- Quels sont les axes stratégiques de ce nouveau plan Santé ?
- Nous allons essayer de mettre en place 4 grandes lignes. La première est de moderniser les établissements de santé. La seconde est d'essayer de répondre aux problèmes d'accès aux soins. La troisième est de prendre soin des personnes les plus fragiles, notamment les personnes âgées et handicapées. La quatrième est d'anticiper et prévenir.
- Les conseillers généraux, très inquiets de la couverture santé, ont qualifié ce plan de "minimaliste". Que leur répondez-vous ?
- Je le réfute. Ce plan n'est pas limité. Il suffit de regarder les moyens. La Corse n'a pas à rougir de ce qui existe. Elle doit plutôt faire confiance à son système de santé, à la fois par rapport au nombre d'établissements et de lits, au maillage des SAMU et des antennes SMUR et à la densité des professionnels de santé qui est la plus forte de France. Pour autant, elle est confrontée à des défis et des enjeux.
- Lesquels ?
- D’abord, la démographie médicale. Au vu de la pyramide des âges, il faut, dans les 5 années à venir, se mobiliser pour maintenir et attirer des professionnels de santé. Ensuite, se pose la question de leur répartition inéquitable sur le territoire. L'accès aux soins est vraiment une priorité. Au delà du plan proposé par l’ARS, il est l'affaire de tous : des services de l'Etat, des élus, des professionnels de santé, des associations et des usagers. Il faut se mettre, tous, autour de la table et utiliser ce qui existe déjà.
- C'est-à-dire ?
- Par exemple, avec les aides à l'installation et au maintien et les projets de maisons de santé pluriprofessionnelles, nous pourrons apporter des réponses dans le cadre actuel, qui repose sur la liberté d'installation des professionnels de santé. Certains élus commencent à travailler sur des projets territoriaux, notamment dans le Haut-Taravo, à Calenzana ou à Luri. Ces projets consistent à s'interroger, tous ensemble, sur le diagnostic, les moyens dont on dispose et ce que l'on peut apporter. Sont évoquées aussi des perspectives, comme la télé-santé ou la télé-assistance.
- Face à cette liberté d'installation des médecins, ne vous sentez-vous pas un peu démuni ou impuissant ?
- Cette liberté est un fait. Je n'ai pas à la commenter. Elle est maintenue et très attendue par les professionnels dont certains, isolés, travaillent dans des conditions très difficiles. Notre rôle est d'être à leurs côtés pour les écouter, les entendre et les accompagner au mieux dans le cadre actuel. Je ne vois pas cette liberté comme un frein, mais plutôt comme un enjeu, celui d'essayer d'apporter dans chaque territoire les réponses les plus adaptées possibles. Et, il y a des réussites.
- Lesquelles ?
- Depuis 2007, une action est menée par un médecin qui incite, en lien avec l'université de Corse et les deux autres universités de Marseille et de Nice, les internes à faire des stages en cabinets libéraux. Plus de 80 internes ont déjà bénéficié de ce dispositif qui permet d’attirer des jeunes. Il faut faire feu de tous bois, être inventif. Nous avons créé une instance régionale de pilotage et de coordination pour accueillir de nouveaux médecins et aider ceux qui veulent rester. La dynamique politique se fait au plus haut niveau pour trouver tous les moyens nécessaires.
- Etes-vous en train de dire que la situation s’améliore ?
- Au niveau des médecins, il y a autant de départs que d’arrivées. Les arrivants ont une moyenne d’âge plus élevée, autour de 50 ans, ce qui signifie que ce sont surtout des médecins expérimentés. Par contre, il y aura d’importants départs à la retraite dans les 5 ou 10 années à venir. C’est maintenant qu’il faut agir, à la fois en ville et dans les établissements de santé qui seront confrontés à un phénomène de renouvellement de génération de chefs de services et d’assistants. Nous prenons ce sujet à bras-le-corps.
- De quelle manière ?
- Le gouvernement a mis en place une série d’aides. Les aides sont nécessaires, mais pas toujours suffisantes. Les pratiques ont évolué. L’attente des professionnels de santé est différente. Les notions de qualité de vie, de travail regroupé, de logement, de l’emploi pour le conjoint, des routes, de l’accès à divers services… sont importantes. Si les élus, les professionnels de santé, les administrations et les usagers travaillent ensemble sur un territoire donné, ils vont apporter une réponse de plus pour attirer et maintenir des médecins sur ce territoire.
- Vous parlez des moyens. Quels sont les crédits alloués ?
- Chaque année, si on met bout à bout l'ensemble des crédits, 1 milliard est mobilisé pour la santé en Corse. La dotation a augmenté de 5 % entre 2010 et 2011. Le financement de la reconstruction de l'hôpital d'Ajaccio, à hauteur de 135 millions, a été annoncé. J'ai bon espoir pour le financement de l'hôpital de Bastia, dont le principe a été acté par la Ministre de la Santé. Il y a donc toute une série de moyens supplémentaires. Ce faisant, dans un contexte de maîtrise des dépenses, il est normal que les crédits alloués soient le plus efficacement utilisés.
- Ne craignez-vous pas justement que, dans le cadre des économies budgétaires annoncées, cette dotation soit diminuée ?
- Nous verrons. Pour l'instant, elle a toujours été en augmentation. La loi de Finance de la sécurité sociale a annoncé une augmentation de 2,5% sur les dépenses sanitaires et pas loin de 4% sur le médico-social. C'est bien la preuve qu'au niveau de la santé, les dépenses augmentent, mais elles sont contenues. Ce qui est normal. Nous ferons avec les moyens que nous aurons. L'important est d'avoir un cadre, un projet, une feuille de route. Car sans projet, il n'y a pas de moyens.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Nous allons essayer de mettre en place 4 grandes lignes. La première est de moderniser les établissements de santé. La seconde est d'essayer de répondre aux problèmes d'accès aux soins. La troisième est de prendre soin des personnes les plus fragiles, notamment les personnes âgées et handicapées. La quatrième est d'anticiper et prévenir.
