de travailler avec nous seront les bienvenues dans certaines commissions qui seront ouvertes à tout le monde et aussi à des gens qui ne sont pas élus et qui pourraient être cooptés ou désignés « Personne experte ». L’agriculture corse ne peut plus se payer le luxe de divisions. Nous sommes déjà très peu. Les exploitations sont des peaux de chagrin qui diminuent de jour en jour. Si nous voulons aller vers une agriculture nourricière et une certaine autonomie alimentaire dans le quart de siècle qui arrive, il faudra que tout le monde se mette autour de la table et travaille. C’est pour ça qu’avant tout, la Chambre doit être la courroie de transmission entre le monde agricole et le monde politique. Nous chercherons aussi des transversalités avec la Chambre des métiers et la Chambre de commerce et d’industrie, notamment au niveau des transports.
- Comment le bureau est-il composé ?
- Le bureau est composé de 12 membres, dont le président et cinq vice-présidents, qui représentent 12 Pieves essentielles de la Corse et les différents syndicats de notre liste. Comme je l’ai dit pendant la campagne, j’ai voulu sortir de ce clivage Nord-Sud qui nous a été imposé depuis deux siècles et demi par l’administration. La vocation du bureau sera de faire remonter les soucis, quelqu’ils soient, de chaque Pieve. Le bureau part du Capi Corsu avec Ghjuvanni Matteu Susini, il descend vers la Balagne avec Noël Liccia, en Cinarca avec Romain Rubini, Paul Bianchi pour le Grand Aiacciu, Noëllie Andreucci pour le Taravu, Lucien Curallacci pour le Valincu et le Figaresu, Jean-Charles Gazano pour le grand Portivechju, Laurent Venturini pour le Fiumorbu, Ange Maestrini pour Antisanti-Aleria, Félicia Albertini pour la Casinca, Raphaël Maestracci pour le Centre Corse, le Niolu, le Boziu et le Cortenais, et je représenterais le Nebbiu-Conca d’Oru. C’est véritablement un tourniquet des Pieves de Corse et un raisonnement par Pieve.
- La tâche est-elle d’ampleur ?
- Oui, le travail est immense. Nous nous y attelons avec humilité, sincérité et une volonté ferme de réussir pour les générations qui viennent. Comme je vous le disais précédemment, nous sommes les héritiers d’Aléria. Nous avons la lourde tâche de transmettre cet héritage aux générations futures, l’héritage de ceux qui ont su, à un moment donné, se lever et dire non à certaines choses. Nous savons ce que nous ne voulons pas faire en Corse. Il nous revient de construire notre modèle agricole, qui va bien au-delà du monde agricole, et doit être un modèle de société. Je pense notamment à l’élevage. Nos bergers sont les gardiens de ce monde agropastoral qui nous a été transmis depuis des siècles, voire des millénaires, et qui est le véritable ADN de cette société. Nous voyons bien à travers les heures sombres que traverse la Corse aujourd’hui que nous avons besoin de nous retrouver autour de certaines valeurs. Je pense sincèrement que les valeurs, que véhiculent l’agriculture corse depuis des siècles, doivent aujourd’hui être remises au centre du jeu politique et sociétal de cette Corse qui, aujourd’hui, a mal.
- Les élections de la MSA (Mutualité sociale agricole) auront lieu fin mars. Quel sera votre candidat pour la présidence ?
- Nous allons nous impliquer dans cette campagne parce que nous avons besoin de tous les outils nécessaires pour réaliser le projet que nous voulons mettre en place pour ce pays. Nous rentrerons très rapidement en campagne à travers la candidature d’une personnalité qui ne sera pas forcément, cette fois-ci, issue de la profession agricole, mais plutôt du monde administratif de cette profession. Nous voulons là aussi impulser un souffle nouveau et nous donner le temps nécessaire pour voir si le fait de mettre un salarié à la tête de cet organisme pourrait changer certaines donnes, surtout au niveau du travail entre les services de la MSA et les agriculteurs.
- Quid pour les élections de la SAFER. Qui présenterez-vous comme candidat ?
- Là aussi, bien entendu, nous présenterons, avec mes colistiers, notre propre candidat pour les mêmes raisons, c’est-à-dire avoir tous les outils à notre disposition pour réaliser le projet que nous voulons mettre sur les rails sur les six prochaines années et pour que ce projet soit un véritable projet de société. Nous aurons, en discussion avec les instances politiques qui, elles-mêmes, siègent au Conseil d’administration de la SAFER, un candidat qui reflètera l’équilibre entre ce monde politique et le monde agricole, un candidat porteur de certaines valeurs qu’il faut défendre et remettre au centre du jeu. Comme je l’ai dit précédemment, le socle du développement agricole reste le foncier, il faut donc se mettre au travail avec toutes les collectivités de Corse. Nous avons besoin d’un président qui travaille étroitement avec la Chambre d’agriculture, la MSA, les services de la CdC, l’Office foncier et l’ODARC.
- Le salon de l’agriculture s’ouvre samedi matin. Serez-vous présent pour l’ouverture ?
- Oui ! Nous serons bien présents, porte de Versailles, pour l’ouverture du stand de la Corse samedi matin, avec le président de l’Exécutif et le président de l’ODARC. Mais nous avons décidé d’annuler toutes les festivités, qui ont lieu habituellement pour cette ouverture, par rapport au deuil qui touche la Corse. Je voudrais avoir une pensée pour la famille et les amis qui ont été frappés par ce drame qui nous concerne tous. L’heure aujourd’hui est au deuil avant que nous passions à une réflexion approfondie d’une autre société. Il faut se mettre autour d’une table pour faire en sorte que le modèle, qui nous est imposé depuis quelques décennies, évolue à contresens. Je pense que le monde agricole peut y contribuer à travers les valeurs véhiculées par notre société agropastorale depuis des siècles. Ce sera, pour les agriculteurs corses, une charge supplémentaire du travail par rapport aux défis sociétaux que nous devons relever dans les mois et les années qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Composition du bureau de la Chambre d’agriculture de Corse

Le président Jean-Baptiste Arena, entouré du nouveau bureau et des élus de sa majorité à la Chambre d'agriculture de Corse. Photo Christian Andreani.
Jean-Baptiste Arena, président – Nebbiu Conca d’Oru.
Paul Bianchi, premier vice-président - Grand Aiacciu.
Felicia Albertini, seconde vice-présidente – Casinca.
Romain Rubini, troisième vice-président – Cinarca.
Ghjuvanni Matteu Susini, quatrième vice-président – Capi Corsu.
Ange Maestrini, cinquième vice-président - Antisanti-Aleria.
Noëllie Andreucci – secrétaire - Taravu.
Noël Liccia – Balagne.
Lucien Curallacci – Valincu et Figaresu.
Jean-Charles Gazano - Grand Portivechju.
Laurent Venturini – Fiumorbu.
Raphaël Maestracci - Centre Corse, Niolu, Boziu et Cortenais.
Paul Bianchi, premier vice-président - Grand Aiacciu.
Felicia Albertini, seconde vice-présidente – Casinca.
Romain Rubini, troisième vice-président – Cinarca.
Ghjuvanni Matteu Susini, quatrième vice-président – Capi Corsu.
Ange Maestrini, cinquième vice-président - Antisanti-Aleria.
Noëllie Andreucci – secrétaire - Taravu.
Noël Liccia – Balagne.
Lucien Curallacci – Valincu et Figaresu.
Jean-Charles Gazano - Grand Portivechju.
Laurent Venturini – Fiumorbu.
Raphaël Maestracci - Centre Corse, Niolu, Boziu et Cortenais.