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Journal du confinement, jour 19 : enceintes et confinées, drôle de situation


La rédaction le Samedi 4 Avril 2020 à 22:24

Si certaines femmes enceintes sont contraintes de lever le pied durant leur grossesse, en période de confinement, c'est une action valable pour toutes. Avec cependant, une angoisse permanente due au risque épidémique. Quatre mamans - Maria-Serana, Mattea, Sabrina et Brigitte - témoignent.



C'est une période stressante que de vivre confinée chez soi lorsque l'on est enceinte en période de pandémie. 
"Il y a la peur du virus, de la contamination, celle des proches et de ce que cela peut engendrer. Un stress au quotidien pour des femmes qui sont censées l'éviter au maximum. 
Personnellement, ce n'est pas tant d'être enfermée chez soi qui peut être angoissant ou perturbant" témoigne  Maria-Serena
Soyons honnête, il y a tout de même pire comme situation. Télé, canapé, frigo plein et papier toilette aussi  : malgré la razzia compulsive de certains... tout le confort de nos maison en 2020 quoi. Et des journées rythmées par les plus grands enfants et leurs devoirs pour certains d'entre nous. 


On s'adapte et on fait avec ! Car en fin de compte, c'est la vie qui est en jeu ! 
Et puis comme le disent mes enfants de 8ans 1/2, "si on veut que ça se termine il faut respecter, c'est tout"! 
Non, en réalité pour moi, ce sont plusieurs choses qui sont stressantes. 
C'est notamment de devoir sortir de la maison pour faire des examens médicaux en lien avec la grossesse. Alors on fait attentions aux efforts quotidiens et on est, peut-être, plus qu'à l'accoutumé, attentive au moindre signe de notre corps. Le moindre tiraillement, la petite contraction de Braxton-Hicks met en alerte. Ce que je souhaite plus que tout c'est éviter le milieu médical et en réalité le monde en général. À dire vrai, j'évite même de faire les courses. C'est mon mari qui s'en charge. Oui, cela peu paraître légèrement agoraphobe ou hypocondriaque... Mais rendons nous a l'évidence, malgré les nombreux messages diffusés sur les risques encourus, de trop nombreuses personnes agissent de manière inconsciente voire même assassine. De ce fait, la plus grosse peur c'est tout simplement de contaminer mes enfants, le bébé à venir, être contaminée, hospitalisée, devoir les laisser ou que l'un d'entre eux soit hospitalisé, seul : c'est ça le pire !


Selon certaines études, le bébé ne peut être contaminé in utero, mais étant de 5 mois et demi, en cas d'insuffisance respiratoire on ne sait pas ce qui peut arriver... 
D'un autre côté, ne pas pouvoir faire des examens aussi facilement qu'en temps normal peu également effrayer. Et oui, vive la contradiction intérieure ! 
Puis je pense surtout aux mamans qui accouchent durant cette période.  
 
 
Moi qui ne suis pas de nature stressée en général, cette situation transforme l'état d'esprit. 
Être loin des siens entre aussi en ligne de compte.  Avec un mari sapeur-pompier professionnel, très mobilisé et impliqué dans son boulot et qui n'est plus rentré à la maison depuis le début du confinement par peur de contaminer les siens. Car le risque est bien plus grand dans ce milieu. Et c'est un stress énorme de le savoir si près du virus. Si pour des cas signalés Covid-19, les pompiers sont bien protégés, pour toutes les autres interventions de la vie courante, ce n'est pas la même tenue ! Il s'est donc volontairement, en dehors de ses gardes, s'est mis en quarantaine pour éviter toute éventuelle contamination.


Mêlée à cela, l'incompréhension totale face à la mauvaise gestion gouvernementale, ne serait-ce qu'au niveau du manque de tests pour tous ceux qui risquent leurs vies pour les autres. 
C'est aussi la peur pour mes parents qui sont chez eux et que l'on a évité un peu avant le début du confinement, afin de préserver leur santé. Il y a aussi le stress de chaque appel téléphonique où durant une fraction de seconde, la peur de la terrible annonce nous gagne ! Même si là aussi toutes les précautions sont respectées. 
En résumé c'est une inquiétude permanente pour tous ceux qui comptent. Le cercle familial, amis et même connaissances.Au final, la même inquiétude que tout le monde connaît, saupoudrée d'hormones.

