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Jean-Baptiste Luccioni et Vanina Pieri : Deux ans et demi de travail avant l’avènement de la collectivité unique


le Mercredi 18 Mars 2015 à 22:24

Artisans de la collectivité unique, le conseiller territorial et la conseillère exécutive de l’Assemblée de Corse sont en lice pour les élections départementales dans le canton du Taravo-Ornano. Fruit du redécoupage territorial, ce nouveau canton compte désormais 34 communes allant de la mer à la montagne et ayant donc des besoins très différents. Et c’est donc là toute la difficulté de cette campagne.
Face à ce binôme de gauche s’opposeront 3 autres équipes : le Front de Gauche représenté par Laurent Chiocca et Christiane Pasqua ; le duo de droite, porté par Valérie Bozzi et Marcel Francisci ; et enfin le binôme constitué par le nationaliste Paul-Jo Caitucoli et sa co-équipière Muriel Secondy



Jean-Baptiste Luccioni et Vanina Pieri : Deux ans et demi de travail avant l’avènement de la collectivité unique
- Quelles sont les raisons de votre candidature à ces élections ? 
 Jean-Baptiste Luccioni : Avec Vanina nous travaillons ensemble depuis maintenant de nombreuses années. On est sur les mêmes valeurs de la gauche progressiste.  Des valeurs qu’on défend à l’Assemblée de Corse depuis l’élection de 2010 pour moi, et depuis 2004 pour Vanina. Au vu de nos parcours communs en termes d’engagement politique, on a pensé qu’il était important que la sensibilité que nous représentions, que les valeurs que nous portons soient représentées dans le canton du Taravo-Ornano. Donc il était totalement naturel pour nous d’être associés à cette nouvelle élection.

Vanina Pieri : On est en politique un vieux couple, ça fait très longtemps qu’on se connaît et qu’on est habitué à travailler ensemble. C’est vrai que c’était une candidature naturelle. C’est une candidature aussi éminemment politique parce qu’on a des idées à faire valoir. On a une vision de ce que doit être demain, à la fois la gouvernance sur les différents échelons, et à la fois la manière dont doit s’articuler la collectivité unique, qui fait qu’il fallait porter cette voix au niveau de l’élection départementale nouvelle génération, ce qui est un petit peu compliqué puisque le calendrier est court. Donc c’est un vrai défi démocratique. Il faut convaincre. Il faut aussi faire en sorte que les gens se mobilisent. C’est une campagne qui est passionnante, qui nous permet aussi de nous rendre compte de la pédagogie qui est nécessaire à faire. Et puis c’est vrai que pour moi, être candidate à cette départementale, alors que la parité s’installe enfin à cet échelon là, c’est aussi un signal fort et c’est un signal que je voudrais délivrer à toutes les femmes qui veulent s’engager : il faut absolument qu’elles le fassent parce que, certes, ce n’est pas toujours facile de s’engager, mais c’est un véritable défi citoyen et il faut le relever.
 
 
- Le choix de vos binômes s’est donc effectué naturellement ?
V.P. : Oui complètement puisque l’on se connaît depuis fort longtemps. Et puis on travaille ensemble, on partage les mêmes valeurs, on a la même vision de ce que doit être la Corse de demain. Et puis on sait tous les deux que le mille-feuilles administratif a vécu, et qu’il faut aujourd’hui changer les pratiques pour changer les institutions. On a été les fers de lance de cette collectivité unique voulue par la majorité régionale. Donc, en ce sens là,  notre candidature est éminemment naturelle, mais elle est aussi motivée par cette envie de faire comprendre qu’aujourd’hui on est en train de passer d’une époque à une autre, et qu’il ne faudrait pas que les citoyens se sentent délaissés, ou en dehors de cette réforme, parce que cette réforme elle est pour eux, et c’est donc à eux aujourd’hui de faire entendre leur voix.
 