- Les conseillers généraux, très inquiets de la couverture santé, ont qualifié ce plan de "minimaliste". Que leur répondez-vous ?
- Je le réfute. Ce plan n'est pas limité. Il suffit de regarder les moyens. La Corse n'a pas à rougir de ce qui existe. Elle doit plutôt faire confiance à son système de santé, à la fois par rapport au nombre d'établissements et de lits, au maillage des SAMU et des antennes SMUR et à la densité des professionnels de santé qui est la plus forte de France. Pour autant, elle est confrontée à des défis et des enjeux.
- Lesquels ?
- D’abord, la démographie médicale. Au vu de la pyramide des âges, il faut, dans les 5 années à venir, se mobiliser pour maintenir et attirer des professionnels de santé. Ensuite, se pose la question de leur répartition inéquitable sur le territoire. L'accès aux soins est vraiment une priorité. Au delà du plan proposé par l’ARS, il est l'affaire de tous : des services de l'Etat, des élus, des professionnels de santé, des associations et des usagers. Il faut se mettre, tous, autour de la table et utiliser ce qui existe déjà.
- C'est-à-dire ?
- Par exemple, avec les aides à l'installation et au maintien et les projets de maisons de santé pluriprofessionnelles, nous pourrons apporter des réponses dans le cadre actuel, qui repose sur la liberté d'installation des professionnels de santé. Certains élus commencent à travailler sur des projets territoriaux, notamment dans le Haut-Taravo, à Calenzana ou à Luri. Ces projets consistent à s'interroger, tous ensemble, sur le diagnostic, les moyens dont on dispose et ce que l'on peut apporter. Sont évoquées aussi des perspectives, comme la télé-santé ou la télé-assistance.
- Face à cette liberté d'installation des médecins, ne vous sentez-vous pas un peu démuni ou impuissant ?
- Cette liberté est un fait. Je n'ai pas à la commenter. Elle est maintenue et très attendue par les professionnels dont certains, isolés, travaillent dans des conditions très difficiles. Notre rôle est d'être à leurs côtés pour les écouter, les entendre et les accompagner au mieux dans le cadre actuel. Je ne vois pas cette liberté comme un frein, mais plutôt comme un enjeu, celui d'essayer d'apporter dans chaque territoire les réponses les plus adaptées possibles. Et, il y a des réussites.
- Lesquelles ?
- Depuis 2007, une action est menée par un médecin qui incite, en lien avec l'université de Corse et les deux autres universités de Marseille et de Nice, les internes à faire des stages en cabinets libéraux. Plus de 80 internes ont déjà bénéficié de ce dispositif qui permet d’attirer des jeunes. Il faut faire feu de tous bois, être inventif. Nous avons créé une instance régionale de pilotage et de coordination pour accueillir de nouveaux médecins et aider ceux qui veulent rester. La dynamique politique se fait au plus haut niveau pour trouver tous les moyens nécessaires.
- Etes-vous en train de dire que la situation s’améliore ?
- Au niveau des médecins, il y a autant de départs que d’arrivées. Les arrivants ont une moyenne d’âge plus élevée, autour de 50 ans, ce qui signifie que ce sont surtout des médecins expérimentés. Par contre, il y aura d’importants départs à la retraite dans les 5 ou 10 années à venir. C’est maintenant qu’il faut agir, à la fois en ville et dans les établissements de santé qui seront confrontés à un phénomène de renouvellement de génération de chefs de services et d’assistants. Nous prenons ce sujet à bras-le-corps.
- De quelle manière ?
- Le gouvernement a mis en place une série d’aides. Les aides sont nécessaires, mais pas toujours suffisantes. Les pratiques ont évolué. L’attente des professionnels de santé est différente. Les notions de qualité de vie, de travail regroupé, de logement, de l’emploi pour le conjoint, des routes, de l’accès à divers services… sont importantes. Si les élus, les professionnels de santé, les administrations et les usagers travaillent ensemble sur un territoire donné, ils vont apporter une réponse de plus pour attirer et maintenir des médecins sur ce territoire.
- Vous parlez des moyens. Quels sont les crédits alloués ?
- Chaque année, si on met bout à bout l'ensemble des crédits, 1 milliard est mobilisé pour la santé en Corse. La dotation a augmenté de 5 % entre 2010 et 2011. Le financement de la reconstruction de l'hôpital d'Ajaccio, à hauteur de 135 millions, a été annoncé. J'ai bon espoir pour le financement de l'hôpital de Bastia, dont le principe a été acté par la Ministre de la Santé. Il y a donc toute une série de moyens supplémentaires. Ce faisant, dans un contexte de maîtrise des dépenses, il est normal que les crédits alloués soient le plus efficacement utilisés.
- Ne craignez-vous pas justement que, dans le cadre des économies budgétaires annoncées, cette dotation soit diminuée ?
- Nous verrons. Pour l'instant, elle a toujours été en augmentation. La loi de Finance de la sécurité sociale a annoncé une augmentation de 2,5% sur les dépenses sanitaires et pas loin de 4% sur le médico-social. C'est bien la preuve qu'au niveau de la santé, les dépenses augmentent, mais elles sont contenues. Ce qui est normal. Nous ferons avec les moyens que nous aurons. L'important est d'avoir un cadre, un projet, une feuille de route. Car sans projet, il n'y a pas de moyens.
Propos recueillis par Nicole MARI