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Journées du Couteau à Cutuli e Curtichjatu (6-7 août) : Démonstration des « savoir-faire » d’une filière


Jean-François Vinciguerra le Mercredi 3 Août 2016 à 16:35

Le métier de forgeron est sans doute l’un des plus anciens. C’est un savoir-faire qui remonte à la découverte du travail des métaux. Il doit néanmoins son apogée à la construction d'épées, d’armures et d'engins de guerre. Un travail difficile dont une démonstration sera fait ce samedi en fin d’après midi sur les hauteurs de la ville, à Cutuli e Curtichjatu, à l’occasion des journées du couteau organisées par la commune



Journées du Couteau à Cutuli e Curtichjatu (6-7 août) :  Démonstration des « savoir-faire » d’une filière
Attendez-vous à un spectacle haut en couleur, car c’est dans une chaleur intense, avec force, finesse et précision que l'homme modèle son œuvre. Au rythme de la musique de ses coups répétés autant qu’assourdissants, il chauffe, façonne, transforme, pile, coupe, travaille son angle d'approche, module sa pression et crée son œuvre en révélant toute la puissance à cette matière désormais soumise alors qu'au préalable elle paraissait immuable.
Le savoir-faire du forgeron est vaste et ses techniques très précises Il crée, improvise aussi car il est amené à réaliser des objets extrêmement divers, qu’il s’agisse de couteaux, fers à cheval, chaudrons et autres œuvres d’art dont il a le secret. Le couteau a fait partie des premiers outils fabriqués par l'homme. D'abord en pierre, puis en fer ou en acier, il a été indispensable à la survie de l'espèce et fait encore aujourd'hui partie des incontournables de notre quotidien.


Des hommes, un art, une filière…
Durant des lustres, l’artisanat coutelier insulaire fut l’un des plus performants du bassin méditerranéen. Le couteau corse à une âme qui a donné sa suprématie à notre artisanat vieux de deux millénaires. L’avènement d’une coutellerie artisanale le relégua à la portion congrue mais depuis près d’une cinquantaine d’années, un mouvement de fond s’est opéré et l’artisanat de qualité a aussitôt refait surface avec les techniques ancestrales de la production des métaux selon les règles de la coutellerie corse traditionnelle.  Ils sont une vingtaine aujourd’hui en Corse, tous des professionnels, qui ont décidé de se fédérer et de défendre leur rôle de défense et de promotion du couteau corse traditionnel. Comme les couteliers, il existe actuellement plus de 12 000 entreprises qui jouent un rôle prépondérant dans le développement économique et social. La qualité de leurs produits contribue au maintien d’une économie rurale et un rempart à la désertification de l’intérieur. 

Une action sur trois ans en marche

Journées du Couteau à Cutuli e Curtichjatu (6-7 août) :  Démonstration des « savoir-faire » d’une filière
Raison pour laquelle le syndicat régional des couteliers, dont le président est Jean-Dominique Susini, installé à Ville di Pietrabugno, a initié une démarche collective portée par la Chambre Régionale de Métiers et proposé aux services de la Collectivité Territoriale de Corse via l’ADEC, une action collective pluriannuelle visant à accompagner les efforts de restructuration de la filière et à valoriser les « savoir-faire » des couteliers. Cela dans le but bien précis de défendre les intérêts d’une profession, largement concurrencée par des productions d’importation. Comme l’explique Jean-Do Susini, il s’agit :
  • D’organiser et fédérer la profession et divers acteurs du secteur au travers d’une démarche de filière
  • De défendre le secteur de la coutellerie traditionnelle corse au travers d’une charte professionnelle avec un signe de qualité et sa déclinaison
  • De promouvoir le secteur de la coutellerie comme vecteur de développement économique et culturel afin de préserver son identité
  • D’aider à la modernisation des outils de production
  • De favoriser la transmission des « savoir-faire »
« Notre initiative vise à renforcer sa dynamique économique par le développement des entreprises existantes et à promouvoir une image d’authenticité et de qualité, visant à défendre les intérêts d’une profession comme chacun sait fortement concurrencée.  Il s’agit pour nous de fédérer les structures en place autour d’un projet basé sur une « charte de qualité »  véritable fondement d’une prochaine labellisation. Nous entamons une action qui se déroulera sur trois années et  se décline en plusieurs volet, à savoir :
  1. L’élaboration d’un cahier des charges afin d’aboutir à une charte de qualité propre aux couteliers
  2. Mettre en place un label « couteau corse » s’intégrant dans la marque territorialisée « Corsica Made »
  3. Elaborer une stratégie de communication
  4. Créer un site internet
  5. Participer à des foires et salons professionnels
  6. Soutenir à l’investissement et à la modernisation des équipements
  7. Mettre en place des formations de type compagnonnage
En conclusion, Jean-Do Susini a rappelé que « la charte de qualité et la grille d’évaluation sont d’ores et déjà réalisées et le plan de communication pratiquement finalisé. Il sera officialisé dès le mois de septembre avec une première réunion de la commission labellisation. »
La grande opération, qui est financée par la région à hauteur de 200 000 euros, s’inscrit dans le cadre de la feuille de route du développement économique de la CTC et traduit le choix de l’ADEC, représentée mercredi  à Cutuli è Curtichjatu, lors de la conférence de presse de présentation de la manifetstion, par Jean-Charles Vallée, d’organiser et de rationaliser le tissu économique local par la mise en œuvre de stratégies élaborées par une profession, un secteur d’activité, une filière.


Programme du week-end
Samedi 6 août 
Inauguration à 18 heures suivie d’une exposition-vente, d’une démonstration en nocturne de « savoir-faire » avec forge de lames, fonte de bronze, pressage et façonnage des cornes, travail du cuir
Dimanche 7 août
Exposition-vente de 10 à 18 heures
J.-F. V.