J.-B. L. : Il est éminemment naturel au niveau du binôme, mais aussi au niveau du choix de nos suppléants, car, bien entendu, on porte tous les quatre les mêmes valeurs. Ce canton élargi doit aujourd’hui avoir une vraie représentativité sur son territoire. Ce territoire, c’est une force ! Nous croyons vraiment à ce territoire. Et donc, il fallait avancer et produire quelque chose pour que les gens qui travaillent et qui y vivent soient représentés par des gens qui siègent et qui sont réellement présents dans les institutions pour lesquelles ils ont été élus. Notre engagement à tous les quatre est de représenter ce territoire de la meilleure façon possible. Et, bien entendu, notre candidature est totalement naturelle dans le sens où que si nous nous engageons, certes pour deux ans, nous savons dès aujourd’hui que dans cette transition que nous mettons en place, il y a des projets que nous devons porter surtout pour qu’ils soient repris dans la collectivité unique. Ce mille-feuilles administratif, qui fait que pour 300 000 habitants nous avons 3 assemblées délibérantes n’a plus de raison d’être. On pense que la démocratie sera gagnante à travers la création à court terme de la collectivité unique. Pour autant, on ne pense pas que le mandat de conseiller départemental soit un mandat subalterne.
 
- Justement, vous parlez de la suppression des conseils départementaux et de l’avènement de la collectivité unique : Comment faire campagne pour une institution amenée à disparaître d’ici peu de temps ?
J.-B.L. : On fait campagne pour une collectivité qui a encore aujourd’hui des compétences importantes qui vont être activées pendant les deux ans et demi qui viennent. Et c’est aussi parce qu’on souhaite affirmer haut et fort que ce qui a été fait, depuis des années maintenant, à travers le travail du conseil général, à travers toutes ces compétences qui sont mises en place, doit être pérennisé, doit avancer. Pour autant, nous pensons qu’on peut l’améliorer au niveau de la simplification des procédures ou en terme de lisibilité démocratique. Aujourd’hui le conseil général de la Corse du Sud fonctionne, mais sans lisibilité démocratique.
 
V.P. : Aujourd’hui nous avons deux ans et demi de travail. On fait valoir cette expérience des artisans de la collectivité unique. Mais il faut aussi expliquer aux gens que ce n’est pas parce que l’échelon du conseil général disparaît que l’échelon de proximité, notamment en matière d’un certain nombre de politiques surtout sociales, va disparaître. On sait qu’il faut aussi s’appuyer sur toutes les équipes du conseil général pour territorialiser l’action de la future collectivité unique et réconcilier l’habitant avec ces politiques de proximité qui lui sont essentiellement dédiées. Donc on fait campagne aussi en expliquant que ce n’est pas parce qu’il ne restera qu’un échelon administratif que les gens vont y perdre, bien au contraire : on va gagner en proximité, en efficacité, et surtout on va gagner en présence sur le terrain parce que la démocratie de la collectivité unique va faire en sorte que les territoires soient représentés à leur juste valeur, mais avec une simplification administrative et des projets qui iront plus vite.
 
 
- Quel est pour vous l’enjeu de ces élections ?
 V.P. : Le premier enjeu de cette élection est d’abord démocratique : il faut que les gens se mobilisent et fassent entendre leur voix. Le deuxième enjeu est l’enjeu de la pédagogie : il faut leur expliquer ce qu’est la collectivité unique. Rien ne serait plus catastrophique qu’un changement aussi profond, aussi historique et des habitants qui restent en dehors de cette dynamique. Donc aujourd’hui il y a cet enjeu d’expliquer, de faire comprendre, mais aussi de lever aussi les peurs. Notre travail c’est aussi de leur expliquer tout cela pour qu’on soit à la hauteur de l’enjeu. Et puis il y a aussi un enjeu d’efficacité : on doit remettre la politique au sens noble du terme au cœur de l’action, en développant des politiques de projets, des politiques qui soient au service des habitants, et surtout des politiques qui soient équitables sur tout le territoire. Cela veut dire que l’on soit un habitant du rural le plus profond, ou un habitant de l’urbain on doit être traité de la même manière, les projets doivent avancer, les règlements d’aides doivent être transparents et on doit savoir à un moment donné qui décide, pourquoi on le décide et avec quels moyens financiers.
 