"Le confinement en lui-même n’est pas difficile"

"On en profite pour préparer l’arrivée de bébé, à réfléchir à ce dont on a besoin, à faire de la place dans les placards. 
Mais on vit avec l’angoisse d’une incertitude quant à la sortie de cette crise. 
Je suis stressée lors des déplacements gynécologiques obligatoires ou en cas d’urgence gynécologique. Bien que toutes les mesures d’hygiène sont prises par les professionnels de santé, on a toujours peur de contracter le virus. Le manque de recul effraye car bien que les études montrent que contracter le virus enceinte n’est pas nuisible pour le fœtus mais à cinq mois de grossesse on garde toujours en tête qu’une fièvre de plusieurs jours peut provoquer un accouchement prématuré et à ce stade le bébé ne survivrait pas. Sans Parler du fait que si on atteint le stade de viabilité et qu’on risque d’accoucher, vu qu’il n’y a pas de maternité de niveau 3 en Corse, on n’a aucune certitude dans le contexte actuel qu’on nous évacuerait pas sur Marseille ou Nice comme c’est le cas habituellement" ajoute Mattea Letulzeau, qui sera maman pour la première fois au mois d'août. 

 
"Il est vrai que la grossesse et la naissance sont censés être des moments de joies et de partage, et à cause de ce virus tout est remis en question... Ajoute à son tour Sabrina Bianconi, qui sera maman pour la deuxième fois au moi de juin.  
"Déjà qu’à la base, une future maman reste quand même angoissée, mais là on passe au niveau supérieur : l’inconnu. 
Et c’est ça le pire. Personnellement il y a quelques jours, quand je suis allée à l’hôpital Saint-Joseph pour un rendez-vous classique de sage-femme., je crois que c’est là où j’ai réalisé l’ampleur de la situation. Car quand on voit le visage du personnel soignant hospitalier marqué par l’inquiétude, c’est à ce moment là que tout prend son sens. Si eux sont angoissés, inquiets, et dans l’ignorance... alors nous ? 
Et toujours les mêmes phrases de la part de l’hôpital, pharmacie, pédiatre...
" Dans votre état, soyez encore plus prudente que les autres, courage ". 
Alors oui on reste vigilantes, à l’écoute du moindre signe de son corps et de ceux qui vivent avec toi… On nettoie tout, les moindres coins et recoins, poignée de porte etc, à la javel. Mais se battre contre l’invisible, c’est dur… C’est stressant en étant également dans un état de fatigue déjà avancé".

Accoucher en période de confinement

En plus de vivre cette drôle de situation durant une période de la vie qui se voudrait normalement le plus joyeuse, arriver au terme de sa grossesse en plein confinement est encore plus difficile. Vivre cet instant seule pour la maman, et de loin pour le papa, n'est pas vraiment ce qui avait été imaginé durant les mois précédents.
 
"Tu te retrouves à l’hôpital pour un évènement heureux mais que tu ne pourras pas partager car les visites sont interdites. Et la tension qui règne autour du Centre-Hospitalier est assez angoissante.
Le retour à la maison est tout aussi stressant. Confinement oblige, les visites sont de nouveau interdites. De plus, le métier du papa ne lui permet pas de pouvoir s’approcher de sa fille, la situation devient frustrante pour tous. En fait tu te retrouves dans une période à la fois de joie et complètement stressante. Tu as peur de ce virus pour ton enfant, pour ton entourage que tu ne peux même pas voir et pour toi ! Tu te sens impuissante face à la situation et tu en veux au gouvernement d’être aussi laxiste! Donc on attend comme tout le monde en espérant que ça passe vite" témoigne à son tour Brigitte Agostini, maman depuis quelques jours.