J.-B. L. : Il y a d’abord un enjeu de démocratie : il faut que les élus que nous sommes, soient légitimés par le peuple. On appelle donc le plus grand nombre de personnes à se mobiliser dès le premier tour pour montrer qu’il y a vraiment une véritable démocratie qui fonctionne dans le canton du Taravo-Ornano.  Après il y aura des projets à court terme, moyen terme, et long terme à mener : En matière de santé, à travers les maisons pluri-disciplinaires de santé. Les autoroutes de la formation, qui doivent aussi être mises en place sur le canton. Un schéma mer et montagne. Une gestion des eaux, que ce soit la gestion de l’eau potable, mais aussi celle du Taravo, qui est certes l’un des fleurons de notre territoire, mais aussi l’une des rivières les plus polluées de Corse. Au niveau des services publics à apporter à la population. Au niveau de la péréquation financière. Ou encore de la zone franche rurale avec un vrai levier fiscal pour permettre justement ce rééquilibre. Ce sont là les projets que l’on souhaite mettre en place dès notre arrivée.
Les enjeux sont aussi d’arriver à fédérer le plus grand nombre. Fédérer bien entendu les 34 communes, car c’est la première fois qu’il y a des élections sur ce territoire nouveau. Mais aussi fédérer au delà de tout cela la totalité des personnes qui pensent que l’avenir de la Corse passe aussi au travers une réforme des institutions qui doit permettre de changer les pratiques politiques, et d’avoir une vraie politique de territorialisation, où les aides qui arrivent sur un territoire soient lisibles et explicables à tous.
 
- De quoi votre canton aura-t-il besoin en priorité ?
 JB : Le premier besoin immédiat sur lequel il faut qu’on réfléchisse collectivement au niveau du département, est le réseau routier, afin qu’il soit, en terme de stratégie et de développement, le meilleur possible. Le canton a aussi besoin que nous réfléchissions donc à la gestion du Taravo : il faut qu’on prenne en compte cette partie importante de notre territoire pour que les pollutions qui puissent y arriver soient gérées. Il va falloir que l’on impulse une politique publique au niveau des stations d’épuration qui doivent être créées, mais aussi une dépollution du à travers le Sdage.
 
V.P. : Le Taravo Ornano a besoin d’un souffle nouveau pour sortir de l’immobilisme. Pour cela, il a aussi besoin que l’on reconnaisse ses potentialités. Et c’est aussi tout l’enjeu de cette élection : être au plus près des habitants pour que pour certains, notamment ceux des hauts villages, n’aient plus l’impression d’être mis à l’écart du développement, et que le canton soit enfin reconnu dans toute sa diversité et dans toutes ses potentialités.
 
- Etes vous confiants à l’approche du premier tour ?
J.-B. L. : Bien sûr que nous sommes confiants. J’ai fait beaucoup de sport dans ma vie, et je ne suis jamais entré sur un terrain pour perdre. Aujourd’hui c’est l’occasion pour nous d’aller devant les électeurs, c’est un moment démocratique. On pense que la logique qui est en place à travers notre candidature, celle d’élus qui travaillent et qui sont à l’écoute de leurs administrés, des maires, mais aussi à l’écoute de ce territoire, et en même temps se replacent à l’intérieur d’une vision pragmatique de développement général, fait que notre candidature est totalement légitime.
 
V.P. : La première victoire est d’offrir une alternative, de permettre à la démocratie de s’exprimer dans sa diversité. Donc à mon sens la première victoire sera la mobilisation dès le premier tour. Bien entendu on est confiant, on sera là au deuxième tour. On fera valoir nos idées, nos différences, et ensuite la démocratie s’exprimera. Pour notre part, le fait déjà d’être présents, de faire campagne, de faire entendre une voix différente, une voix nouvelle, celle aussi de la collectivité unique, est déjà en soit une victoire.

Propos recueillis par Manon PERELLI